En Mauritanie, le lexique de la transition s’enrichit ces derniers jours de concepts assez intéressants. Nouveaux et significatifs, ces concepts tympanisent notre misérable quotidien. Il est de plus en plus question, en effet, de «candidature consensuelle», par-ci, de prolongation de la transition par-là et même, de possible candidature du président du CMJD parce que dit-on «il s’agit d’un droit constitutionnel que ne saurait prescrire une simple ordonnance».
Les constitutionnalistes -dont un brillant juriste qui avait menacé de juger Maouaya s’il ne se représentait pas en 1997- auraient trouvé l’astuce. Fini le débat sur la transparence, le rôle de la CENI, le quota des femmes, le bulletin unique ; même le tollé soulevé par le soutien devenu manifeste du CMJD à un candidat à la présidentielle, se tasse, lui aussi. Malgré que le premier tour de la présidentielle prévu le 11 mars est censé parachever le processus de transition déjà marqué par une série de scrutins dont un référendum constitutionnel, des élections législatives et que des sénatoriales soient prévues dimanche 21 janvier, on a l’impression qu’une autre transition est en train de s’enclencher. Des voix s’élèvent depuis quelques jours en Mauritanie pour réclamer la prolongation de la période de transition entamée en août 2005 avec le renversement du président Ould Taya Après l’initiative lancée par M Khaled Ould Abbas en avril 2006 demandant la prolongation de la transition jusqu’en 2009, une femme d’affaires, Mme Ramla mint Lehbib, a lancé récemment une campagne en faveur de la prolongation de la période de transition, estimant que l’absence d’un consensus national autour d’un candidat rassembleur pour l’élection présidentielle de mars, comportait des risques pour la stabilité du pays. Mardi 16 janvier, plusieurs personnalités (dont le bâtonnier de l’ordre des avocats et le directeur de publication de la «Tribune») ont de leur côté, annoncé la création d’une initiative dite "conscience démocratique", appelant à un consensus général autour d’un candidat rassembleur. Qui est ce candidat rassembleur ? Il semble évidement qu’il s’agisse de M. Sidi Ould Cheikh Abdellahi déjà soutenu par une large coalition regroupant les indépendants et les partis de l’ex-majorité sous Ould Taya. Au niveau de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) le boc politique regroupant l’ancienne- nouvelle opposition et disposant de 41 députés à la future assemblée la première réaction est venue pour l’instant de l’Union des Forces du Progrès (UFP), qui a mis en garde mercredi 17 janvier les dirigeants du pays contre toute tentative de prolongation de la période de transition. M Ba Boubacar Moussa, premier vice-président de l’UFP (notre photo) a lancé cet avertissement lors d’une conférence de presse, en rappelant que le CMJD s’est engagé à remettre le pouvoir aux civils en mars 2007. "Certaines velléités et certains comportements tendent à laisser croire qu’il y a une volonté cachée de vouloir remettre en cause des engagements ou de vouloir prolonger les délais de la transition en violation flagrante et contraire aux engagements pris", a déclaré M. Ba Boubacar Moussa. "Nous osons espérer que cela reste des supputations et qu’elles seront sans conséquence", a-t-il ajouté. Dans le cas contraire, la Mauritanie risquerait d’être confrontée à "des événements graves qui remettraient en cause sa stabilité et son unité", a averti M. Ba. IOM
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