Le temps de l’indiscipline   
15/08/2007

L’indiscipline, lorsqu’elle provient d’une partie peut ĂŞtre jugulĂ©e par une autre partie pour peu que cette dernière rĂ©cuse l’affrontement. Seulement si les deux camps dĂ©cident d’en dĂ©coudre, il est probable que cela produisent des Ă©tincelles. Loin de nous toute idĂ©e ou attitude alarmiste, il n’empĂŞche que l’on ne peut se retenir de jeter un regard rĂ©probatif sur l’indiscipline de nos compatriotes. DĂ©jĂ  que dans les villes et plus spĂ©cialement Ă  Nouakchott, rares sont les citoyens qui s’embarrassent du minimum de civisme ou simplement de courtoisie pour se garder de commettre des faits justement inciviques.



Ainsi, l’automobiliste qui ne voit pas la silhouette du policier au coin du feu rouge, se fera un plaisir de griller le feu au risque de foncer sur un autre vĂ©hicule. Le mĂŞme conducteur a depuis belle lurette rĂ©glĂ© le casse-tĂŞte des embouteillages en se soustrayant de la file de vĂ©hicules au bon moment et en se fondant dans la melĂ©e des voitures prioritaires ou en quittant le macadam pour rouler sur le trottoir, et ceci, sous les yeux impuissants de l’agent de police. Et si dans tout cela, si un un autre automobiliste a l’outrecuidance de rappeller Ă  l’ordre le fautif, il se verra couvrir d’injures par ce dernier. L’indiscipline de nos concitoyens se mesure sur tous les fronts. C’est devenu comme une seconde nature chez nous autres mauritaniens Ă  telle enseigne que quiconque s’évertue de se plier aux rĂ©gles sociales se voit parfois traiter de zĂ©lĂ© ou de marginal. C’est pour cela que d’aucuns usent et abusent de cette quasi permissivitĂ©. Il y a quelques mois, prĂ©cisĂ©ment Ă  l’entame de la prise de pouvoir du gouvernement issu des Ă©lĂ©ctions dĂ©mocratiques que tout le monde connaĂ®t, nous Ă©voquions sur les colonnes de ce mĂŞme media la nĂ©cessitĂ© du peuple mauritanien d’accorder quelque temps Ă  nos nouveaux gouvernants. Le temps justement de prendre en charge et de rĂ©gler les inombrables dysfonctionnements que nous connaĂ®ssons et avec lesquels nous vivons depuis bien longtemps. Seulement, il faut bien admettre que l’indiscipline ouverte de chacun de nous ne peut et ne doit plus attendre. Il faut bien qu’on s’en occupe lĂ , tout de suite ! Il est nĂ©cessaire d’enseigner et de faire appliquer la bonne conduite Ă  tout un chacun et Ă  la clĂ©, une politique de sanction efficiente Ă  tout contrevenant Ă  la rĂ©glementation. Parmi les manifestations de cette pagaille et indiscipline instituĂ©es, le secteur du transport terrestre public constitue sans aucun doute la mare aux canards. A ce niveau, il faut noter l’installation d’un chaos total crĂ©e Ă  la suite de la dissolution de la dĂ©funte FĂ©dĂ©ration Nationale des Transporteurs. Depuis cette date, le transport inter-villes mais aussi entre les diffĂ©rentes wilayas du pays est tombĂ© entre des mains non expertes. En effet, que vous soyez Ă  Nouakchott ou dans toute autre localitĂ© du pays, si l’envie vous prend ou simplement le devoir vous commande de prendre la route pour une des destinations de notre immense territoire, vous vous verrez assailli par une meute de conducteurs de vĂ©hicules. A Nouakchott, ils sont postĂ©s autour de toutes les voies de sortie de la capitale et se disputent les passagers au beau milieu de la chaussĂ©e. Ce n’est qu’après avoir promis monts et merveilles aux voyageurs que ceux-ci se laissent sĂ©duire et acceptent de confier leurs bagages aux chauffeurs. Ces scènes quelques peu surrĂ©alistes se passent au grand jour et aucun agent de police ne lève le moindre petit doigt pour faire cesser ces maraudages. Parfois, la gare routière n’est qu’à quelques mètres ! Toujours est-il que les airs attentionnĂ©s et les sourires aimables des chauffeurs disparaĂ®ssent comme par enchantement dès que l’argent change de mains. A prĂ©sent, le vĂ©hicule roule sur le bitume et avale les kilomètres. Dès lors, il n’y a deux maĂ®tres des cĂ©ans : le conducteur de la voiture et l’agent de police ou le gendarme qui font la pluie et le beau temps sur les routes nationales. Finis les amabilitĂ©s et les civilitĂ©s. SerrĂ©s comme des sardines, les voyageurs n’ont plus aucun droit que celui de la fermer et d’attendre d’être dĂ©barquĂ©s. Ils doivent supporter sans broncher les Ă©carts de conduite, l’impolitesse avĂ©rĂ©e des chauffeurs. Ces derniers, depuis la fin de la FNT, n’ont plus de profil typique. On retrouve de plus en plus derrière le volant des jeunots au ton impertinent Ă  la place des vieux briscards qu’on connaissaĂ®t. Aussi, ils roulent Ă  de très grandes vitesses et vous donnent des sueurs froides sur la route gondolĂ©e sĂ©parant Nouakchott de Boutilimit lorsqu’ils doublent les autres voitures. Ils allument une cigarette au mieux des cas ou ils vous enfournent la pipe mauritanienne et vous enfĂ»ment proprement. LĂ  aussi, motus, car si vous rĂ©agissez, vous arriverrez Ă  destination sous un tapis de fumĂ©e. Pourquoi ce comportement? Allez savoir oĂą commence la discipline. De plus, il faut ajouter que l’attitude des agents de sĂ©curitĂ© que sont les policiers et et les gendarmes n’est parfois pas valorisante. En effet, il est incontestable qu’ils doivent faire leur boulot de contrĂ´le mais ce qui difficile de concevoir, c’est la prise en Ă´tage des passagers. Par la chaleur qu’il fait ces temps-ci, faire attendre des personnes entassĂ©es sous un soleil de plomb, pendant près d’une demie heure parcequ’un chauffeur refuse de dĂ©bourser 200 UM n’est pas une chose tolĂ©rable. Les chauffeurs ne sont certes pas toujours en règle, mais l’on doit comprendre que les gens qu’ils transportent ont des droits et ont dĂ©boursĂ© de l’argent pour prendre place dans la voiture. Parfois, il s’agit de personnes en âge très avancĂ© ou indigentes. C’est affligeant d’assister Ă  ces scènes. On ne peut pas continuer Ă  vivre Ă©trnellement sous le joug de personnes indĂ©licates qui piĂ©tinnent dĂ©libĂ©rement les bonnes manières et qui s’érigent en princes de l’asphalte. Que cela soit eux qui dĂ©cident de nos âmes dès que nous empruntons un taxi- brousse au point de se faire des cheveux blancs dès que la nĂ©cessitĂ© d’un voyage s’impose Ă  nous. Tout le monde n’a pas une voiture personnelle pour rallier Nouakchott Ă  Bassiknou ou Aleg Ă  Kiffa ! Voici venu le temps de dire Ă  nos gouvernants : Â« Semez un peu plus d’ordre et de discipline dans nos habitudes. Et ce Ă  tous les niveaux.»
Biri N’Diaye

 


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