Il fallait bien, ne serait ce que par respect aux formes, attendre que les deux chambres du Parlement se réunissent pour constituer votre premier gouvernement. Malgré l’impatience que ce retard suscite, il est permis de se consoler avec une louable intention de se conformer à l’équilibre constitutionnel des institutions. Mais les regards sont, durant cette longue semaine, marqués par les tractations souterraines, braqués vers le sommet des institutions incarné par le nouveau Président légitime. Dans un régime, fortement présidentiel, le président élu démocratiquement doit prendre toutes ses responsabilités pour préserver les intérêts de la Nation dont il est le garant.
Il devrait notamment ‘‘rassurer’’ sur sa détermination face aux appétits égoïstes des uns mais aussi aux obstructions mal intentionnées des autres. De quelle légitimité se targe-t-on quelque part d’imposer le diktat que nul ne pourra devenir futur ministre s’il le fut par le passé ? Dans cette optique, le défi qu’il semble affronter est celui de montrer, à l’occasion de cette élection des bureaux des deux chambres parlementaires, une réelle capacité de rappeler à l’ordre la majorité qui l’a soutenu afin qu’il puisse produire le changement qu’il a promis. A cet effet, aucune faiblesse ne sera comprise par une opinion publique qui a hâte de voir cette fracassante démocratisation du système politique déboucher sur une prise en charge de ses profondes préoccupations sociales et économiques par un gouvernement compétent qui saura envoyer les signaux tant attendus. Il faut du courage pour mettre un terme aux manoeuvres politiciennes dont le seul but est de retarder le changement et de maintenir la surenchère. Il faut que cette majorité qui avait soutenu le programme politique du candidat qui rassure, cesse de se comporter en corporation d’intérêts et qu’elle se plie à la forme présidentielle du régime constitutionnel.
Isselmou Ould Moustapha
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