Six nouveaux ministres font leur entrée au Gouvernement, 4 changent de portefeuilles et 6 quittent l’équipe du Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf avec le remaniement rendu publique la soirée du 17 septembre. C’est le quatrième de l’année, après ceux de Février, Avril et Mai.
D’une certaine ampleur il affecte 12 départements ministériels et déborde même au cabinet du président de la République dont le directeur (en fait un super ministre ou une primature-bis) a été chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique . Le mouvement touche également la forme de quelques départements ministériels notamment l’éducation nationale qui cesse d’être un ministère d’Etat ainsi que les deux ministères délégués qui lui étaient rattachés et qui deviennent des ministères à part entière comme cela a été le cas pour les ministères de la formation professionnelle et celui de l’environnement qui s’occupera, en plus, du développement durable. Premier signe envoyé par ce chambardement : les ministres partent mais le chef du gouvernement reste. Coudées franches donc et renouvellement de la confiance au Premier ministre Ould Mohamed Leghdaf qui est descendu courageusement en début de journée du 17 septembre sur le terrain au milieu des populations sinistrées par les eaux des pluies dans plusieurs quartiers de Nouakchott. La philosophie du remaniement tient semble-t-il, de la recherche de l’excellence avec l’arrivée d’un diplomate de carrière aux affaires étrangères (Teguedi), d’un administrateur consensuel (Ould Mohamed Rare) au ministre de l’intérieur et d’un technocrate de qualité (Sidi Ould Zein) à la justice. Cette recherche de l’excellence explique le limogeage d’une brochette de ministres réputés pour leur immobilisme et incompétence doublées de troubles mentaux, pour deux, parmi eux. Enfin, le remaniement ne peut pas être dissocié du contexte avec un probable nouveau report des élections prévues en novembre, une session ordinaire du parlement début novembre, une ébauche de dialogue entre le pouvoir et la coordination de l’opposition démocratique (COD) et évidement la préparation des futures consultations électorales: Voici quelques repères sur les ministres partants, mutés et entrants au Gouvernement.
Ils sont partis !
Mohamed Ould Boilil Administrateur de formation ayant été plusieurs fois gouverneur de régions, élu député en 2006 sous la bannière du RFD puis ministre de l’intérieur de puis 2009 et retenu malgré son départ à la retraite fin 2012, Ould Boilil quitte le gouvernement pour se présenter dit-on aux élections législatives soit sur la liste nationale UPR ou chez lui à Keur Macène. Le renouvellement de la classe politique, ce n’est donc pas pour demain.
Abidine Ould Kheir Avocat à la cour M. Ould Kheir a été nommé ministre de la justice en 2009. Il s’est rendu célèbre par ses conflits avec les magistrats et les avocats. Récemment des journaux ont rapporté qu’il aurait fait l’apologie du tribalisme et de l’esclavage. Les organisations anti esclavagistes n’en ont pas fait cas. Par solidarité épidermique? Mais sa disgrâce pourrait être éphémère et il pourrait bien se retrouver à la tête de l’agence Tadamoune. nous a-t-on dit, de source se voulant crédible.
Taleb Ould Abdi vall Brillant géologue, d’une parfaite éducation cet originaire de Ain Farba (Hodh El Gharbi) a eu son mot à dire dans les grands projets miniers et énergétiques lancés ces dernières années. Il est en réserve de la République ! Mohamed Lemine Ould Aboye Ministre depuis le 6 août 2008 il a bénéficié d’une longévité qui fait des jaloux et qu’il aurait dû mettre à profit pour la mise en place d’un système d’assainissement à Nouakchott, surtout qu’il a signé une chinoiserie en 2009 dans ce sens, restée encre sur papier . Le voila emporté par les mares nauséabondes de Nouakchott. Il fallait bien que quelqu’un paie ! La situation au niveau de l’hydraulique est meilleure même s’il y a eu du boucan à Magtalahjar, rien de fameux pour l’Aftout chergui, le lancement de Dhar avec un grand retard, et du bidon concernant le volet navigation de l’OMVS. Ould Aboye ne peut être responsable de tout, et reste malgré cela un très bon cadre.
