Le test des enseignants, vu par nos correspondants régionaux    
23/07/2007

Depuis quelques semaines, le monde de l’éducation connaît un branle-bas sans précédent. La décision ministérielle de recenser et de faire passer un test à tous les enseignants à des niveaux différents ne fait pas l’unanimité. Nous faisons ici le point sur le derouleùment de ce test au niveau de deux régions : le Brakna et le Trarza avec nos correspondants, Biri N’diaye et Amadou Abdoul Ndiaye.



                        Kaedi : La valse des «guarrayés»

Depuis quelques semaines, le monde de l’éducation connaît un branle-bas sans précédant. La décision ministérielle de recenser et de faire passer un test à tous les enseignants à des niveaux différents ne fait pas l’unanimité. A Kaédi, les locaux des écoles 2 et 3 ont connu une effervescence rare les 19 et 20 juillet derniers. Venus d’on ne sait où, plusieurs "guarraye" ont passé une journée bien mouvementée.
La nouvelle avait circulé pendant plusieurs semaines : il y aurait un test a l’issue duquel, le Ministère de l’Education Nationale aura enfin une idée du nombre réel de son personnel. On a chuchoté et murmuré ça et là que c’en serait fini de la pléthore de fonctionnaires qui gravitent autour du ministère. Entre ceux qui sont effectivement utiles, disposant d’un point de chute dans les couloirs des Blocs manivelle et ceux qui professent dans les profondeurs du pays, il existe une race d’enseignants méconnus des services de l’Etat. Ça se sait depuis bien longtemps mais personne n’avait jamais pris des mesures radicales pour faire face à sur cette réalité et encore moins de décider de l’assainir. Toujours est-il que la mesure est entrée dans une phase effective il y’a deux semaine avec la diffusion d’ un communiqué du ministère demandant à tous les professeurs et instituteurs de se faire recenser dans les inspections départementales des wilayas et des moughataa d’où qu’ils se trouvent dans le pays. En cette période de vacances scolaires, l’on peut se poser des questions sur la portée de cette action quand on sait que bon nombre d’instits et de profs se sont fait la belle, certains, pour se la couler douce au milieu des leurs dans les profondeurs du pays et parfois dans des zones où n’arrivent pas les nouvelles de la capitale, d’autres ont tout simplement choisi de passer leurs temps libre sous d’autres cieux au-delà des frontières nationales. Pour les uns et les autres, il s’agissait de parer au plus pressé en ralliant la moughataa la plus proche afin de déposer au plus tard le 12/07/2007 un dossier composé d’une copie de la carte nationale d’identité ainsi que les diplômes universitaires de l’enseignant. A partir de là, le plus dur restait à venir pour certains. En effet, beaucoup d’enseignants n’avaient pas sous la main les diplômes demandés parce que laissés à Nouakchott ou sur le lieu d’affectation. Ce 19/07/2007, à l’école 3 de Kaedi, dès 7 heures 30, les professeurs désignés pour surveiller le test des instituteurs se sont présentés sur les lieux, le programme prévoyait trois épreuves : l’arabe,le français et une épreuve de mathématiques. A la fin, les instituteurs devaient remplir un formulaire. Seulement, des couacs ont été notés dans le déroulement des opérations. En fait, il s’est avéré que plusieurs épreuves contenaient des pages manquantes. Il a fallu que les organisateurs fassent plusieurs descentes en ville pour faire des photocopies. Sur un programme initial qui devait finir avant midi, les testés et leurs surveillants se sont vus quitter les locaux de l’école pour certains aux alentours de 19 heures. Tous n’ont eu pour repas qu’un simple sandwich et une petite bouteille de coca. La plupart des instituteurs viennent de localités de l’intérieur du pays et ont déboursé de l’argent pour leur transport en misant sur d’éventuels perdiems. Comme tout le monde le sait, le « garrayé Â» est le specimen le plus fatigué de la race des fonctionnaires. C’est pour cela que certains avaient des difficultés certaines à se payer une bouteille d’eau et à Kaedi il faisait une de ses chaleurs ! La journée du 20 a vu les professeurs se pointer dès sept heures par petits groupes vers les mêmes locaux. Pour ceux-là, il s’agissait de faire passer un test en langue arabe aux professeurs de philosophie et d’histoire et géographie et un autre en français aux spécialistes des matières scientifiques qui enseignaient en langue arabe et enfin, à leur faire remplir une fiche d’identification en conformité avec la réforme du système éducatif. Les profs de français seraient eux testés au cours de la prochaine année scolaire. Par qui? That is the question. A la lumière de cette évaluation grandeur nature, des constats et des interrogations s’imposent. Il est certes judicieux de se fixer sur des statistiques fiables sur la nature des professionnels du ministère de l’éducation nationale ; il est tout aussi nécessaire de mettre de l’ordre dans un milieu qui a connu ses dernières années des recrutements massifs et selon les cas, au rabais et qui ont promu des économistes et des biologistes au poste de professeur de français. L’on a vu des ouvriers et même des vendeurs de « bissap Â» devenir des instituteurs. L’on a également constaté que des maîtrisards en lettres professeurs du premier cycle servaient Ã  côté de collègues du second cycle dont la spécialité d’origine est très loin de Flaubert ou de Balzac. Tout cela sur la simple base que la politique étatique de l’époque qui encourageait le recrutement de profs du premier cycle, jugé beaucoup moins onéreux pour les caisses de l’Etat. Toutefois, il est difficile de comprendre que l’on n’ait pas attendu les ouvertures des classes pour permettre de mettre la main sur tous les enseignants à leur poste d’affectation. Cela aurait évité à certains de faire de longs kilomètres d’autant que de l’avis général, le temps imparti pour le dépôt des dossiers a été très court. Par ailleurs, l’on peut comprendre que des nouveaux dans le métier soient susceptibles d’être recensés et testés, mais comment expliquer que de vieux, briscards qui, pour certains, sont à trois ou quatre ans de la retraite se retrouvent parfois dans la même salle que de jeunes collègues qu’ils ont enseigné une vingtaine d’années plutôt soient obligés de se soumettre à ce test? Il y a de quoi faire traîner les pieds ou tout simplement bouder l’opération. En tout cas, durant ces deux journées de test, on peut difficilement dire que la bonne humeur régnait aux écoles 2 et 3 de Kaédi. On ne sait pas exactement quels sont les véritables mobiles de cette évaluation. Tout de même, une chose est certaine, c’est que l’éducation nationale selon la formule désormais célèbre de Claude Allègre, ancien ministre français de l’éducation nationale reste le mamouth du gouvernement qu’il faut dégraisser et cela à n’importe quel prix. Tant pis, s’il y en a qui font la gueule !
Biri Ndiaye 
CP/Kaedi


