Ohé ! Ohé! C’est Kaedi qui vous parle !    
05/10/2011

A dire vrai, Kaedi n’est pas qu’une ville. Elle est aussi une leçon. Et il n’y a aucune contradiction entre le caractère matériel et physique de l’une des natures de Kaedi et la charge métaphysique et spirituelle de l’autre.



 N’est-il pas vrai que Jésus est à la fois corps et esprit. Ecoutez l’âme de Kaedi. Depuis 150 ans que Kaedi assène des leçons, il serait bon, pour une fois, de lui prêter une oreille attentive.

1- Kaihaidi est la première ville que connut la Mauritanie moderne. C’est là, au 19 ème siècle, que vit le jour la « mauritanité » dans la mesure où ce concept pourrait traduire la cohabitation d’individus différents par leurs origines ethniques mais égaux dans les rapports des uns aux autres.

A cette époque, Aoudaghost se réduisait à une cité de nobles qui cantonnait ses esclaves dans les quartiers sud de la ville où ils vaquaient aux activités pastorales, artisanales et d’affrètement des caravanes. Koumbi Saleh n’était autre chose qu’une ville de Noirs que visitaient, de temps à autres, les prédicateurs et marchands berbères.
Elle était loin de préfigurer un quelconque projet national. Quant à « Birou[1] », qui deviendra plus tard Walata, elle connaitra une alternance de domination entre les Messouva et les Soninké. Seules Tichit et Wadane connurent une cohabitation égalitaire entre Noirs et Blancs avant que ces derniers ne finissent par absorber et assimiler complètement les premiers. La situation inverse se produira à Tombouctou. Mais rien ne persista de toutes ces glorieuses expériences.

Les années cinquante du 19 ème siècle connurent la fixation, au village de Kaedi, de groupes Tekrour et Soninké et, à leur proximité, s’installa un groupe Bidhane, les Oulad Eyba, guerriers repentis et reconvertis dans le commerce caravanier. Tekrour et Soninké étaient agriculteurs. Les échanges et interactions commerciales entre ces trois groupes jetteront les bases d’une société stable, prélude à un projet de nation où les rapports de production se mirent à se transformer d’une économie pastorale guerrière à une économie basée sur l’agriculture et le commerce.

Leçon n°1 : Kaedi est la plus ancienne cité de la Mauritanie moderne. Elle représente la plus ancienne manifestation d’une « mauritanité » vivante.

2- En 1863 se tenait, à Kaedi, une réunion entre les notables soninké, tekrour et bidhane. A l’ordre du jour de cette réunion entre « Mauritaniens », les velléités expansionnistes des Français, nouvellement installés à Saint-Louis du Sénégal. Ils conclurent, à l’unanimité, à l’inéluctabilité de l’affrontement avec les colonnes du Colonel Faidherbe.
En juin 1864, des caravanes, en provenance de Saldé sur la rive gauche du fleuve Sénégal et bénéficiant de la protection des Français, furent attaquées par des troupes composées d’éléments de Oulad Eyba et de Pular provenant de Bosséa et Kaedi sur la rive droite. Les caravanes subirent de lourdes pertes. En réponse à cette attaque, les Français dépêchèrent le Colonel Despaillères qui fut le premier militaire français à fouler le sol mauritanien. Lors de cette expédition, les Français passèrent aux armes 100 Tekrour (ce sera là le plus grand nombre de Mauritaniens tués en une fois par les Français), incendièrent les deux villages de Doualel et Kaedi ainsi toutes les tentes des Oulad Eyba dont les biens seront systématiquement pillés.

Leçon n°2 : C’est à Kaedi que se tramera le premier projet de résistance à l’invasion étrangère et c’est aussi dans cette ville que les composantes du pays se liguèrent, pour la première fois, contre l’Etranger.

3- Le bassin du Fouta, qui englobe Kaedi, demeurera une épine au pied de la France coloniale. De fortes coalitions, impliquant les combattants tekrour et des combattants bidhane fournis par les Oulad Ahmed (Brakna), les Oulad Ahmed (Trarza), les Oulad Eyba et les Idawiich, se monteront contre les colons. En juin 1882, une colonne organisée par l’émir du Trarza, Ely Ould El Kowry, en coordination avec des forces tekrour commandées par Abdoul Bocar et des forces Wolof sous le commandement de Alboury N’Diaye, attaquera les Français sur le chantier de la nouvelle ligne de chemin de fer qui desservira Saint-Louis et leur infligera de lourdes pertes.

