La GBM mise sous scellé/Communiqué de Bouamattou   
03/03/2013

La Générale de Banque de Mauritanie, (GBM), du milliardaire Mohamed Ould Bouamatou, en litige avec le fisc, a été fermée dimanche 3 mars après le refus de sa direction de travailler sous les ordres d’un administrateur provisoire nommé par l’Etat.



Des  manifestants ont dénoncé le  14 février «l’acharnement» contre Ould Bouamatou  qui vit au Maroc depuis deux années.

 

Communiqué de presse de Mohamed Bouamatou : Mesures de sauvegarde à la Générale de Banque de Mauritanie

 

L’opinion en est régulièrement informée par les médias privés nationaux : une entreprise, menée par Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), est en cours pour détruire la Générale de Banque de Mauritanie (GBM).

La Banque Centrale de Mauritanie qui est aujourd’hui réduite à un instrument aux mains du pouvoir pour régler leurs comptes aux banques et aux opérateurs qui refusent de se plier à l’arbitraire et à l’injustice, poursuit son entreprise de déstabilisation du Groupe Bouamatou sous des prétextes toujours aussi mensongers.

Nous subissons le harcèlement incessant des inspecteurs de la BCM qui infligent à notre personnel toutes sortes d’humiliations tandis que ceux qui ont détourné des milliards d’ouguiyas à la Banque Centrale et ceux qui, contrairement à la GBM, n’ont pas libéré le capital de leur banque ni d’ailleurs procédé réellement aux augmentations de capital exigées par les nouvelles lois, se pavanent dans ses couloirs.

Depuis quelques semaines, en effet, la BCM a décidé, en contradiction avec ses propres textes, de priver la GBM de l’accès aux devises, des dépôts des entreprises publiques et parapubliques, d’une participation normale au jeu de la compensation, de la gestion de ses propres comptes, etc.

Au moment où Monsieur le Gouverneur de la BCM et certains membres du Gouvernement ont donné instruction aux entreprises, publiques et privées, tant mauritaniennes qu’étrangères, de retirer leurs dépôts de la GBM, les comptes courants de cette dernière à la Banque Centrale étaient créditeurs de 12.904.650.492,65 ouguiyas (auxquels s’ajoutent 765 000 000 ouguiyas de Bons du Trésor), de 9.478.087,96 dollars US (auxquels s’ajoutent 2 197 000 dollars US de comptes de projets) et de 1.603.452,88 euros, soit un total général de 18 milliards 123 millions d’ouguiyas1(voir relevés de compte en annexes 1 & 2).

Ces comptes ont été virtuellement séquestrés par Monsieur le Gouverneur de la BCM (depuis août 2012 pour les dollars US !). Il s’agit, pour le pouvoir, de briser la dynamique du Groupe Bouamatou (BSA) et de faire main basse sur le patrimoine de la banque au profit d’intérêts privés clairement identifiés, au détriment de ma personne, certes, mais aussi et surtout au détriment de l’Economie Nationale et des clients de la banque. A noter que la GBM a tenu informé le Représentant Résident du FMI en Mauritanie à chaque étape des agissements des autorités à l’encontre de la banque.

Devant cette nouvelle conception de l’exercice du pouvoir par les gouvernants actuels, tout récemment dénoncée aux plus hautes instances internationales, je me dois d’anticiper une possible dégradation de la situation. On se souviendra en effet que durant les évènements en Côte d’Ivoire, des attaques avaient été menées contre les caisses des agences locales de la BNP Paribas et de la Société Générale ce qui les avait poussées à prendre des mesures pour sécuriser les avoirs de leurs clients.

Je fais mien le problème de la dilapidation de mes biens et de ceux de ma banque par Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale. Je laisse au Gouvernement la responsabilité de la déstabilisation de notre Economie et de la destruction de centaines d’emplois qualifiés.

Je ne saurais cependant être indifférent au sort de mes clients: ils me sont tous importants, quel que soit le volume des affaires qu’ils nous ont confiées.

C’est la raison pour laquelle, j’ai pris, personnellement :

- toutes les mesures propres à permettre la remise aux particuliers, aux ONG, aux Organisations Internationales, aux Missions Diplomatiques, au FMI et à la Banque Mondiale ainsi qu’à leurs représentants, de même qu’aux entreprises commerciales, des avoirs qu’ils ont confiés à la GBM ;

- l’initiative et la responsabilité de mettre à l’abri toutes les données informatiques de la GBM pour empêcher la poursuite de cette œuvre de destruction orchestrée par Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale.

Par conséquent, je conseille à ceux envers qui j’ai des engagements inférieurs à 10 millions d’ouguiyas2 et aux Organisations Internationales clientes de la banque ainsi qu’au Représentant du FMI à Nouakchott de s’adresser à notre avocat, Maître Yezid3 pour en disposer.

Quant aux déposants qui possèdent des avoirs supérieurs à 10 millions d’ouguiyas2, leur identité sera communiquée à la BCM dès que celle-ci nous aura fourni les justifications des manipulations qu’elle a opérées sans notre autorisation sur les comptes de la GBM dans ses livres.

