L’Origine des Maures: (Veme partie , suite et fin de la première Série)   
08/12/2006

Bien avant l’arrivée du Chameau  qui fut  une révolution et qui constitue, en soi l’un des principaux éléments de  l’origine des Maures, de nombreux peuples cohabitaient dans cette  partie de l’Afrique ( ifriqia) dont les cotes ont été fréquentées par les premiers voyageurs maritimes phéniciens . Ainsi les lybico berbères ou Maurii, les Numiddians du littoral, les Gétules, les métis qui vivaient aux confins du Sahara, comme les Pharisiens, les Negri tes et les Gara mentes  de même que les éthiopiens qui se déployaient entre le Wad de Suez jusqu’à la bordure d’Aljarid, tous ont vécu durant les ages les plus anciens dans cet espace.



C’est grâce  aux renseignements fournis par l’une de ces collectivités , notamment les Gara mantes les quels ont été cités par Hérodote  en 500 Avant JC, que les Romains ont pu, durant les siècles suivants, prendre connaissance des centres d’intérêt commercial, situés à l’intérieur de L’Afrique. Les traces de ce commerce  avaient disparu mais les publications relatives au sujet citent le diamant  rouge en tant que marchandise en provenance du Sahara. Il se peut aussi que ce  commerce avait pour objet  une traite esclavagiste. On rapporte, à ce sujet, que les Gara mantes se lançaient, avec leur chars –quatre chevaux, à la poursuite de Ethiopiens.
Il est courant de rendre l’expression grecque Aithiops par ’’ L’homme au visage  défiguré’’ ou  autrement dit qui ’’ a été affecté et noirci par le soleil’’. Ce thème a fait l’objet d’une très franche discussion lors du colloque organisé à Dakar du 19 au 24 janvier 1976 sous le titre « l’Afrique noire et le monde de la méditerranée dans l’antiquité».
Pendant ces temps lointains, des éléments d’une race blanche, d’une grande taille , aux traits méditerranées et aux  géants crânes, vivaient au milieu et au  Nord du Sahara. Ces êtres avaient le visage quelque peu rectangulaire et les membres assez minces. Ils avaient, donc, les éléments de la composition morphologique des  actuels Touaregs.
 Dans les oasis du Sahara  il y’avait les  ha ratines qui cohabitaient avec des métis d’origine éthiopienne, évoqués par Hérodote et ils auraient été , selon certaines hypothèses  non fondées , asservis par les Gara mantes de condition aisée. En vérité, les Ha ratines qui ont subi, par la suite, des multiples influences, sont , plutôt , les rescapés de la déchéance qui a frappé leurs ancêtres les Gara mantes.
La grande entité territoriale que les Å“uvres gréco-latines appellent le Royaume des Gara mantes apparaît, en tout cas, comme l’unique Etat organisé en Afrique, au sud des terres qui furent la propriété de Carthage avant d’être conquises par Rome.. Les Gara mantes ont, selon ce que rapporte Hérodote dés 500 avant JC,  affronté l’expansion romaine vers les frontières sud du Maroc mais ils ont été défaits  par le Pro-consul  Cornellius Palios ’’le petit’’  en  19 avant JC  et complètement battus par le  commandant du régiment africain en 69 après JC. Il semble que, par la suite, le Royaume des Gara mantes est devenu un Etat tributaire de l’Empire romain. 
Toujours est-il que la fin du royaume des Gara mantes a été, par ailleurs, facilitée par l’avancée des Baffars ( Bafour) qui ont multiplié les attaques contre les anciens maîtres du Grand Sahara .Certains auteurs soutiennent que ces Baffar sont d’origine juive et qu’ils avaient des comptes à régler avec les  chrétiens agh roumans  ( Gara mantes).

