L’agence de presse mauritanienne (ANI) a annoncé en début de soirée du 19 mars que l’otage français Philippe Verdon enlevé en novembre 2011 par Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) à Hombori (Mali) aurait été exécuté le 10 mars 2013 en représailles à l’intervention...
...française déclenchée le 11 janvier 2013 au Mali.
L’agence indique qu’un certain Al Ghairawani l’en a informé par téléphone, sans que l’on sache s’il s’agit d’ Abou Abdel Hakim Al Ghairawani le chef d’un groupe d’Aqmi créé en novembre 2012, sous l’appellation : Katibate Youssouf ibn Tachefine.
L’annonce de l’exécution est intervenue donc 9 jours après le supplice présumé et n’est pas venue à travers les «chargés de communication» habituels: Abdallah et Jouleibib qui avaient la responsabilité de prendre contact avec les medias en Mauritanie.
La preuve de l’exécution n’a pas non plus été fournie, même si cela n’était guère attendu car Aqmi ne l’avait pas fait avec l’otage britannique Edwin Dyer et le français Michel Germaneau, exécutés en 2009 et 2010.
ANI rapporte qu’Al Ghairawani, donné pour mort il y a quelques jours, s’est refusé de démentir ou de confirmer la mort annoncée par le Tchad de deux des chefs jihadistes : Belmokhtar et Abou Zeid et qu’il a qualifié Philippe Verdon d’ «espion» déclarant que le président Hollande était "le seul responsable de la vie des autres otages". Une manière de dire que les otages français (dont les parents ont beaucoup manifesté ces derniers jours à Paris et dans des villes françaises) sont encore en vie et de couper court aux rumeurs sur leur mort probable suite à des exécutions antérieures ou à des frappes aériennes. L’objectif ici est clair! Il s’agit d’envoyer un message aux parents des otages et d’exercer une nouvelle pression sur l’Exécutif français dont les militaires déployés au Mali poursuivent la traque des jihadistes retranchés dans les massifs de l’Adrar des Ifoghas. Même si parallelement à cela, il est rapporté que quelques groupes parmi eux , seraient parvenus à regagner des lieux sûrs , situés dans des pays de la sous-région.
Enfin, les déclarations d’ Al Ghairawani s’inscrivent incontestablement dans les logiques d’Aqmi en terme de support utilisé pour les transmettre, de représailles après les débâcles et de rétention de l’information susceptible d’être exploitée par les «mécréants et apostats ». Mais elles auront surtout démontré que l’organisation s’est déstructurée avec le changement de porte-parole et a perdu sa réactivité avec le grand retard dans la mise en œuvre des représailles et dans leur annonce. Isselmou Ould Salihi
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