Interview avec Tiyeb Ould Saleck: «Ceux qui pratiquent le terrorisme, sont connus. Ils sont surarmés et se drapent de la légalité internationale»   
03/07/2007

Détenu depuis le 28 mai 2006, accusé de port d’armes contre la Mauritanie (à Lemgheiti) et de participation à un regroupement crée pour mener des opérations terroristes, Tiyeb Ould Saleck a fermement rejeté ces accusations précisant que la police l’a arrêté, lui et ses amis, pour un objectif préétabli : les torturer pour leur faire avouer d’avoir participé à l’opération de Lemgheiti. Jugé par la cour criminelle de Nouakchott depuis le 25 juin, Tiyeb Ould Saleck ne reconnaît pas non plus le nom de guerre «Souheib» que la police lui attribue. Ce sont les «Moukhabaratt» qui m’ont collé ce pseudonyme, affirme-t-il à «Tahalil Hebdo» dans sa première interview accordée à un journal.



Tahalil Hebdo : Quand avez-vous été arrêté?

Tiyed Ould Saleck : Bismillahi Rahmani Rahim. Salut et Paix sur le Prophète Mohamed. Gloire à Allah. Je vous remercie de m’offrir l’occasion de parler pour contribuer à la manifestation de la vérité et pour défendre les opprimés. Pour répondre à votre question, je vous dis que j’ai été arrêté le 28 mai 2006 à Nouakchott.

T.H. : Est-il vrai que vous avez été torturé et par qui l’avez-vous été?

T.O.S. : Permettez-moi de faire une remarque. J’ai lu à propos de la torture à Guantanamo et Abu Ghraib, je n’imaginais pas que les tortures qui y sont pratiquées pouvaient être surpassées quand j’ai été l’hôte des abattoirs humains de la direction de la Sûreté à Nouakchott, où j’ai vécu les jours les plus terribles de ma vie. J’ai été mis au jaguar, on me frappait sur les extrémités du corps, en plus de l’électrocution, de la privation des toilettes et de la nourriture à tel point que je suis devenu malade et incapable de prier debout.
Vous pouvez tout imaginer, vous n’arriverez pas à vous faire une idée de ce qui m’est arrivé.
Je tiens également à dire que des éléments des services secrets marocains ont participé à notre interrogatoire et aux tortures qui nous ont été infligées. Ils nous ont fait oublier ce que nous avons enduré sur les mains des Mauritaniens. Sans compter l’humiliation personnelle qu’ils (les marocains) nous infligeaient en se moquant de nous et de notre pays, ils proféraient des mots irrévérencieux à l’endroit d’Allah, (Gloire à Lui) et de son Prophète (PSL) dans une tentative d’approfondir notre souffrance sachant que les Mauritaniens ne peuvent pas supporter cela. Et après, ils nous ont dit d’avouer ce qu’ils veulent, sinon, nous serons transférés au Maroc et là-bas, nous nous rendons compte que nous étions dans le paradis en Mauritanie. Allah est témoin de ce que nous disons !

T.H. : Qui vous a collé le pseudonyme : «Souheib» ?

T.O.S. : Ce sont les Moukhabaratt qui m’ont collé ce pseudonyme. Je ne me suis jamais appelé ainsi.

T.H. : Avez-vous effectivement participé à l’attaque de Lemgheiti en juin 2005 ?

T.O.S. : La police nous a arrêté pour un objectif préétabli pour lequel elle nous a torturé pour que nous avouons avoir participé à l’opération de Lemgheiti. Je n’ai pas participé à cette attaque. Tout ce qui a été dit par la police relève de la préfabrication.

T.H. : Est-il vrai que vous faites partie d’un commando chargé par «Bellaouar» d’un braquage, d’une prise d’otage ainsi que de la liquidation de certains policiers accusés d’être des tortionnaires ?

T.O.S. : Toutes ces accusations sont nulles et sans fondement. Elles visent à discréditer la prédication et les prédicateurs. Notre seul objectif, c’est de préserver la sécurité, la vertu et combattre le vice. Ceux qui pratiquent le terrorisme sont connus. Ils sont surarmés et se drapent de la légalité internationale

T.H. : Que pensez-vous des positions du GSPC vis-à-vis des gouvernements du Maghreb Arabe ?

T.O.S : Je ne suis pas membre du GSPC pour parler à son nom. Adressez cette question au GSPC. Moi, je suis un innocent accusé à tort, un bouc émissaire désigné pour des considérations politiques.

T.H. : Quelle est votre position par rapport à l’attaque de Lemghetti ?

T.O.S : Nous ne savons pas s’il s’agit d’une opération réelle ou fictive. Il y avait des rumeurs du temps de Ould Taya qu’elle a été créée par Ould Taya qui visait à travers elle des desseins politiques pour véhiculer à l’extérieur que le dossier des islamistes mauritaniens relève du terrorisme et voir ainsi la Mauritanie rattachée à la campagne internationale de lutte contre le terrorisme.
Et parce que nous sommes victimes d’une police spécialisée dans la préfabrication de ce genre de preuves, nous ne pouvons y croire à ce qu’elle avance. En plus de cela, je n’ai aucune idée de Lemgheiti pour que je puisse juger. J’ai cependant des constantes relatives à cette question que je proclame à haute voix. Nous condamnons et dénonçons l’assassinat de tout musulman blanc ou noir où qu’il se trouve. Nous dénonçons également toute agression contre une terre musulmane.

T.H. : Considérez-vous que le Jihad soit une obligation en Mauritanie ?

T.O.S. : Je ne suis pas un mufti. Je suis un innocent écroué. Je n’ai pas les aptitudes requises pour prononcer des fatwas.

T.H. : Quels espoirs fondez-vous sur la justice mauritanienne après le changement du 03 août et les élections du 25 mars.

T.O.S : Notre espoir est en Allah surtout que la justice mauritanienne a déjà prouvé son indépendance en acquittant le groupe de prévenus qui nous ont précédé. Tout ce que nous attendons de la justice, c’est qu’elle continue dans la même voie.

Propos recueillis par IOM


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