La démocratie à géométrie variable   
17/10/2013

Eh bien oui. La démocratie est désormais à géométrie variable. Acceptez ou non, pour ou contre, c’est votre affaire. L’Occident, le monde civilisé, celui ’’seul’’ civilisé, a décidé ainsi. Pour toi, africain, pour moi arabe, musulman, pour toi asiatique et vous latinos américains.



Ce que nous prône cet Occident malade, obnubilé par son eurocentrisme primaire, empêtré dans sa recherche sans merci des intérêts économiques, et inlassablement pris dans sa course effrénée vers une suprématie hégémonique ; c’est bien ça : une démocratie qui doit varier selon la couleur et la saveur de ce que secrètent les urnes ! Une démocratie à la mesure du vouloir et du goût des Occidentaux. Ni plus, ni moins.

Une démocratie qui, à travers des élections, libres, transparentes, incontestables, ou grossièrement ’truquées’’, tronquées et dévoyées, peu importe ; doit toujours donner comme résultat l’arrivée d’un ’’type’’, d’une ’’sorte’’ de gouvernants ’’formatés’’, acceptables et acceptés par un monde qui se veut le seul ’’civilisé’’ ! Genre  El Sissi. El Assad. Zeine El Abidine. Moubarak. Abdalla de Jordanie, ou même les Al Nehyane, les Al Soubah, les Al Thany, bref tous les ’’Al’’, ces fils de je ne sais quoi, comme les Al Saoud.
 
Ces derniers, excusez du peu, n’ont même pas de Parlement, ni élections, ni finances modernes, ni séparation de pouvoirs, ni multipartisme, ni quoi que ce soit. Car démocratie, constitution, suffrage, élections, urnes, alternance au pouvoir, mandat, ils s’en moquent fichtrement bien.

Mais n’empêche, ces régimes du Golf, plus que bornés et valétudinaires, pourront continuer, au non de l’Islam, de priver la femme de conduire, de couper la main du plus pauvre maraudeur, suite au plus simple petit larcin et laisser gaspiller des millions de dollars par des émirs amoureux invétérés des tois ’’S’’. Sea, Sex, and Sun. Dans les casinos, en Afrique, en Europe, en Asie, et en Amérique latine leur réputation méphistophélique est connue.

Et en mode de gouvernement, ce sont des régimes qui continueront à faire l’exception, pourvu qu’ils continuent à alimenter les américains et les européens en pétrole. La seule valeur qui vaille, la seule chose qui compte, c’est le Dieu Pétrole. Il faut continuer toujours à avoir le pétrole du Golfe, à flot, et à bas prix. Il ne faut surtout pas toucher aux ’’intérêts’’ occidentaux dans les pays du Golfe.

Par contre, il faut continuer à étrangler l’Iran, exterminer le peuple Afghan, tuer sans merci les populations innocentes par drônes au Pakistan et au Yemen, massacrer les palestiniens, laisser s’entre-tuer les Syriens, kidnapper en Lybie, se foutre des conséquences désastreuses de l’intervention en Irak, et rester hideusement bouche cousue devant le putsch du Général  El Sissi en Egypte !

Car enfin, le massacre des frères musulmans, qui -Dieu seul sait n’ont jamais été violents ni extrémistes !-, est tout à fait normal. Pour mettre fin au règne fulgurant d’un président barbu, encombrant et pas comme les autres. Qu’importe le choix du peuple égyptien, exprimé lors des dernières élections présidentielles. Morsi ne devait pas rester Président de l’Egypte, et les frères musulmans, qui ont commencé à gouverner de manière tout à fait souveraine, donc inhabituelle pour les américains et leurs acolytes, ne doivent même pas avoir l’occasion  d’annoncer la couleur d’un régime islamiste dans la région. La question est trop sensible.

Ainsi ont décidé pour l’Egypte, les américains, les Saoudiens, les Emiratis, les Israéliens, les Koweitiens et les européens, par leur silence coupable. Et la voix du petit fellah dans une contrée éloignée au bord du Nil ? Qu’importe. Ce n’est pas pour les intérêts du citoyen égyptien lambda qu’un président doit gouverner au Caire. C’est pour préserver les intérêts Occidentaux, et Israéliens au premier chef, qu’il doit être élu. En attendant d’organiser une nouvelle mascarade d’élections, de manière à être sûr d’avoir un président ’’formaté’’, prêt à défendre, plus que Moubarak, les intérêts des libéraux corrompus, des Israéliens et des américains !

Cette hypocrisie occidentale, cette duplicité coupable, cette politique éternelle de deux poids deux mesures, cette passivité innommable face à ce qui se passe en Egypte, une spoliation pure et simple du choix souverain de tout un peuple, n’est certes pas de nature à encourager l’émergence de régimes démocratiques dans le monde arabe.
Donc, démocrates arabes, islamistes ou non, restez sur votre faim.
La démocratie, du moins celle valable aux yeux de l’Occident, varie au gré du choix des grandes puissances, des intérêts de celles-ci, et non en fonction du choix des peuples.

Mohamed Yeslem Yarba

                                                                                  Nouakchott le, 13/10/2013


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