La bonne, la brute et le truand   
01/02/2007

L’amour fou de  l’argent, comme  moteur et trame  du film : «le bon, la brute et le truand» de Sergio Leone pourra  ĂŞtre adaptĂ© Ă   un spaghetti mauritanien.
Evidement, sans Lee Van Cleef et Clint Eastwood,  et Ă  la diffĂ©rence que les  acteurs  de notre  spaghetti du dĂ©sert qui pourra ĂŞtre titrĂ© :  «la bonne, la brute et le truand», baignaient, eux, dans  l’argent, contrairement aux hĂ©ros  de Sergio Leone qui avaient  bavĂ© le dĂ©sert et la guerre,  pour avoir l’or.



 Le Gouverneur Majordome

Tout commence en juillet 2004, quand un cadre du ministère des Affaires Economiques encore trentenaire et sans grande expĂ©rience, est parachutĂ© Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale, Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie. C’était une annĂ©e après le putsch sanglant de juin 2003 qui a profondĂ©ment troublĂ© Ould Taya et suite auquel, l’emprise de son Ă©pouse mint Ahmed Tolba Ă©tait  devenue totale, sur lui. La nomination de Ould Zeidane ainsi que d’autres parvenus, est  en fait, attribuĂ©e Ă  l’ex- première Dame. Des nominations qui  rĂ©pondent Ă  un impĂ©ratif unique : satisfaire la boulimie dĂ©pensière de notre ex-Elena Causcesco nationale. AussitĂ´t nommĂ© gouverneur de la BCM,  des informations de diverses sources  et concordantes vont commencer Ă  tomber, telles des feuilles mortes au grĂ© du vent : l’institut d’émission Ă©tait devenu la caisse,  sinon le sac-Ă -main de mint Ahmed Tolba ! Des sources fiables ont rapportĂ© que des chauffeurs Ă©taient envoyĂ©s sur ordre de l’ex-première Dame, rĂ©cupĂ©rer des sacs d’argent directement du caveau de la BCM. D’autres informations ont Ă©galement circulĂ© sur  le web sous des signatures connues et identifiĂ©es au sujet  d’importants  transferts de  devises, destinĂ©s Ă   satisfaire le Shopping parisien de notre ex- première Dame. Mieux,  Zeine Ould Zeidane plus, en majordome qu’en gouverneur et en dehors de toute règle professionnelle, morale ou rationnelle  avait recrutĂ© le cuisiner de l’ex-première Dame au grade de directeur Ă   la prestigieuse Banque Centrale de Mauritanie. Nous avions eu ainsi  loin du dĂ©sert du Nevada, tous les ingrĂ©dients d’un nouveau spaghetti du dĂ©sert.

