La polémique enfle après la diffusion d’images de l’exécution de Saddam Hussein samedi. Un des procureurs présent lors de la pendaison de l’ancien président irakien a démenti mercredi avoir accusé un conseiller à la sécurité nationale d’avoir filmé la scène, tandis que l’entourage du Premier ministre annonçait l’arrestation d’un suspect. "Le gouvernement a arrêté il y a quelques heures la personne qui a réalisé la vidéo de l’exécution de Saddam.
C’est un responsable qui a supervisé l’exécution et fait désormais l’objet d’une enquête"", a déclaré un conseiller de Nouri al-Maliki, qui a requis l’anonymat et n’a pas livré l’identité du suspect. "Je n’accuse pas Mouaffak al-Roubaïe (le conseiller à la sécurité nationale), et je ne l’ai pas vu prendre de photos"", a déclaré à l’Associated Press Munqith al-Faroun, procureur irakien ayant jugé Saddam Hussein pour génocide, et membre du groupe ayant assisté à l’exécution. "Mais j’ai vu deux responsables du gouvernement, qui étaient (...) présents pendant l’exécution, utiliser les lumières présentes pour l’enregistrement officiel de la pendaison et filmer la scène avec leur téléphone portable"", a déclaré au téléphone Munqith al-Faroun. ""Je ne connais pas leur nom mais je me souviens de leur visage."" Il a précisé que les deux hommes avaient pris ouvertement des photos et vidéos qui sont vraisemblablement celles diffusées sur la chaîne panarabe par satellite Al-Jazira, et sur Internet peu après l’exécution de l’ancien raïs. Dans le "New York Times" de mercredi, M. Al-Faroun a déclaré que "l’un des deux hommes tenant en l’air un téléphone équipé d’une camera afin de prendre une vidéo des derniers moments de Saddam Hussein était Mouaffak al-Roubaïe, le conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Nouri al-Maliki"". Selon Munqith al-Faroun, 14 responsables irakiens, dont un autre procureur et lui-même ainsi que trois bourreaux étaient présents. Tous les responsables ont été amenés par un hélicoptère américain sur le site d’un ancien complexe de renseignement militaire, où Saddam Hussein a été exécuté. M. Faroun pense que les téléphones qui avaient été confisqués avant le vol ont pu être passés aux deux responsables par leurs garde du corps arrivés sur les lieux en voiture. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête sur la manière dont s’est déroulée l’exécution de Saddam Hussein, et pour déterminer qui a filmé en vidéo et diffusé l’enregistrement de cette pendaison lors de laquelle le supplicié a été insulté.
Barzan Ibrahim et Aouad Hamed al-Bandar seront exécutés jeudi
Les deux co-accusés de Saddam Hussein devraient être exécutés par pendaison jeudi. Les préparatifs ont commencé. La télévision satellitaire Al-Arabiya et la télévision Al-Furat, dirigée par la principale organisation politique chiite, ont également fait part de la prochaine exécution du demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Ibrahim, ancien chef des renseignements, et Aouad Hamed al-Bandar, ancien président de la Cour révolutionnaire. Le lieu et l’heure des exécutions n’ont pas été fixés, selon ce responsable du gouvernement, qui s’exprimait sous condition d’anonymat. Les deux hommes devaient être pendus samedi avec Saddam Hussein. Selon ce responsable irakien, les derniers détails doivent être réglés avec l’armée américaine qui est chargée d’emmener les suppliciés vers le site d’exécution.
Selon le Général Galdwell : Saddam était «digne comme toujours»
L’armée américaine n’a pris aucune part à la pendaison samedi à Bagdad de l’ancien président irakien Saddam Hussein et aurait procédé à l’exécution "autrement", a déclaré mercredi le porte-parole du contingent américain en Irak le général William Caldwell. Saddam Hussein était "sous contrôle physique" des militaires américains jusqu’à ce qu’il soit remis aux autorités irakiennes, quelques minutes avant l’exécution, et tous les personnels américains avaient quitté la salle prévue à cet effet, a affirmé le général Caldwell au cours d’une conférence de presse. "L’Irak est un pays souverain. C’était sa décision et sa responsabilité de décider de la manière dont devaient être organisées les choses", a-t-il assuré. "Si vous me demandez si nous aurions fait les choses différemment, oui nous aurions fait autrement. Mais cela n’était pas de notre ressort, c’était une décision du gouvernement irakien", a commenté le général Caldwell. Tournée avec un téléphone portable, une vidéo pirate de l’exécution a été diffusée dès dimanche sur internet, révélant que des témoins ont scandé le nom du chef radical chiite Moqtada Sadr, tandis que d’autres ont insulté l’ancien président. Une enquête a été lancée par le Premier ministre Nouri al-Maliki pour déterminer l’auteur de cette vidéo, alors que seuls deux témoins, des hauts responsables du gouvernement, disposaient de téléphone portable parmi la vingtaine de personnes présentes. "Saddam Hussein a quitté son lieu de détention vers 05H05 (02H05 GMT). Nous avons suivi les procédures habituelles, logistiques et sécuritaires, pour ses déplacements, avec notre détachement de police militaire et les autres personnels appropriés", a expliqué le porte-parole américain. Saddam a été remis physiquement aux autorités irakiennes vers 05H30 (02H30 GMT) dans une cellule d’un bâtiment de la prison d’As Baratha, où a eu lieu l’exécution, a-t-il précisé. "Nous l’avons amené à la prison d’As Baratha (...) Nous avons signé les papiers nécessaires. A partir de ce moment, nous n’avions plus rien à voir avec ce qui allait suivre", a affirmé le général Caldwell. "Je suis entré personnellement en contact avec des Américains qui étaient présents à ce moment. Ils m’ont indiqué qu’il (Saddam Hussein) était digne, comme toujours. Il était courtois et l’a toujours été avec les membres de la police militaire", a-t-il raconté. Le condamné à mort "a dit adieu à son interprète. Il a remercié ses gardes américains (...). Il a remercié le médecin qui a voyagé avec lui dans l’hélicoptère et le colonel qui était présent. Ensuite, nous n’avons plus rien eu à voir avec les procédures et les mécanismes de contrôle mis en oeuvre à partir de ce moment là ". "Les forces américaines se sont alors retirés du bâtiment", selon le général Caldwell. (avec Agences)
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