Reportage : L’ambiance et le parfum des soughs de Nouakchott   
19/07/2007

Visiter Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie, passe inéluctablement par les soughs, ces grands bazars à ciel ouvert, ou l’on y trouve toutes sortes de marchandises. Un détour par les trois principaux souks de Nouakchott, "El-marsa", "Cinquième" et "Socim", plonge aussitôt le visiteur dans une ambiance particulière qui dégage une forte charge historique et culturelle, renvoyant à une époque lointaine, semblable à celle décrite par les anciens chroniqueurs.



"El-marsa", de loin le plus important Sough de la capitale mauritanienne, est devenu, au fil du temps, et au gré des mutations socio-économiques qu’a connues le pays, une véritable "ville dans la ville". Situé au coeur de Nouakchott, à la jonction des principaux carrefours du centre ville, Sough "El-marsa" a été érigé, depuis sa création dans les années soixante, en place financière ou s’ effectuent toutes sortes de transactions commerciales. Le sough dispose, d ailleurs, de sa propre "bourse", composée d une multitude de bureaux de change, employant une armée d’agents et de rabatteurs, sur lesquels repose tout ce système.
Son fonctionnement n’est guère différent de celui en vigueur dans les grandes places boursières à travers le monde. Il est géré, à ce titre, suivant des règles et un code de conduite, tacite, mais stricte, respectées unanimement par l ensemble de la communauté qui le compose.
D’importantes sommes d argent, en devises fortes notamment, sont échangées quotidiennement à l intérieur de cette bourse. Cette masse monétaire sert, en partie, à alimenter les nombreux circuits d’importation qui assurent le gros de l’approvisionnement du pays en produits de large consommation et en biens d équipement.
Les dizaines de grossistes et distributeurs exclusifs de marques étrangères qui élisent domicile à l’intérieur du souk et à sa périphérie immédiate, proposent aux commerçants venus des quatre coins de la Mauritanie, un éventail de produits de consommation, importés essentiellement de Chine.
Quelques produits, au demeurant très rares, ont pu résister à cette "invasion", le cas notamment des habits traditionnels, en l’ occurrence la "Deraa", longue gandoura locale pour homme, ou la "Melahefa", voile portée par l ensemble des femmes mauritaniennes, dont la confection demeure une "chasse gardée" des artisans couturiers locaux. A ce propos, une image saisissante attire le visiteur, dès l’entrée du Sough.
Alignées, de part et d’autres des allées du marché, des dizaines de couturières, penchées, du matin jusqu au soir, sur leurs vieilles machines à coudre, confectionnent, dans un rythme effréné, mais dans une ambiance bon enfant, "Deraa" après l’ autre, livrées, aussitôt, aux "patrons, qui tiennent boutiques non loin de ces ateliers à ciel ouvert". Un autre créneau, très en vogue à "El-marsa", les ateliers de confection de rideaux et stores pour la décoration des maisons, est "paradoxalement", le domaine "exclusif" des hommes.
Des artisans couturiers, des mauritaniens de souche africaine et des sénégalais, sont employés par des émigrants moyen-orientaux installés à Nouakchott depuis plusieurs années. Payés à la pièce, ces artisans, formés sur le tas, travaillent souvent à la main et dans des conditions très éprouvantes. Ce métier nécessite énormément d’ attention, de précision, mais aussi, beaucoup de patience et de résistance, eu égard au volume de travail réalisé chaque jour.
A la différence du marché "El-marsa", le deuxième sough de la capitale mauritanienne, baptisé "cinquième", à un statut de marché populaire, contrôlé par les vendeurs occasionnels, issus des pays voisins comme le Mali et le Sénégal, et par des artisans tapissiers originaire de Nouakchott et de ses environs.
Fréquenté essentiellement par une population aux ressources très limitées, ce sough s’est spécialisé dans la friperie, la tapisserie et le tissu "bas de gamme". Des échoppes d’épices et de produits artisanaux, gérées par des femmes, occupent une partie de ce marché donnant l’impression au visiteur d être au milieu d un gigantesque marché "aux puces". "Socim", par abréviation "Société de Commerce Internationale de Mauritanie", est au coeur du système de distribution local. Versé dans l’importation et la commercialisation des produits de large consommation, ce marché, ouvert uniquement aux grossistes et aux commerçants, assure, à lui seul, une grande partie des besoins de la population en produits frais ou conditionnés, en provenance principalement des pays limitrophes, notamment le Sénégal, le Mali et le Maroc. Cependant, ces trois soughs ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui, sans ces fameux serveurs de thé, déambulant à longueur de journée au milieu de la foule, et aussi sans l’odeur qui s échappe des nombreux mets et spécialités culinaires locales préparés et servis sur place. (APS)


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