Je demande aux clients de la GBM dont les comptes sont débiteurs ou qui ont bénéficié de prêts ou de facilités et dont l’identité sera communiquée à la BCM de payer leurs échéances sur le compte numéro 3001290 de la GBM auprès de la Banque Centrale. Cette demande s’adresse aussi aux groupes d’entreprises d’Etat qui ont omis de rembourser leurs dettes envers la GBM lorsqu’elles en ont retiré leurs dépôts, notamment la SNIM pour les engagements d’ATTM.

Nos avocats prendront contact avec tous nos correspondants afin que nos échéances soient honorées.

Les sociétés du Groupe Bouamatou (BSA) laisseront leurs avoirs dans la GBM de même que les membres de la famille Bouamatou et moi-même, le personnel de la banque et les membres de leur famille.

Il ne fait aucun doute qu’une solution sera trouvée pour que la GBM continue ses activités.

Un jour, certainement, cette affaire provoquée sur ordre du pouvoir par Monsieur le Gouverneur de la BCM sera considérée comme la plus stupide, la plus folle et la plus injuste de notre histoire économique.

Aujourd’hui, je voudrais partager quelques réflexions et sentiments que ces évènements m’inspirent.

Tout d’abord, je souhaite remercier les amis qui m’ont aidé, ceux qui me soutiennent, ceux qui essaient de le faire, ceux qui souffrent en silence et même ceux qui s’interrogent.

Je voudrais rendre un hommage particulier à tous mes collaborateurs pour leur loyauté, pour leur sens des responsabilités et leur courage.

Ensuite, je voudrais que les opportunistes dirigeants de la Somelec et de Star Oil qui n’ont que fait semblant de demander par courrier à la BCM de céder à la GBM les devises nécessaires à la couverture de leurs crédits documentaires sachent qu’ils seront tenus comptables des conséquences de leur complicité, de leur attitude ingrate, incorrecte et de leur duplicité à l’égard de la banque, ses actionnaires, ses clients et les membres du personnel. D’ailleurs, ils devraient savoir qu’ils ne doivent attendre ni gratitude ni répit de la part du pouvoir.

La GBM a soutenu seule la Somelec à une époque où celle-ci était en difficulté. A-t-elle oublié que c’est la GBM qui l’a sortie des graves difficultés de la centrale de Nouadhibou (son Directeur Général a même adressé à la GBM une lettre de remerciement « confidentielle » (voir annexe 3)), la GBM qui a permis le financement de la centrale de 36MW (Empower) grâce à une facilité de 48 millions de dollars US, la GBM qui lui a financé les importations de pétrole pour un montant global de l’ordre de 150 millions de dollars US au cours des trois dernières années? Le Gouverneur actuel de la Banque Centrale a personnellement signé l’engagement irrévocable de la BCM de couvrir la GBM pour les devises nécessaires au règlement des importations de Somelec (voir annexe 4). Cet engagement n’a pas été tenu à ce jour malgré de nombreux rappels. Quant à Star Oil, la GBM lui a ouvert des crédits documentaires pour près de 127 millions de dollars US au cours de la même période 2010 à 2012.

Enfin, il est de mon devoir de mettre en garde nos correspondants internationaux, notre partenaire de longue date, la SFI mais aussi tous les bailleurs de fonds de la Mauritanie où que leur siège soit localisé: ce qui arrive à la GBM peut arriver à toutes les banques car ce n’est que le symptôme du mal profond qui ronge la Mauritanie. Personne n’est à l’abri et l’Association Professionnelle des Banques de Mauritanie (APBM) dont le silence est assourdissant, serait bien avisée de s’interroger sur le sens qu’elle donne à sa mission.

Au lieu de se consacrer à résoudre les problèmes réels des populations que constituent l’éducation, la santé et la fourniture de l’eau et de l’électricité, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui préfèrent assouvir leur haine instinctive en pillant les entreprises et en démolissant le tissu économique du pays.

L’arbitraire et l’acharnement dont moi et ma fondation sommes victimes actuellement n’honorent ni la justice, ni l’administration, et encore moins la Banque Centrale.

Je suis déterminé à ce que le droit, le courage et l’abnégation prévalent sur la lâcheté et la cupidité.

Pour qui en douterait, je suis tenace et je ne renonce jamais. Ceci est une déclaration de résistance.

A bientôt.

Mohamed Bouamatou. Le 3 mars 2013


1) (1 USD = +/-300 ouguiyas => 18.123M d’ouguiyas = +/- 60M USD)
2) (10 millions d’ouguiyas = +/-33 300 USD)
3) Cabinet de Maître Elyezid Ould YEZID
Immeuble Amara (face à l’école Khayar)
BP 92
Tevragh Zeina, Nouakchott
Fax : + 222 45 25 97 73
Tél. : + 222 46 00 20 07

Annexes
1. Relevés de compte de la GBM auprès de la Banque Centrale de Mauritanie en date du 30 janvier 2013
2. Situation des comptes de la GBM chez la BCM le 30/01/2013
3. Lettre « confidentielle » de remerciement de la Somelec
4. Lettre de Confort de la BCM


 

 


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés