L’indiscipline, lorsqu’elle provient d’une partie peut être jugulée par une autre partie pour peu que cette dernière récuse l’affrontement. Seulement si les deux camps décident d’en découdre, il est probable que cela produisent des étincelles. Loin de nous toute idée ou attitude alarmiste, il n’empêche que l’on ne peut se retenir de jeter un regard réprobatif sur l’indiscipline de nos compatriotes. Déjà que dans les villes et plus spécialement à Nouakchott, rares sont les citoyens qui s’embarrassent du minimum de civisme ou simplement de courtoisie pour se garder de commettre des faits justement inciviques.
Ainsi, l’automobiliste qui ne voit pas la silhouette du policier au coin du feu rouge, se fera un plaisir de griller le feu au risque de foncer sur un autre véhicule. Le même conducteur a depuis belle lurette réglé le casse-tête des embouteillages en se soustrayant de la file de véhicules au bon moment et en se fondant dans la melée des voitures prioritaires ou en quittant le macadam pour rouler sur le trottoir, et ceci, sous les yeux impuissants de l’agent de police. Et si dans tout cela, si un un autre automobiliste a l’outrecuidance de rappeller à l’ordre le fautif, il se verra couvrir d’injures par ce dernier. L’indiscipline de nos concitoyens se mesure sur tous les fronts. C’est devenu comme une seconde nature chez nous autres mauritaniens à telle enseigne que quiconque s’évertue de se plier aux régles sociales se voit parfois traiter de zélé ou de marginal. C’est pour cela que d’aucuns usent et abusent de cette quasi permissivité. Il y a quelques mois, précisément à l’entame de la prise de pouvoir du gouvernement issu des éléctions démocratiques que tout le monde connaît, nous évoquions sur les colonnes de ce même media la nécessité du peuple mauritanien d’accorder quelque temps à nos nouveaux gouvernants. Le temps justement de prendre en charge et de régler les inombrables dysfonctionnements que nous connaîssons et avec lesquels nous vivons depuis bien longtemps. Seulement, il faut bien admettre que l’indiscipline ouverte de chacun de nous ne peut et ne doit plus attendre. Il faut bien qu’on s’en occupe là , tout de suite ! Il est nécessaire d’enseigner et de faire appliquer la bonne conduite à tout un chacun et à la clé, une politique de sanction efficiente à tout contrevenant à la réglementation. Parmi les manifestations de cette pagaille et indiscipline instituées, le secteur du transport terrestre public constitue sans aucun doute la mare aux canards. A ce niveau, il faut noter l’installation d’un chaos total crée à la suite de la dissolution de la défunte Fédération Nationale des Transporteurs. Depuis cette date, le transport inter-villes mais aussi entre les différentes wilayas du pays est tombé entre des mains non expertes. En effet, que vous soyez à Nouakchott ou dans toute autre localité du pays, si l’envie vous prend ou simplement le devoir vous commande de prendre la route pour une des destinations de notre immense territoire, vous vous verrez assailli par une meute de conducteurs de véhicules. A Nouakchott, ils sont postés autour de toutes les voies de sortie de la capitale et se disputent les passagers au beau milieu de la chaussée. Ce n’est qu’après avoir promis monts et merveilles aux voyageurs que ceux-ci se laissent séduire et acceptent de confier leurs bagages aux chauffeurs. Ces scènes quelques peu surréalistes se passent au grand jour et aucun agent de police ne lève le moindre petit doigt pour faire cesser ces maraudages. Parfois, la gare routière n’est qu’à quelques mètres ! Toujours est-il que les airs attentionnés et les sourires aimables des chauffeurs disparaîssent comme par enchantement dès que l’argent change de mains. A présent, le véhicule roule sur le bitume et avale les kilomètres. Dès lors, il n’y a deux maîtres des céans : le conducteur de la voiture et l’agent de police ou le gendarme qui font la pluie et le beau temps sur les routes nationales. Finis les amabilités et les civilités. Serrés comme des sardines, les voyageurs n’ont plus aucun droit que celui de la fermer et d’attendre d’être débarqués. Ils doivent supporter sans broncher les écarts de conduite, l’impolitesse avérée des chauffeurs. Ces derniers, depuis la fin de la FNT, n’ont plus de profil typique. On retrouve de plus en plus derrière le volant des jeunots au ton impertinent à la place des vieux briscards qu’on connaissaît. Aussi, ils roulent à de très grandes vitesses et vous donnent des sueurs froides sur la route gondolée séparant Nouakchott de Boutilimit lorsqu’ils doublent les autres voitures. Ils allument une cigarette au mieux des cas ou ils vous enfournent la pipe mauritanienne et vous enfûment proprement. Là aussi, motus, car si vous réagissez, vous arriverrez à destination sous un tapis de fumée. Pourquoi ce comportement? Allez savoir où commence la discipline. De plus, il faut ajouter que l’attitude des agents de sécurité que sont les policiers et et les gendarmes n’est parfois pas valorisante. En effet, il est incontestable qu’ils doivent faire leur boulot de contrôle mais ce qui difficile de concevoir, c’est la prise en ôtage des passagers. Par la chaleur qu’il fait ces temps-ci, faire attendre des personnes entassées sous un soleil de plomb, pendant près d’une demie heure parcequ’un chauffeur refuse de débourser 200 UM n’est pas une chose tolérable. Les chauffeurs ne sont certes pas toujours en règle, mais l’on doit comprendre que les gens qu’ils transportent ont des droits et ont déboursé de l’argent pour prendre place dans la voiture. Parfois, il s’agit de personnes en âge très avancé ou indigentes. C’est affligeant d’assister à ces scènes. On ne peut pas continuer à vivre étrnellement sous le joug de personnes indélicates qui piétinnent délibérement les bonnes manières et qui s’érigent en princes de l’asphalte. Que cela soit eux qui décident de nos âmes dès que nous empruntons un taxi- brousse au point de se faire des cheveux blancs dès que la nécessité d’un voyage s’impose à nous. Tout le monde n’a pas une voiture personnelle pour rallier Nouakchott à Bassiknou ou Aleg à Kiffa ! Voici venu le temps de dire à nos gouvernants : « Semez un peu plus d’ordre et de discipline dans nos habitudes. Et ce à tous les niveaux.» Biri N’Diaye
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