La réplique des colons ne tardera pas. Ils s’attaqueront aux habitants du Fouta et chasseront le dirigeant tekrour, Abdoul Bocar qui sera accueilli en héros par le Bidhane à Maghama et à Monguel. Dans son combat contre les Français, Abdoul Bocar bénéficiera du soutien des colonnes bidhane et des colonnes tekrour commandées par Elhadj Omar.

Leçon n°3 : la droite nationaliste arabe et raciste n’a de cesse de répéter que les Négro africains de Mauritanie constituent les restes des armées françaises et qu’ils seraient étrangers au pays. Kaedi est un démenti vivant à ces allégations. Plutôt que d’être une cinquième colonne, Kaedi fut le fer de lance de la lutte anti pénétration coloniale.

4- En 1894, les notables des tribus bidhane arrivèrent à Kaedi qui était devenue une importante plaque tournante pour le commerce avec les Français. Le déplacement s’inscrivait dans le cadre des accords passés entre les Chratit (Idewiich) et les Français représentés par Doudou Seck (Ould Ebnou El moughdad). Une clause de ces accords prévoyait la livraison, par les Français au profit de l’Emir El Moukhtar Ould Ehmedou, chef des Chratit, de 500 pièces de coton de Guinée. L’Emir deviendrait, à cette occasion, le garant et le protecteur des activités commerciales à Kaedi. Ce fut Mohamed Ould El Vilaly, chef des Oulad Ely, qui livra la cargaison à Ould Ahmedou.

En octobre 1897, André Lebon, du Ministère des Colonies, effectua une visite au Soudan français. Dans son rapport consigné en 1899, le fonctionnaire français relevait la vivacité des échanges commerciaux dans le bassin de Kaedi. Outre les Tekrour qui y habitent, il notera que les Bidhane avaient pris l’habitude de s’y arrêter et, parfois, d’y rester au lieu de continuer vers Podor. Les commerçants bidhane importaient des articles de poterie et de vannerie du Maroc pour les écouler sur le marché de Kaedi décrit comme étant florissant par André Lebon. Quant aux guerriers bidhane, ils partageaient leur infortune avec leurs frères d’armes Tekrour en s’adonnant, les uns et les autres, au commerce des esclaves selon le rapport du fonctionnaire colonial.

Leçon n°4 : La droite négro-africaine raciste prétend que les Bidhane de Kaedi ont été « importés » et imposés par « l’Etat Beydane ». Elle en voudrait pour preuve le quartier « Tenzaha » où habitent, en majorité les Bidhane et qui serait le quartier des fonctionnaires. L’histoire de Kaedi, plus ancienne que l’Administration, oppose un démenti cinglant à ces thèses racistes. La cohabitation entre Bidhane et Négro-africains à Kaedi dure depuis plus d’un siècle et demi.

5- En 1929 les Français avaient laissé les Soninké et les Tekrour s’entretuer. Le but étant d’affaiblir les deux groupes avant d’intervenir pour pousser vers l’exil Yacouba Sylla et freiner l’élan de la confrérie tidjanite (de Cheikh Hamahoullah El hamawi) qui était une source permanente d’embarras pour les Français.. Les combats fratricides ont duré une semaine entière. L’année suivante des heurts ont eu lieu entre les Bidhane et certains Négro-africains dans la même ville de Kaedi. Certains Bidhane, en conflit avec les habitants de Kaedi la surnommaient « le village d’esclaves ». Mais l’Histoire ne retiendra pas un tel surnom diffamatoire.

Leçon n° 5 : Il y a toujours eu des différends entre habitants de Kaedi mais le désir de cohabitation et de respect mutuel ont toujours prévalu.

6- Les années 50 du siècle dernier virent un essor industriel sans commune mesure à Kaedi. Les artisanes Kaediennes découvrirent le moyen de concilier la rareté des ressources et la nécessité de faire conserver aux habits un aspect neuf et étincelant : elles mirent au point la « teinture de Kaedi ». Très rapidement cette teinture se repend dans tout le pays irrigant tous les canaux du commerce mauritanien. Les femmes du Sud y trouveront une activité génératrice de revenus compensant les aléas des activités agricoles de cette région.

