Le second temps des Sanhadja : 1145- 1232 (2eme partie)   
05/05/2007

Bien avant la disparition du second Etat Almoravide qui a suivi l’avènement des Almohades et qui fut dirigé par une dynastie tachfinide, il faudrait remonter aux divisions survenues au sein de la Mhalla (l’armée) de Abou Baker ben Amer pour situer l’origine exacte de la constitution des émirats lemtouniens laquelle annonce ce que nous avons appelé le second temps des Sanhadja.



En effet, durant un siècle après le retour effectué par l’émir Abou Baker (en 1072 ap.Jc ) , le Sahara fut le théâtre des guerres et les dissensions qui ont abouti Ã  l’éclosion de multiples entités émirales crées par les commandants de la Grande armée d’Abou Baker.
Ainsi le Sahara fut, à cette époque, secoué par la recherche d’un équilibre entre les différents groupements des Sanhadja. D’après l’historien Moctar Ibnou Hamidoune, Â«la situation politique du Sahara était marquée par une extrême confusion depuis le déclin des Almoravides au VI éme siècle de l’hégire (XII eme siècle de l’ère chrétienne) mais il est permis de présumer l’existence d’une certaine forme, assez simplifiée, d’organisation Â»
Il serait, même, possible d’affirmer qu’il y’avait , en fait, eu, dans les différentes zones du Sahara, surtout vers la fin du VII éme siècle de l’hégire, une sorte de répartition du pouvoir qui a été faite entre les tribus Sanhadja , suivant une compétence territoriale.
Ainsi la confédération tribale dite Niérzzg s’empara de la Guibla (Sud ouest mauritanien). Au Tagant et dans le territoire de Rguéiba ( l’Est de la Mauritanie) , l’autorité fut assurée par la confédération tribales des Anbatt et celle des ancêtres des Ido ich ( les Bakhwagas) dont l’étoile brillera sous le règne de Ahl Mohamed ben Khouna ( la famille émirale des Ido ich ) qui réussira au XVII éme siècle Ã  étendre son emprise sur l’ensemble de ces anciennes tribus confédérées.
En Adrar (au nord ouest) le pouvoir était entre les mains des Ideychilli dont le nom équivaut à «une hassanisation» du terme Sanhadja «Idaghchachithji» qui signifie «les gens au mode de vie commun».
Il convient de souligner que la confédération tribale des Ideychilli s’est constituée à partir de l’union de quelques dizaines de groupements dont certains, d’origine Lemtouna, sont affiliées Ã  Maham ben Tamimt tandis que d’autres,, d’origine arabe, sont issus des tribus Hassanes tels que les Ou lad Nasser et les Brabich.
Parmi ces groupements, nombreux sont ceux qui ont disparu suite aux multiples guerres. C’est, précisément, le cas des Zreifat et d’autres. Les actuels Ideychilli sont divisés en neuf fractions. Ils ont eu à fonder un puissant Emirat dans l’Adrar dont le règne continua jusqu’à 1145 de l’hégire (1732 de l’ère chrétienne) date à laquelle, les Ahl Yahya ben Otman purent, à la suite de rudes batailles qui les ont opposés aux guerriers des Ideychilli, instaurer un Emirat Hassane.
Il faut, également, noter que l’histoire des Ideychilli fournit les renseignements les plus précieux sur le temps des Sanhadja aussi bien en ce qui concerne la période des Almoravides qu’en ce qui concerne celle des entités lemtouniennes.
C’est ainsi que, jusqu’à nos jours , des familles appartenant à cette tribu sont réputées être les descendants des célèbres commandants almoravides comme Ahl Yanou dont l’ancêtre est Yanou Al hadj Ben Omar Al lamtouny.
De même, la famille de princière Kinta est affiliée Ã  la dynastie princière de l’Emirat lemtounien de la confédération tribale des Bdoukel laquelle exerçait le pouvoir au Nord dans les territoires du Zemmour et de la Sakiyya al hamra..
Ces petits Etats sont , progressivement, entrés dans des conflits durables entre eux et , par la suite, avec les tribus arabes venus du Nord.
Mais bien avant l’arrivée des Arabes Hassanes, cette division au sein des Lemtouna a été, essentiellement, l’aboutissement de graves dissensions internes comme celle qui a donné naissance dans le Brakna Ã  l’Emirat de Beilga ( Beilgat) lequel exerçait une domination sur les régions voisines de l’actuel Sud mauritanien.
Il est, en tout cas, constamment admis qu’à partir de la fin de la première moitié du VII éme siècle de l’hégire ( XIII éme siècle de l’ère chrétienne), les principaux émirats qui ont été fondés par les Sanhadja, dans l’actuel territoire mauritanien, sont :
L’Emirat de Bdoukel, au Nord
L’Emirat de Nieyerzig à l’Ouest
En dehors d’un espace délimité qui allait des environs de Oualata à l’Est jusqu’au littoral atlantique à l’Ouest et qui était, à cette époque, sous la tutelle du puissant Royaume du Mali, le reste du territoire dépendait de l’autorité de ces deux Emirats qui exerçaient leurs pouvoirs sur d’autres entités émirales

(A suivre)

Hama hou Allah Ould Salem
Professeur à l’Université de Nouakchott, lauréat du prix Chinguitt 2006


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