Interview de Me Limam Ould Cheikh   
20/05/2007

Me Limam Ould Cheikh (notre photo) a dĂ©clarĂ© Ă  «Tahalil Hebdo» que le dossier qui va ĂŞtre prĂ©sentĂ© Ă  la Cour criminelle le lundi 21 mai 2007 est «vide d’un point de vue juridique, de tout acte attribuĂ© aux accusĂ©s et pouvant justifier leur condamnation.» Me Ould Cheikh est l’avocat de Mohamed Mahfoudh Ould Idoumou et de Ahmed Mahid Ould Abdel Hagh accusĂ©s par la Police d’être respectivement l’«Emir du Groupe Islamique Mauritanien pour la PrĂŞche et le Jihad (GIMPJ) et de «ThĂ©ologien» du mĂŞme groupe.



Deux groupes de salafistes mauritaniens arrĂŞtĂ©s entre mars et avril 2005, et recalĂ©s de l’amnistie proclamĂ©e par le CMJD le 2 septembre 2005, vont ĂŞtre jugĂ©s le 21 mai 2007 par la cour criminelle de Nouakchott, au titre du cĂ©lèbre dossier RP 442/05. Un dossier auquel ont Ă©tĂ© adjoints plusieurs dossiers d’instruction et qui a fait l’objet d’une ordonnance partielle de non lieu et de mises en libertĂ© provisoire, refusĂ©es tantĂ´t et acceptĂ©es parfois.
Le premier groupe des prĂ©venus dirigĂ©s par l’«Emir» Ahmed Ould Hine comprend 7 jeunes mauritaniens natifs pour la plupart de la fin des annĂ©es 70, dont trois se sont Ă©vadĂ©s de prison civile de Nouakchott le 27 avril 2006. Le second groupe est constituĂ© Ă  majoritĂ© d’Imams et de prĂŞcheurs. Il comportait une vingtaine de prĂ©venus dont huit, (parmi lesquels Newewi, Ould Eminou et Chaer) ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, en juillet 2006, d’une libertĂ© provisoire. Ils seront convoquĂ©s au box des accusĂ©s dans ce procès, tant attendu.
AccusĂ©s par le rĂ©gime de Ould Taya et la junte militaire qui l’a destituĂ©, de la constitution en Mauritanie d’un «Groupe Islamique Mauritanien pour la PrĂŞche et le Jihad» (le GIMPJ) et de liens avec le GSPC-algĂ©rien, ils sont inculpĂ©s de : «formation d’associations illĂ©gales et la prĂ©paration d’actes pouvant exposer la Mauritanie Ă  des reprĂ©sailles», de «complot contre l’ordre constitutionnel» et d «’incitation Ă  porter atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure du pays».
ArrĂŞtĂ©s bien avant l’attaque de Lemgheiti, ces Imams et prĂŞcheurs, ainsi que les jeunes salafistes dont le sĂ©jour dans le camp de l’organisation algĂ©rienne s’est confirmĂ©, ne peuvent ĂŞtre accusĂ©s d’avoir participĂ© Ă  cette agression sanglante qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  15 soldats mauritaniens. Selon diverses sources le sĂ©jour des jeunes salafistes mauritaniens au sein de cette organisation s’inscrivait dans le cadre de leurs prĂ©paratifs pour aller se battre contre les envahisseurs des pays musulmans en Irak et en Afghanistan. Ce qui n’est pas un crime aux yeux de la loi mauritanienne. Â«La guerre contre l’Irak a attisĂ© leurs sentiments et ils nous dĂ©clarĂ© avoir suivi des entraĂ®nements militaires, uniquement, pour aller se battre en Irak, ou en Afghanistan» Ă©crivait, le 4 mai 2005, le commissaire Deddahi Ould Abdellahi, ex- Directeur de la SĂ»retĂ© de l’Etat (DSE) au Procureur de la RĂ©publique dans son rapport les concernant.
Le groupe accusĂ© d’avoir formĂ© …en 2000, le GIMPJ rappellerait plutĂ´t les histoires de pĂ©tards mouillĂ©s des services de sĂ©curitĂ© mauritaniens. MalgrĂ© les rafles successives depuis mai 2003 dans la mouvance islamiste, il a fallu attendre… avril 2005 pour qu’ils apprennent l’existence d’un GIMPJ et ce, dans des circonstances oĂą les droits des dĂ©tenus Ă©taient loin d’être respectĂ©s. En tout cas, entre 2000 et 2005, aucun acte terroriste n’a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  ce groupe prĂ©sentĂ© comme affiliĂ© Ă  Al Qaida. Et ce ne sont pas les occasions qui doivent avoir manquĂ©. L’unique acte attribuĂ© Ă  ce groupe a Ă©tĂ© l’enlèvement d’une voiture appartenant Ă  une ONG occidentale. Et l’enlèvement ou le vol d’une voiture, est monnaie courante et ne relève pas du terrorisme. En plus les procès verbaux de police (PV) n’ont rĂ©vĂ©lĂ© que des causeries et des injonctions. Des causeries sur l’idĂ©ologie salafiste largement partagĂ©e par les Mauritaniens, prĂ´nant une sociĂ©tĂ© vertueuse, un retour du point de vue croyances et pratiques, aux trois premiers siècles de l’Islam, ainsi que l’obligation du Jihad contre les envahisseurs. Les PV en question se distinguaient aussi par des injonctions du genre : «Dites-nous qui sont les personnes qui sont salafistes ? «Dites-nous exactement ce que vous possĂ©dez comme moyens»? «Deux voitures, un ordinateur, une bibliothèque, des nattes» avaient rĂ©pondu les prĂ©venus. A l’époque, l’enquĂŞte avait Ă©tablie que des associations salafistes du Moyen Orient ont apportĂ©es des aides financières Ă  leurs amis mauritaniens. Mais ce soutien, dĂ©risoire au demeurant, par rapport Ă  ceux apportĂ©s par des associations occidentales et moyen orientales Ă  d’autres associations mauritaniennes, a Ă©tĂ© surtout une pension alimentaire pour les salafistes mauritaniens. Il n’a pas servi Ă  acheter des armes ou Ă  fabriquer des charges explosives ! Et si tel, a Ă©tĂ© le cas, la police ne les avait pas prĂ©sentĂ©s dans ses scellĂ©s.
Ce qui fait dire Ă  Me Limam Ould Cheikh que «l’accusation est politique et prĂ©fabriquĂ©e par le rĂ©gime de Ould Taya, les Ă©lĂ©ments fournis Ă  la consommation extĂ©rieure Ă©taient sans rapport avec le dossier». Et de lancer : «cela rappelle l’histoire des faux chiffres communiquĂ©s aux bailleurs de fonds».
Il est Ă  prĂ©ciser en outre, que le procès du 21 mai ne concernera pas 19 autres prĂ©venus arrĂŞtĂ©s entre juin 2006 et avril 2007 parmi lesquels, un marocain Noureddine Nfi’aâ, dĂ©jĂ  extradĂ© vers son pays, ainsi que des jihadistes mauritaniens accusĂ©s d’avoir participĂ© directement en juin 2005, Ă  la sanglante attaque de Lemgheiti.
Isselmou Ould Moustapha



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