Le bleu foncé s’imposera rapidement comme étant le « bleu de Kaedi » mais restera cantonné à la région du Sud jusqu’au années 80. Les années 90 verront des expérimentations audacieuses dans le domaine de la mode proposant aux concepteurs des vêtements blancs d’enrichir leur palette par ce bleu particulier. Les « marques » « Barikallah » et « MCM » l’ont d’ores et déjà inscrit dans leurs collections destinées au « goût » des Bidhane. Le « Bleu de Kaedi » est en passe de devenir une couleur nationale.

Leçon n° 6 : le « Bleu de Kaedi » est la première couleur véritablement nationale.

7- En janvier 1964, Mokhtar Ould Daddah décidait de faire organiser le congrès du Parti du Peuple à Kaedi. Tout le gotha de la politique mauritanienne s’y transporta. Mokhtar Ould Daddah prononcera un très long discours où il dénoncera avec vigueur «la paralysie politique », « l’indiscipline » et « l’électoralisme ». Dans son discours, le Président fustigera le trafic des voix et la falsification des résultats à l’intérieur du Parti du Peuple. Ce fut alors le point de départ de la mobilisation des cadres du Parti contre les pratiques électoralistes et pour l’assainissement de la vie politique.

Leçon n° 7 : La pratique de la falsification, au sein du pouvoir, était devenue très risquée depuis le Congrès de Kaedi. Elle persistait pourtant mais, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, ses auteurs se donnaient beaucoup de peine pour en brouiller les traces.

8- Le 6 décembre 1987, trois Halpularen étaient exécutés au terme d’un simulacre de procès dont les conclusions étaient connues d’avance. Ould Taya les accusait de participation à la préparation d’un coup d’Etat. Deux jours plus tard, la population de Kaedi descendra dans la rue lors d’imposantes manifestations. On enverra les forces de la gendarmerie et de la police mater les manifestations ; ce qui fut accompli au bout des deux semaines suivantes. Aux fêtes de fin d’année suivantes, Ould Taya avait complètement pacifié Kaedi où le calme était temporairement revenu.

La chape de plomb qui s’abattra sur Kaedi produira la coalescence des forces d’opposition extrémistes autour d’un mouvement séparatiste dénommé, à ce moment là, FLAM qui reprendra à son compte et pour son compte les revendications de Kaedi. Ce sont ces forces là qui domineront la scène politique Kaedienne à l’issue des dernières élections honnêtes et transparentes organisées en 2007.

Ces forces mettront en déroute, à cette occasion, les formations politiques de la gauche nationale qui avaient prôné et fait vivre un projet de cohabitation qui durait depuis 1966. Un grand boulevard est alors ouvert devant la droite négro-africaine qui se trouve seule à porter les aspirations d’une population du Sud traumatisée par les pratiques des régimes ségrégationnistes.

Leçon n° 8 : A tout extrémisme d’Etat répondra un autre extrémisme de ses opposants. L’extrémisme anéantit les forces de cohabitation pacifique et produit l’extrémisme.

9- Au milieu des années 90, Ould Taya, notoirement impopulaire dans toute la Vallée il y a quelques années auparavant, organisa une visite à Kaedi. Que ne fut la surprise des observateurs de la scène mauritanienne quand ils découvrirent l’ampleur et la chaleur de l’accueil que les populations de Kaedi, encadrées par des notables grassement payés et entretenus par le Pouvoir, réservèrent à Ould Taya.

Comme entame à sa visite, Ould Taya lancera, au début de son discours un « Bendirabé » tonitruant. Ce fut suffisant pour que la population l’acclame et se bouscule devant sa voiture en scandant : « Mouaaawya, Mouaaawya ». L’événement fut largement couvert par la presse, y compris européenne, qui conclut à un retournement spectaculaire de l’opinion de la Vallée opéré au profit de Ould Taya et au détriment de son opposition.

Mais que reste-t-il de ces notables et de leurs acolytes après la déchéance de Ould Taya ? Seules resteront, au milieu des décombres du régime de Ould Taya, les forces qui avaient réellement pris en charge, sur la durée, les préoccupations réelles des populations de Kaedi.

