L’amour fou de l’argent, comme moteur et trame du film : «le bon, la brute et le truand» de Sergio Leone pourra être adapté à un spaghetti mauritanien. Evidement, sans Lee Van Cleef et Clint Eastwood, et à la différence que les acteurs de notre spaghetti du désert qui pourra être titré : «la bonne, la brute et le truand», baignaient, eux, dans l’argent, contrairement aux héros de Sergio Leone qui avaient bavé le désert et la guerre, pour avoir l’or.
Le Gouverneur Majordome
Tout commence en juillet 2004, quand un cadre du ministère des Affaires Economiques encore trentenaire et sans grande expérience, est parachuté à la surprise générale, Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie. C’était une année après le putsch sanglant de juin 2003 qui a profondément troublé Ould Taya et suite auquel, l’emprise de son épouse mint Ahmed Tolba était devenue totale, sur lui. La nomination de Ould Zeidane ainsi que d’autres parvenus, est en fait, attribuée à l’ex- première Dame. Des nominations qui répondent à un impératif unique : satisfaire la boulimie dépensière de notre ex-Elena Causcesco nationale. Aussitôt nommé gouverneur de la BCM, des informations de diverses sources et concordantes vont commencer à tomber, telles des feuilles mortes au gré du vent : l’institut d’émission était devenu la caisse, sinon le sac-à -main de mint Ahmed Tolba ! Des sources fiables ont rapporté que des chauffeurs étaient envoyés sur ordre de l’ex-première Dame, récupérer des sacs d’argent directement du caveau de la BCM. D’autres informations ont également circulé sur le web sous des signatures connues et identifiées au sujet d’importants transferts de devises, destinés à satisfaire le Shopping parisien de notre ex- première Dame. Mieux, Zeine Ould Zeidane plus, en majordome qu’en gouverneur et en dehors de toute règle professionnelle, morale ou rationnelle avait recruté le cuisiner de l’ex-première Dame au grade de directeur à la prestigieuse Banque Centrale de Mauritanie. Nous avions eu ainsi loin du désert du Nevada, tous les ingrédients d’un nouveau spaghetti du désert.
Pas de comptabilité, un bilan calamiteux
Il a fallu attendre la publication début juillet 2006, de l’audit externe du bilan de la BCM au titre des années 2004 et 2005 pour se rendre compte de l’ampleur du désastre financier. Le bilan de Zeine Ould Zeidane était calamiteux à plus d’un titre, malgré une campagne médiatique tapageuse et généreusement rétribuée. L’auditeur Price Waterhouse (PWH) a exprimé dans son rapport ses réserves vis-à -vis états financiers concoctés par la BCM et relevé au passage des points de réserves majeurs : la BCM ne tenait pas matériellement de comptabilité selon les règles de l’art, ne disposait, ni de procédures écrites, ni de système de gestion informatique exhaustif et fiable. D’où le flou qui a caractérisé les inscriptions comptables tout azimut qui ont totalisé un mouvement, de plus de 170 milliards d’ UM pour l’année 2005. Sur les accords de crédit et de compensation, en fait des comptes fourre-tout, seule une infime partie, soit 19% de l’encours, sur un total de 39 milliards UM n’ont été confirmés par Price Waterhouse (au moment de l’établissement des situations au 31.12.2005) que pour 19% de l’encours. Le cabinet PWH a relevé que la BCM a procédé en 2005 à l’assainissement de ses comptes en rendant sa situation nette débitrice, c’est-à -dire en entraînant la disparition pure et simple des capitaux propres. Au vu des chiffres du tableau de résultats du bilan de la BCM au 31/12/05, il apparaît que la BCM vivait elle-même sur le fonctionnement de la planche à billets ou par transformation des dépôts des banques ou des prêteurs institutionnels. Et la BCM y brillait justement par ses excès de dépenses : frais de personnel, 2, 5 Milliards d’UM, Frais généraux, 700 millions UM, dépenses d’assainissement des comptes, 6, 4 milliards UM. Et pour équilibrer en partie les débits importants du compte «Pertes et Profits», une reprise de «Provision à Caractère de Réserve» de 4, 1 milliards UM a été enregistrée, côté produits, à la fin de 2005. Les experts l’ont crié sur tous les toits : cette situation est inexplicable et laisse planer de fortes présomptions de détournements! S’agissait-il ainsi de la conséquence d’une aveugle soumission aux caprices, ou comme certains le pensent, de la constitution d’un trésor de campagne ? L’histoire implacable, le dira un jour.
Au lieu de raser les murs…
En septembre 2006, l’orphelin du Duvaliérisme a quitté une BCM exsangue qu’il a utilisé tout autant, comme tremplin pour servir une ambition personnelle. Son mandat en dépit de l’instrumentalisation d’une certaine presse a été marqué par les faveurs, la promotion des amis, une démonétisation coûteuse, un plan social désastreux et un programme de monétique mal ficelé et non viable techniquement. Mais au lieu de raser les murs, le responsable d’un tel bilan calamiteux brigue aujourd’hui la magistrature suprême. Nous sommes en Mauritanie ! Fort du soutien de quelques caids, d’un groupe de naïfs, des ex-bénéficiaires de sa générosité prebendiaire et de la parentèle de l’ex-première Dame dont certains sont impliqués dans une tentative de coup d’Etat déjouée en juin dernier ainsi que de plusieurs autres vandales de l’économie nationale et de potentiels gibiers de potence, Zeine a l’intention dit-il, de gérer la Mauritanie comme une entreprise ! Libre aux mauritaniens nostalgiques de l’ère carnavalesque de l’élire. Elle est peut être préférable, cette ère-là , à celle de la diète de la transition et à celle qui lui suivra. Après tout, nos compatriotes ont supporté quelques décennies durant des Nérons en politique. Ils s’accommoderont bien d’un Néron en herbe. Mais une chose est certaine : ceux qui entourent Zeine Ould Zeidane aujourd’hui, seront autant déçus que les islamistes par exemple, qui avaient misé sur les apparences d’une assiduité à la mosquée du quartier et un look à la Ali Ben Haj. Lors de la conférence de presse annonçant sa candidature, ils avaient eu en face d’eux, un autre homme. Ambitieux, glacial, imprévisible et capable de tous les retournements : le vrai Zeine! MAOB
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