               Rosso: Test d’évaluation, résultats biaisés Ã  l’avance
Le test d’évaluation et de recensement du personnel enseignant du fondamental s’est déroulé Ã  Rosso le 19/07/07.
Reparti en deux groupes les arabophones d’un coté et les francophones de l’autre . les premiers au nombre de 378 étaient dans les locaux des Ã©coles Â«Mairie», tandis que les seconds au nombre de 245 étaient aux école Rosso1 et Rosso 2.
Prévu à 8h la première Ã©preuve n’ a pu démarrer qu’à 9h passée et ceci pour des raisons liées Ã  l’organisation car le nombre de copies disponibles étaient inférieur au nombre des candidats. Mais le plus troublant c’est la légèreté dans laquelle s’est déroulée le test. Dans les salles c’était un laisser aller on dirait que l’on s’était retrouvé pour une partie de carte ou toute autre distraction. Parler de surveillance serait une insulte au bon sens : ceux qui n’arrivaient pas Ã  s’en sortir trichaient ouvertement sans gênes et quand on leur reprochait cette attitude ils vous rétorquaient que tout ceci Ã©tait du cinéma et qu’il n’est nullement besoin d’y mettre du sérieux. Ainsi pour un test d’évaluation, c’est raté car beaucoup n’ont eu qu’a recopier ce qu’ont fait leur camarade. Le laxisme dans l’élaboration et le déroulement du test font que les résultats sont biaisés d’avance.
Interrogé sur l’opportunité du test beaucoup d’enseignants jugent qu’il est inutile car le sérieux et la rigueur ne sont pas de mise. En outre, certains n’ont pas manqué de faire le rapprochement avec un précédent test qui a permis Ã  certains enseignants de suivre une formation linguistique avec au bout une pécule très importante ; c’est pourquoi certains ont laissé entendre qu’ils ne vont pas bien travailler pour bénéficier d’une formation continue et surtout de la pécule (treyniche).
En tout Ã©tat de cause si le but de ce test était de mettre Ã  nu les limites de certains enseignants, en attendant les résultats c’est l’administration qui a montré ses limites .

AMADOU ABDOUL NDIAYE
CP/ROSSO


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