                               Pas de comptabilitĂ©, un bilan calamiteux

Il a fallu attendre  la publication dĂ©but juillet 2006, de l’audit externe du bilan de la BCM  au titre des annĂ©es 2004 et 2005 pour  se  rendre compte de l’ampleur du dĂ©sastre financier.  Le bilan  de Zeine Ould Zeidane Ă©tait  calamiteux  Ă   plus d’un titre, malgrĂ© une campagne mĂ©diatique tapageuse et gĂ©nĂ©reusement rĂ©tribuĂ©e.
L’auditeur Price Waterhouse (PWH) a exprimĂ© dans son rapport ses rĂ©serves  vis-Ă -vis   Ă©tats financiers  concoctĂ©s par la BCM  et relevĂ©  au passage  des points de rĂ©serves majeurs : la BCM ne tenait pas matĂ©riellement de comptabilitĂ© selon les règles de l’art, ne  disposait, ni de procĂ©dures Ă©crites, ni de système de gestion informatique exhaustif et fiable.  D’oĂą le flou qui a caractĂ©risĂ© les inscriptions comptables tout azimut qui ont totalisĂ© un mouvement, de  plus de 170 milliards d’ UM pour l’annĂ©e 2005.  Sur les accords de crĂ©dit et de compensation, en fait des comptes fourre-tout, seule une infime partie, soit 19% de l’encours, sur un total de 39 milliards UM n’ont Ă©tĂ© confirmĂ©s par Price Waterhouse (au moment de l’établissement des situations au 31.12.2005)  que pour 19% de l’encours.  Le cabinet PWH a relevĂ© que la BCM  a procĂ©dĂ© en 2005 Ă  l’assainissement de ses comptes en rendant sa situation nette dĂ©bitrice, c’est-Ă -dire en entraĂ®nant la disparition pure et simple des capitaux propres.
Au vu des chiffres du tableau de résultats du bilan de la BCM au 31/12/05, il apparaît que la BCM vivait elle-même sur le fonctionnement de la planche à billets ou par transformation des dépôts des banques ou des prêteurs institutionnels.
Et la BCM y   brillait  justement par ses excès de dĂ©penses : frais de personnel,  2, 5 Milliards d’UM, Frais gĂ©nĂ©raux,  700 millions UM, dĂ©penses d’assainissement des comptes, 6, 4 milliards UM. Et  pour Ă©quilibrer en partie les dĂ©bits importants du compte «Pertes et Profits», une reprise de «Provision Ă  Caractère de RĂ©serve» de 4, 1 milliards UM  a Ă©tĂ© enregistrĂ©e, cĂ´tĂ© produits, Ă  la fin de  2005.  Les experts l’ont criĂ© sur tous les toits : cette situation est inexplicable et laisse planer de fortes prĂ©somptions de dĂ©tournements! S’agissait-il ainsi de la consĂ©quence d’une aveugle soumission aux caprices, ou  comme certains le pensent, de la constitution d’un trĂ©sor de campagne ?  L’histoire implacable, le dira un jour.

                                            Au lieu de raser les murs…

En septembre 2006,  l’orphelin du DuvaliĂ©risme  a quittĂ© une BCM exsangue qu’il a utilisĂ© tout autant, comme tremplin pour servir une ambition personnelle. Son mandat en dĂ©pit de l’instrumentalisation d’une certaine presse a Ă©tĂ© marquĂ© par les faveurs, la promotion des amis,  une dĂ©monĂ©tisation coĂ»teuse, un plan social dĂ©sastreux et un  programme de monĂ©tique mal ficelĂ© et non viable techniquement.  Mais au lieu de raser les murs, le responsable d’un tel bilan calamiteux brigue aujourd’hui la magistrature suprĂŞme. Nous sommes en Mauritanie ! Fort du soutien de quelques caids,  d’un groupe de naĂŻfs,  des ex-bĂ©nĂ©ficiaires  de sa gĂ©nĂ©rositĂ© prebendiaire et de la parentèle de l’ex-première Dame dont certains sont  impliquĂ©s dans une tentative de coup d’Etat dĂ©jouĂ©e en juin dernier ainsi que  de plusieurs autres vandales de l’économie nationale et de potentiels gibiers de potence,  Zeine a  l’intention dit-il, de gĂ©rer la Mauritanie comme une entreprise ! Libre aux mauritaniens nostalgiques de l’ère carnavalesque de l’élire. Elle est peut ĂŞtre prĂ©fĂ©rable, cette ère-lĂ ,  Ă  celle de la diète de la transition et Ă  celle qui lui suivra. Après tout, nos compatriotes  ont supportĂ© quelques dĂ©cennies durant des NĂ©rons  en politique. Ils s’accommoderont bien d’un NĂ©ron en herbe. Mais une chose est certaine : ceux qui entourent Zeine Ould Zeidane aujourd’hui, seront autant déçus que les islamistes par exemple, qui avaient  misĂ© sur les apparences d’une assiduitĂ© Ă  la mosquĂ©e du quartier et un  look Ă  la Ali  Ben Haj. Lors de la confĂ©rence de presse annonçant sa candidature, ils avaient  eu en face d’eux,  un autre homme. Ambitieux, glacial, imprĂ©visible et capable de tous les retournements : le vrai Zeine!
MAOB


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