Ahmed Ould Bahiya L’unique ministère d’Etat que M. Ould Bahiya dirigeait a été supprimé pour devenir ministère de l’enseignement supérieur, les deux ministères (fondamental et secondaire) qui lui étaient rattachés ont retrouvé leur «liberté». Il y a donc eu un changement d’homme et de politique. Ce qui veut dire que l’on est pas content de résultats des deux. Dommage, car Ould Bahiya avait de bonnes prédispositions et une certaine notion de l’Etat. Il faut donc s’attendre à son come back.
Aghdavna Ould Eyih Le limogeage de ce ministre peut passer inaperçu car malgré sa longévité au gouvernement il est le ministre le moins connu des gouvernements qui se sont succédés en Mauritanie depuis 1960. Très effacé, il n’a imprimé aucune marque. Ce qui est curieux pour un aristocrate, non marabout.
Ils ont changé de ministères
Hamadi Ould Hamadi Ministre de la défense puis des affaires étrangères depuis 2011 Hamadi Ould Hamadi est nommé ministre des Pèches. Un département qu’il connait du temps où il travaillait à la Fédération nationale des pêches. Une sorte de dégringolade car après les généraux et les diplomates il va se retrouver en face des mareyeurs et consignataires.
Mohamed Ould Khouna Ancien cadre de la SNIM ce ministre grimpe en quittant le ministère chargé de la formation professionnelle pour le super ministère du pétrole, des mines et de l’énergie .Il est vrai qu’il s’agit d’un ministre qui ne se complait pas dans l’immobilisme et qui a un bilan avec les centres de formation professionnelle.
Ba Ousmane Longtemps secrétaire général du Gouvernement Ba Ousmane un fils du Karakoro va retrouver le terrain, les problèmes des élèves, des enseignants des salles de classes avec le ministère de l’enseignement fondamental. Comme au bon vieux temps du programme Assaba et du Pask.
Dia Moktar Malal Nommé ministre délégué chargé de l’enseignement fondamental le 2 mai dernier le voici secrétaire général du Gouvernement M.Dia un ancien de notre ambassade à Tel Aviv a dû impressionner.
Ils sont entrés au gouvernement
Sidi Ould Zein Economiste, cadre de la BCM, président du comité de transparence dans les industries extractives, M. Sidi Ould Zein qui porte en outre, un très grand nom symbolique au Tagant, fait son entrée au gouvernement comme ministre de la justice. Il est attendu sur deux chantiers : la restauration de la confiance avec les acteurs de la justice et l’amélioration de son image fortement écornée ces derniers temps.
Mohamed Ould Mohamed rare Administrateur civil ayant été gouverneur dans plusieurs régions Ould Mohamed rare prend du grade avec sa nomination Ministre de l’intérieur et de la décentralisation. On ne sait pas ce qui le prédispose pour un département si important , même s’il est réputé être un homme ouvert, poli et consensuel. Des qualités indispensables pour un ministre de l’intérieur, en période préélectorale. Ahmed Ould Teguedi Enfin, un diplomate aux affaires étrangères un département livré ces cinq dernières années à des universitaires, des chefs de partis et des fonctionnaires. Teguedi ancien ambassadeur à Tel Aviv et aux Nations Unies saura-t-il relancer une diplomatie grippée ces derniers mois avec des voisins et avec l’outre-Atlantique depuis la rupture des relations diplomatiques avec Israël en 2009?
Ahmed Salem Ould Bechir Cet ingénieur Directeur général de la Somelec laquelle a connu avec lui, une nette amélioration est promu ministre de l’hydraulique et de l’Assainissement. Une promotion amplement méritée. Espérons que la très sensible direction générale de la Somelec sera laissée entre de bonnes mains. Et pourquoi pas le directeur général adjoint Ahmed Salem Ould Ahmed?
Isselkou Ould Ahmed Izidbih Affable et discret, ancien recteur de l’Université de Nouakchott puis directeur de cabinet du président de la République, il est nommé ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique .Certains y voient une disgrâce, d’autres pensent au contraire qu’il s’agit d’une mission. Comme celle de Dr Louleid à l’éducation, justement, en 1995.
Fatima Habib Gynécologue de formation Mme Fatima Habib a été directrice adjointe de l’hôpital de la mère et l’enfant à Nouakchott et celui l’hôpital de Rosso. Elle est nommée ministre de la formation professionnelle et des Technologies de la Communication. Il faut bien penser au Genre et à autre chose, dans tout remaniement en Mauritanie.
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