Leçon n° 9 : Il est impossible de bâtir un contrat social avec une classe politique artificielle et éphémère. Le vrai contrat est celui passé avec les populations et non entre les élites. Les élites artificielles disparaitront telle l’écume alors que, tel l’océan, les populations demeureront.

10- Le 18 février 2011 éclatait l’étincelle de la révolution mauritanienne depuis l’extrême Est mauritanien : Vassala. Des manifestants, jeunes Bidhane issus de familles considérées comme étant des symboles de l’Etat, mirent le feu à la Municipalité, détruisirent les locaux du Centre de soins ainsi que les bureaux du Chef du Centre administratif avant de séquestrer celui-ci chez lui. Deux semaines après, d’autres manifestations se déclenchèrent à Aioun où des boutiques furent attaquées ; ce qui provoqua la fermeture de l’ensemble du marché par peur de pillage. Devant ces événements, la droite bidhane déclara que ce fut bien là la preuve que la Mauritanie est un Etat arabe et que le Printemps arabe commençait à poindre chez nous aussi.

Par contre quand, le 25 septembre dernier, des manifestants négro-africains s’attaquèrent aux symboles de l’Etat en incendiant le Palais de Justice et une partie du Marché de Kaedi, la même droite Bidhane, cria au « complot », à la « manipulation étrangère », à la « goujaterie », à « l’affront fait à l’image de l’Etat » et au « séparatisme ».

Leçon n°10 : les événements de Kaedi ont mis à nu le racisme viscéral de la droite Bidhane ainsi que sa fumisterie légendaire.

11- En février 2011, la droite négro-africaine avait boycotté le début de la révolution de la jeunesse mauritanienne sous prétexte qu’il s’agissait là d’un prolongement des « Printemps arabes » et que cela ne concernait que les Bidhane. Une occasion avait ainsi été ratée d’unir les efforts pour faire chuter un régime d’oppression. Cette même occasion avait été opportunément exploitée par la droite Hratine pour décourager toute velléité révolutionnaire. C’est ainsi que sera sauvé, une autre fois, un régime dictatorial qui n’hésite pas à recourir aux pratiques de la « Baltagia » [Ndt: mercenaires].

Lors des protestations liées aux menaces sur la nationalité, la droite négro-africaine a décliné les offres de militants Bidhane pour organiser des manifestations unitaires. Elle espérait, par ce refus, garder le monopole d’une telle action et capitaliser des acquis au nom des seuls Négro-africains. Cette attitude était pour beaucoup dans l’éclatement de manifestations à caractère racial.

Leçon n° 11 : Les événements de Kaedi ont démontré que la droite négro-africaine était incapable de mener, de façon conséquente, le combat pour les Droits de l’Homme. Bien souvent cette droite est un obstacle devant ces combats.

12- A partir des années 80 du siècle dernier, le capitalisme mondial a entamé une réforme dans le système alimentaire international. Les Etats-Unis utilisaient l’aide alimentaire pour maintenir les prix à un niveau bas et constant et, par la même occasion, frapper l’économie du bloc de l’Est en inondant le marché par leurs excédents céréaliers. La chute du bloc de l’Est avait changé la donne. Les flux de l’aide alimentaire ont été réorientés. Dans le nouveau schéma, le capitalisme mondial encourage une sorte de division du travail pour subvenir aux besoins alimentaires mondiaux. Les pays développés, dans ce nouveau schéma, cessent d’être les seuls pays producteurs.

Ils se positionnent pour être aussi des pays consommateurs. En Mauritanie, les institutions de Bretton Woods avaient conditionné l’aide alimentaire à la privatisation du secteur de l’agriculture. C’est ainsi que Ould Taya s’est trouvé obligé d’ouvrir la Vallée du fleuve Sénégal aux capitaux des hommes d’affaires Bidhane qui s’y sont engouffrés, se substituant aux agriculteurs négro-africains. L’opération se soldera par la mise au chômage de bataillons entiers de Négro-africains qui iront grossir les rangs des miséreux des villes de Mauritanie.

