Marché noir ou marché blanc   
24/06/2007

L’expression marché noir a une connotation suffisamment négative pour se prêter à une quelconque spéculation. Il n’y a pas longtemps, il désignait à Nouakchott un domaine dont l’évocation du seul nom provoquait des sensations étranges. Cela résulte du fait que l’on se sentait approcher un domaine qui s’écarte de la norme sociale. Mais également au simple fait d’être dans le domaine de l’interdit. C’est très excitant. En ces temps là, marché noir rimait avec zone de non loi, milieu de fraudeurs et receleurs de touts acabits. On s’y rendait lorsque l’on a été victime de vol car c’est la place ou étaient bradés les objets volés. Les dealers et autres petits trafiquants y établissaient leurs quartiers. Vous y voyiez toutes sortes de magouilles. C’est précisément là ou on allait pour se procurer de la monnaie étrangère. Les opérations se faisaient sous le boubou. Ca se faisait vraiment au noir car personne ne pouvait voir les protagonistes 



C’est tellement vrai qu’à l’époque, rares étaient ceux qui avaient une idée des billets de banques étrangères. Hormis le CFA qui nous était familier, il n’était pas donné à tous de connaître la couleur du franc français, du dollar américain encore moins du mark allemand. En ce temps,opérer un change au noir relevait de la témérité. Mais cette époque a vécu. Aujourd’hui, convertir illégalement l’Euro, le dollar,le CFA, est la chose qui se fait le mieux à Nouakchott. Il n’est plus question de se cacher pour le faire. Le hic est que le change au noir ne se fait plus au marché "Thieb-thieb"qui était connu pour être le fief de toutes les opérations illégales,mais bel et bien au marché de la capitale et ce, au grand jour. Ce qui est insupportable dans tout cela, c’est la passivité voire la complaisance des autorités devant cette situation. Il faut dire qu’elle ternit grandement l’image de notre pays et conforte en même temps l’idée que nous sommes le pays de toutes les permissions par effet de boomerang ce sont les populations qui recoivent l’impact en pleine figure. En effet, ce n’est un secret pour personne que pour se rendre au marché de la capitale ces temps-ci, ils faut avoir des nerfs en acier pour ne pas craquer. Des quatre points cardinaux de cette place, dès que vous pointez le museau,vous êtes assaillis par une meute de loups qui vous crient:"Change!change! Monsieur, vous voulez changer?" Si vous y êtes partis acheter deux ou trois articles, il y’a de fortes chances que vous en oubliez un, tant vous serez harcelé. Les courses au marché capitale deviennent un véritable parcours du combattant. C’est comme si on n’a plus le droit d’y aller. C’est un peu fort quand même! Aussi, si souvent excédé,vous avez la mauvaise idée de d’élever la voix devant les personnes qui s’adonnent à cette pratique, vous avez de fortes chances de vous faire manquer de respect Cela peut finir par des volets d’injures de part et d’autre. Si au début, ils abordaient les clients étrangers en se fiant à leur accoutrement, maintenant, ils tirent sur tout le monde. Surtout si vous avez la malchance de porter des habits européens ou de porter un sac à la main. En plus du sentiment de malaise que tout cela procure, il faut y ajouter l’insécurité qui l’accompagne. En effet,tout le monde sait que l’argent n’a pas d’odeur mais qu’il a un énorme pouvoir d’attraction. Aussi, on ne se sent plus en sécurité à ce niveau tellement le marché est truffé de voleurs qui vous guettent et Ã©tant susceptibles de vous dépouiller à la moindre occasion. Ce que l’on remarque ces derniers temps,c’est que les rabatteurs des grands trafiquants de devises vont opérer jusqu’à hauteur du carrefour de l’ancien cinéma Oasis, ils sont nombreux et vous harcèlent jusqu’aux abords du marché. C’est dire si cette situation est préoccupante. Il est vrai que la pagaille a toujours été notre lot, nous autres fils de ce pays, mais il est des bornes qu’il ne faut pas dépasser. Les services de la douane ont du pain sur la planche. Ils ont deux cartes à jouer: Primo, en faisant cesser cette pratique, il renfloueront certainement les caisses de l’Etat. Secundo, ils redonneront à certains l’envie d’aller faire des courses au marché de la capitale car il yen a qui ont perdu cette envie. Par ailleurs cette action ne doit pas être de la poudre aux yeux comme celle menée il y a quelques années ou l’on a arrêté quelques malheureux alors que les gros poissons ont été avertis et protégés à temps par leurs sbires gabelous. Cela urge!
Biri N’Diaye


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