Démocratie et éducation   
04/04/2007

Le Premier Ministre démissionnaire Sidi Mohamed Ould Boubacar, confiait récemment que son seul grand regret dans cette transition de 19 mois, aura été de n’avoir pas pu (par manque de temps) créer une dynamique pour entamer la réforme de l’éducation, dans un état proche du néant absolu chez nous. Or, si la démocratie a jeté l’ancre en nos côtes mauritaniennes, celle-ci ne pourra s’y attacher durablement qu’avec une éducation digne d’une telle idéologie politique.



Le système éducatif mauritanien, du primaire à l’universitaire est encore à un niveau larvé, gangréné par des décennies de politique hésitante d’arabisation intégrale, de retour en arrière (la réforme de 1999 semble avoir compris la nécessité de s’ouvrir au monde...); à cela se sont ajoutées une inconstance et une incompétence du corps professoral. Beaucoup d’entre eux n’ont même pas un véritable diplôme pédagogique: tellement de profs de français qui savent à peine l’écrire, tellement de profs de maths qui résolvent difficilement une intégrale! Et quand la compétence est là pour certains d’entre eux, elle se dissout dans deux, voire trois établissements privés. Aujourd’hui, avec l’augmentation des salaires, un professeur touche quasiment 100 000 ouguiyas mensuellement; ce n’est pas la panacée, mais l’effort est là, comparé aux dernières années de dèche intégrale qui pouvait justifier des boulots secondaires parallèlement à son travail de professeur. À un tel état de délittement de notre système d’éducation, correspondent des élèves et étudiants désabusés sur cette étape ô combien importante dans leur vie, et pour qui l’école ou l’université est juste devenue un lieu de rencontre avec les camarades. Les états généraux de l’éducation annoncés pour le courant de cette année placeront sûrement en bonne place des débats cet aspect de l’imbroglio éducatif mauritanien, qui ne se résume pas exclusivement à cela.

Mamoudou Lamine Kane


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