En 2011, sous un régime qui a abandonné l’organisation des campagnes agricoles, supprimé le crédit agricole et renoncé à l’insertion des jeunes par l’agriculture, une grande partie de la jeunesse, notamment d’origine agro-pastorale, s’est sentie menacée dans son existence et a violemment manifesté contre le régime.

Leçon n° 12 : Les événements de Kaedi, exactement comme ceux de Vassala, Guérou, Néma, Aioun, El kaaba et Bassiknou, sont d’origine économique. Ils sont causés par la démission de l’Etat et visent à obtenir des services et des garanties. La politique est la forme que ces causes ont choisie pour s’exprimer. Sans de profondes réformes économiques le mécontentement perdurera.

13- Ceux qui ne voient pas au-delà du bout de leur nez pensent que le différend entre le Général Aziz et les Négro-africains de Mauritanie se limite au problème du recensement. La question négro-africaine a été posée lors des concertations politiques de 2007. La droite Bidhane s’était opposée au retour des déportés qu’elle avait conditionné à l’indemnisation des Rapatriés criant aux « défis stratégiques de la démocratie en Mauritanie ».

Cette droite combattra avec férocité la politique de retour des déportés initiée par Sidi Ould Cheikh Abdallahi en 2007 et essayera de la confiner dans un cadre sectaire en insinuant que « c’est la Tidjania qui essaye de récupérer ses ouailles déportées ». Cette droite ira jusqu’à appuyer un coup d’Etat militaire pour « éviter l’infamie ». En face, la droite négro-africaine (représentée par son père spirituel Mortodo Diop, alors qu’une autre faction de cette droite est allée à la pêche aux avantages politiques) s’est dressée contre le Coup d’Etat avant tout pour préserver ses propres intérêts.

Cette droite négro-africaine anti-putschiste avait interprété le coup d’Etat de Aziz comme étant une tentative de remise en cause des acquis obtenus sous le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Pourtant les déportés continuaient à rentrer au pays même s’il était vrai que les indemnisations avaient commencé à tarir. En février 2009, le mouvement étudiant d’obédience négro-africaine dressa ses sympathisants contre Ould Abdel Aziz. Le cortège du Général avait même été caillassé et avait essuyé quelques jets de détritus lors d’une mémorable visite à l’Université de Nouakchott.
En avril 2009 des ministres de Aziz avaient prononcé des discours hostiles à l’enseignement du français en promettant une généralisation rapide de l’usage de la langue arabe. Il s’en était suivi de violents heurts à caractère racial dans l’enceinte de l’Université. En avril 2011 certains milieux étudiants rapportaient l’implication directe du régime dans la perturbation des élections estudiantines. En août 2011, le site Wikileaks publiait des documents, appartenant à la correspondance secrète entre l’ambassade américaine et les autorités centrales de ce pays, dans lesquels le Général Aziz affirmait l’impossibilité qu’un noir devienne président de la Mauritanie.

Le même mois d’août 2011, le Général Aziz prononçait un discours adressé au peuple dans lequel il parlait « d’infiltrés » et de « voleurs de nationalité ». Ce discours avait ravivé les craintes latentes de nombre de Négro-africains. En septembre 2011, le Général Aziz donnait une interview dans un organe de presse à large écoute dans les milieux négro-africains [kassataya NDLR]. Dans cette interview, le Général Aziz, sur un ton volontairement martial, s’entêtait à affirmer qu’il n’y aucun problème avec le recensement en cours et que l’esclavage n’existe pas en Mauritanie. Il remettra une couche concernant les « infiltrés » et les « voleurs de nationalité » tout en renouvelant sa confiance dans les commissions d’arbitrage que désignera le Gouvernement et qui seront chargées de trancher les litiges et contentieux liés à la nationalité.

Au lieu que le dialogue en cours soit un moyen d’apaisement et de détente de l’atmosphère politique, le pays, par cette crise de Kaedi, a franchi un pas supplémentaire dans l’escalade.

Leçon n°13 : Les événements de Kaedi ont prouvé que le régime actuel est incapable de réunir et de maintenir le modèle de cohabitation pacifique inventé et expérimenté par les anciens Kaediens pendant un siècle et demi. Ces événements montrent que ce régime doit partir. C’est là aussi un autre point commun entre Vassala et Kaedi.

Par Braham Abbass Traduit de l’arabe par KASSATAYA

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