Le nouveau président de la Mauritanie a pris un train en marche dont il devra vivement forcer l’allure. Les tâches sont immenses pour cela: relancer une économie pillée qui reprend à peine son souffle, faire ressentir à tous les citoyens les futurs effets positifs escomptés par les perspectives pétrolières et gazeuses; rééquilibrer la répartition des richesses engendrées par le travail et les ressources de tout un peuple.
Un ventre éternellement vide ne saurait être réceptif à des appels moraux ou idéologiques. Mais les prospectives optimistes sur la croissance mauritanienne et les infrastructures naissantes qui isoleront beaucoup moins les zones désertiques du pays, et insuffleront la vie aux innombrables poches de pauvrété pourraient ne pas donner de bonnes pistes de lecture et d’orientation pour une large part de la population (47%) qui vit avec à peine 300 ouguiyas par jour. Car au préalable, il faut s’attaquer à l’incurie et la corruption qui gangrènent l’administration: plus de fonctionnaires et hauts cadres de l’administration pseudo diplômés, plus de policiers analphabètes et ripoux. La justice et la gouvernance sont l’autre volet de l’action, et le fondement d’une paix sociale et nationale, qu’il n’est plus prudent d’ignorer: nos compatriotes de l’autre côté du fleuve Sénégal seront impatiemment attendus à partir du 19 avril. À défaut de douze travaux (d’hercule), le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi sera scruté au tournant, sur ces quelques volets qui trouvent des ramifications nombreuses dans le quotidien des mauritaniens. Et il n’aura «que cinq ans» pour cela! Le gouvernement d’union nationale sous-entendu dans sa première déclaration post deuxième tour, lundi dernier, laisse présupposer une synergie de toutes les forces vives et volontaires du pays, quelque soit leur bord politique, dans le but de prendre réellement ces problèmes à bras le corps. Une initiative qui aurait le mérite de montrer le chemin de la réunification des consciences et des coeurs, et d’un nouvel élan patriotique mauritanien, et non tribal, ethnique ou communautaire. Pour que nous soyons enfin fiers d’être mauritaniens... fiers d’un président mauritanien!
Mamoudou Lamine Kane
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