Honni et décrié, mais maintenu contre vents et marées   
08/03/2011

«La coordination du 25 février» un collectif d’initiatives nées sur «Facebook» et constituées de jeunes se présentant comme apolitiques a organisé l’après-midi du 4 mars son troisième grand meeting à la place des Blocs, au centre de Nouakchott. Le meeting qui intervient...



...après ceux tenus les 25 février et 1er mars a drainé de la foule et s’est déroulé Ã  un moment où se tenait au Palais des Congrès de Nouakchott, une réunion du Panel de haut niveau sur la Cote d’Ivoire regroupant outre le président Mohamed Ould Abdel Aziz, les présidents Burkinabé, Sud Africain, Tchadien et Tanzanien. 
Les organisateurs perchés sur une camionnette sont relayés pour haranguer une foule venue nombreuse (par milliers) en utilisant à cet effet une sonorisation alimentée par un groupe électrogène.
Se félicitant de «l’incapacité des services de renseignement à noyauter la coordination en dépit de moult tentatives», l’un des orateurs membre de l’initiative «Dégage Aziz» a insisté sur le caractère pacifique et civique de leur démarche. «Nous continuerons à manifester, personne ne pourra -même en nous découpant en rondelles- nous en empêcher!» a-t-il prévenu.
«Nous ne sommes pas ici pour semer les troubles. Ceux qui veulent le faire seront chassés Â» a-t-il également ajouté.
«Nous avons soif», «Nous avons faim», «Nous voulons une justice indépendante», «Non à l’esclavage», «la Mauritanie c’est sa jeunesse», «Non à la gabegie», «Non à la hausse des prix», Â«un pays riche, un peuple pauvre», «Non à la marginalisation des langues nationales» et «pourquoi se taire ? » tels sont entre autres les slogans brandis par les jeunes.
Le gros des revendications étaient d’ordres socio-économiques comme on l’a vu et peuvent donc trouver des débuts de solution à travers des reformes ou des mesures pratiques, quoique la récente annonce faite par la Primature relative à l’organisation d’un concours de recrutement de 250 cadres au mois de mars, a été critiquée par l’un des intervenants qui a estimé qu’elle est destinée à «jouer sur les esprits» car insignifiante compte tenu du nombre des chômeurs qui dépasserait les 100 000.
Les revendications qui vont au delà des reformes et qui versent dans le sens de la rupture et du changement de régime ont Ã©galement été présentes dans le discours des manifestants : Â«Les militaires doivent regagner leur caserne et le pouvoir doit revenir aux civils. Non à la militarisation de l’Etat et du système !» a déclaré Djibril Diallo l’un des orateurs qui s’est exprimé successivement en Pulaar et en Arabe.
Le meeting du 4 mars s’est terminé sans incidents sauf l’agression menée contre femme une responsable du RFD (opposition) menée dit-on par des «Baltajia» infiltrés parmi les manifestants pour saboter et rendre compte. Mais officiellement le gouvernement a choisi jusqu’ici d’observer, de comprendre et de réagir par des engagements et des promesses.
Mais le phénomène prend de l’ampleur malgré la minimisation de son impact et de ses orientations par des correspondants de la presse étrangère mis au pas, ainsi que par des journalistes locaux, griots du régime. 
Il n’est donc pas certain que le gouvernement -qui ne compte pas que des colombes- va continuer sur la même lancée, surtout que la fronde a gagné l’intérieur du pays.
A Fassala, les manifestants s’étaient pris il ya quelques jours aux édifices publics et ont les ont ravagé. Ils ont été sauvagement réprimés mais ont obtenu en définitive la satisfaction de certaines de leurs doléances dont la réparation du réseau d’adduction d’eau. A Nouadhibou, à Aioun, Ã  Kiffa et à Nema des mauritaniens sont sortis pour exprimer leur ras-le bol devant la cherté de la vie et l’incurie. A Nouadhibou (450 kms au Nord de Nouakchott) les manifestants avaient exigé le limogeage du wali, du maire et du préfet et obtenu suite à cela des engagements pour 400 embauches. Des informations ont annoncé que les détenus de la prison civile de Nouakchott sont entrés en grève de faim en solidarité avec le mouvement qui a débuté le 25 février à Nouakchott. D’ailleurs des échos parviennent de cette prison faisant état d’affreuses tortures menées contre des prisonniers dont l’un s’est cousu la bouche tandisque le second condamné à mort, avait écrit au président de la République pour qu’il soit exécuté et se voir délivrer ainsi. Trois mouvements de protestation ont eu lieu à Nouakchott au milieu de la semaine écoulée.
