Comme prévu le président Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé le 24 novembre aux environs de 17 h GMT à Nouakchott en provenance de Paris où il avait été évacué le 14 octobre des suites d’une blessure, présentée comme accidentelle. Le chef de l’Etat accompagné de son épouse et de son enfant, a été accueilli à la passerelle
de l’avion spécial qui l’a ramené par le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf, le président de l’Assemblée nationale Messaoud Oud Boulkheir , des ministres de souveraineté (Défense, Intérieur, Affaires Etrangères) , un quarteron de Généraux : Ould Ghazwani chef d’état Major National, Felix Negri, chef d’état- Major de la Garde nationale , Ndiaga Dieng chef d’état-Major de la Gendarmerie et Ould Meguett, patron de la sécurité extérieure (DGED) . Des Ambassadeurs accrédités en Mauritanie étaient également à l’accueil. Après de très brèves salutations en dehors de toute cérémonie officielle(prise d’armes et fanfare) le président Aziz s’est rapidement dirigé au salon d’honneur d’où il est ressorti pour monter à bord d’un véhicule décapotable et prendre un long bain de foule au milieu d’un peuple en extase et réellement attaché à sa personne. Auparavant à l’extérieur du tarmac de l’aéroport des dizaines milliers de Mauritaniens se sont rangés sous les pancartes et banderoles de bienvenue le long des avenues menant au palais présidentiel. Des écoliers et quelques chameliers et cavaliers étaient également de la partie pour donner un cachet particulier au retour du président Aziz. Des syndicats ont dénoncé, il faut le préciser, l’obligation faite aux écoliers et aux fonctionnaires de l’Etat de se présenter à l’accueil. Des sources médiatiques ont évoqué l’instrumentalisation des habitants des quartiers pauvres embarqués gratuitement dans les transports afin d’ augmenter l’affluence et la popularité du président . Des manifestations de soutien au président Aziz étaient néanmoins signalées dans plusieurs villes de l’intérieur du pays. La Télévision de Mauritanie (TVM) qui transmettait en direct l’ambiance de l’accueil a tendu son micro à des mauritaniens venus accueillir leur président , et ayant tous, la particularité d’être de ses fervents soutiens. Le député Mohamed Ould Bebbana a exprimé sa joie pour le retour du président et souhaité qu’il reprenne ses missions «avec un esprit positif» (bi Ijabiya). La députée Ghleywa mint Lehdana a indiqué : « Toute la Mauritanie est venue accueillir le président. Des gens sont venus des wilayas de l’intérieur » a-t-elle dit. Puis ce fut le tour du député UDP Sangott Ousmane de se féliciter de ce grand jour attendu par tous le pays «car pendant son absence, toute la Mauritanie était avec lui les oiseaux de mauvaise augure vont maintenant se cacher, nous avons la voix qui est perdue » dit-il, avant d’enchainer en pulaar dans un style qui n’est pas sans rappeler la sympathique Bana Aw. D’autres intervenants sur le plateau de la TVM abonderont dans le même sens : Sidi Ould Samba du PRDR, Mohamed Naji de «Génération Aziz», Mme Khady Fall, Cheikh Brahim Ould Cheikh du Mouvement «Oui Aziz », Mahmoudi Ould Saibout (PMJD) Mohamed Vall Ould Youssouf de l’UPR, Tourad Ould Sidi , Abd Daim Ould Hadramy, Hamada Ould Ely (parti démocratique populaire), et Lemir Ould Saiboutt. Affaibli et très amaigri, le chef de l’Etat a reçu Le Monde et RFI vendredi 23 novembre à la veille de son départ, dans un grand hôtel parisien. "Je continue à agir pleinement et à gérer le pays même à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Je n’ai plus la même forme qu’avant l’accident, mais j’ai conservé toutes mes facultés physiques et mentales, et c’est moi qui dirige toujours", a-t-il dit. "Les militaires ont d’autres choses à faire, ils sont conscients de leur rôle maintenant, a-t-il précisé en réponse à une question relative à une rumeur de coup d’état. «A aucun moment, je n’ai eu de crainte malgré les rumeurs." Des milliers de sympathisants de la Coordination de l’opposition démocratique (COD, une dizaine de partis) ont manifesté le 21 novembre à Nouakchott. "Le pouvoir vit ses derniers moments d’agonie, avait alors lancé l’ancien président Ely Ould Mohamed Vall. Nous organiserons sans tarder une prière funèbre sur sa dépouille mortelle." "Je ne vois aucun signe de faiblesse du régime, a ironisé le président Aziz. Je vais reprendre mon travail, sans doute présider un conseil des ministres, et puisque nous sommes à la veille du 28 novembre, il y aura beaucoup d’inaugurations à faire, en particulier deux ou trois centrales énergétiques..." L’opposition, relativise-t-il dans Le Monde, "est dans son droit et je l’accepte en tant que telle".Le président Aziz avait annoncé mardi dernier à Paris qu’il allait "rentrer très rapidement, dans quelques jours" dans son pays, à l’issue d’un entretien avec le président français François Hollande à l’Elysée.
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