D’abord les professeurs vacataires de l’Université de Nouakchott, ensuite les inspecteurs de impôts et enfin les candidats au Bac qui exigeaient la suppression des matières facultatives de l’examen.
La coordination des syndicats de la santé a annoncé une grève générale pour le début de la semaine qui débute le 6 mars. Cette annonce est intervenue dans un communiqué rendu public le 2 mars dans lequel cette coordination a dénoncé le non respect par le ministre de la santé des engagements pris envers les personnels de la santé.
Les étudiants de la Faculté de médecine de Nouakchott (affiliés à l’UNEM) ont brandi le 2 mars au cours d’un sit-in, la menace de grève devant la situation critique qu’ils disent vivre par manque d’outils de travail et de formation. Ils ont dénoncé à l’occasion l’insouciance du Doyen de la Faculté de médecine face à leurs doléances et ce, en dépit de l’existence de moyens.
Le gouvernement multiplie les concessions et les promesses pour tenter de juguler la fronde sociale qui symbolise le mal être actuel des Mauritaniens face à l’incurie, au cynisme (notamment de Sidi Ould Tah le ministre des affaires économiques qui n’arrive pas à mobiliser les ressources promises par les partenaires auxquelles il préfère les chinoiseries) A cela s’ajoute l’incertitude résultante de la gestion du médiocre Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf et de certains de ses sbires. Et tandis que la jeunesse organise à Nouakchott des manifestations périodiques depuis le 25 février, les populations des régions de l’Est expriment de plus en plus leur mécontentement vis-à- vis de l’incurie du gouvernement actuel honni et décrié mais maintenu contre vents et marées.
Avant le 4 mars, c’était des milliers de jeunes mauritaniens ont tenu un meeting l’après-midi du 1er mars dans la place des «Blocs» à Nouakchott au cours duquel ils ont pour certains appelés à des «reformes» et pour d’autres, ou «changement» (de régime). Plusieurs orateurs se sont succédés pour dénoncer la hausse des prix, l’esclavage, la marginalisation, le trafic d’influence, le tribalisme, la gabegie, et bien d’autres maux qui gangrènent le pays.
Les jeunes semblent déterminés à s’exprimer et à participer en dehors la culture de la peur, du silence, de la complaisance, du mercenariat politique et des montages grotesques.
Les populations d’Aioun (800 Kms à l’est de Nouakchott) ont organisé le 1er mars une manifestation contre la hausse du prix du pain. Les manifestants ont interrompu la circulation des automobiles à Aioun et amené les commerces à fermer leurs boutiques par crainte des pillages. Une deuxième manifestation a eu lieu, mercredi 2 mars à Aioun. Les élèves des établissements secondaires d’Aïoun ont séché les cours pour participer à une manifestation, la seconde en deux jours après la celle du 1er mars consécutive à une hausse de 10 UM du prix de la miche du pain.
L’annulation de cette hausse décidée par l’administration locale n’a pas empêché le renouvellement des manifestations La police d’Aioun après avoir arrêté 5 manifestants s’est vue contrainte de les libérer sous la pression de la foule. Après avoir soufflé à Nouakchott le mécontentement populaire a gagné l’Est mauritanien (fief du Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf), à Fassala d’abord et ensuite Aioun. La ville d’Aioun revêt une importance symbolique aux yeux des Mauritaniens. Elle la plus belle ville de Mauritanie et son lycée, l’un des plus anciens du pays a abrité des lycéens venus de presque toute la Mauritanie Ce qui fait que pas mal de Mauritaniens se sentent Aiounois et vibrent dés lors qu’elle vibre.

IOM


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