                                      Les juifs

En réalité, on estime, généralement,  que l’arrivée de la première vague importante  d’immigrés juifs  au Nord de l’Afrique , et précisément  à Srinayka – (Burgha- Libye),  s’est effectuée, probablement, à la fin du VI eme siècle avant JC.   En l’an 115  de l’ère chrétienne, les juifs se sont révoltés contre le pouvoir romain dans ce territoire. L’échec de cette révolte conduisit un grand nombre de juifs à prendre le chemin de l’Ouest.
 Il est , aussi, probable qu’une partie de ses juifs est restée dans les oasis du Nord du Sahara. Certains même vont jusqu’à rattacher les deux peuples Foulbé et Soninké aux juifs venus , depuis des ages antiques, de l’Afrique du Nord .Mais de telles hypothèses relèvent de la pure spéculation. En réalité,  ces deux peuples seraient plutôt, le produit d’un mélange de races négrrito- berbères. 
Les  géographes arabes ont, en tout cas, signalé la présence juive dans des anciennes agglomérations du Sahara comme la cité Banklabin ( sud est Mauritanie) ? Plus récemment , le  portugais  Fernandes a écrit en 1506 – 1507 que des colonies de commerçants juifs prospères vivaient à Walata au XVIeme siècle.
 De même le célèbre al-Barteily ( m.1805), auteur de Fath ash-shakùur  a évoqué la présence  de ces commerçants juifs qui vivaient dans l’entourage des notables de Walata. Des récits locaux font, également, part  d’un ’’mellah’’, un quartier juif, qui existait dans l’actuel Wadane.. En règle générale, la présence des juifs dans le grand Sahara n’a été , cependant, signalée que dans les anciennes citées. Il semble qu’ils n’ont pas été attirés par le mode de vie nomade en raison de   leur vocation sédentaire laquelle avait, essentiellement,  des motifs  d’ordre commercial  ou de résidence provisoire.

                                   Les Bafours

 A vrai dire, parmi les tribus  Moros précitées qui sont les ancêtres des Sanhadja et qui ont  combattu les Romains,  les Bafours demeurent, jusqu’à nos jours, les moins connus. Les sources arabes médiévales sont silencieuses  à leur sujet. L’imaginaire collectif des Maures en fait   des  habitants  légendaires. En effet, a en  croire  les récits relatifs à la fondation des citées de l’Adrar : Tinigui, Abeir, cheinguiti , Wadane,  ces citées ont été habitées bien avant la propagation de l’Islam ?  Les traditions orales, transmises de génération en génération, font  de ces Bafours, les premiers habitants d’Azougu qui ont été anéantis, avec leur féroces chiens, par l’émir almoravide Abu Bakr ibnou Amer.
Le chercheur polonais  T.Lewicki a , quant à lui, soutenu qu’ils appartiennent à l’une des tribus de la Maurétanie césarienne qui porte le nom de Baffars  et qui a joué ,  durant le second siècle de l’ère chrétienne ,des  rôles d’une grande importance en Afrique du Nord.
Les Bafours font, en réalité, partie des ancêtres des Sanhadja et des berbères du Sahara. La preuve de cette affirmation résulte, d’ailleurs, de leurs noms berbères qui sont restés connus jusqu’au XVIIeme siècle comme  le nommé Galit ben Mahand et tant d’autres.
 Les traces des Bafours indiquent qu’il s’agissait d’un puissant peuple berbère dont les composantes guerrières ont combattu dans les rangs des Almoravides. Dans ce sens, il est intéressant de noter que la collectivité actuelle des Téizegua (qui renferme en son sein des groupements Lemtouna.)  affiliée aux Bafour fut l’une des tribus  qui ont été à l’avant garde  des armées lamta. A cette occasion, ils se sont, d’ailleurs, distingués par l’utilisation  des boucliers lamtis  qui ont été d’une mémorable efficacité.
 Les indices probants de cette mission d’avant garde qui a été dévolue  à des tribus Bafours découlent du fait indéniable que les éléments précurseurs du mouvement almoravide qui ont occupé l’Adrar étaient, essentiellement, issus de ces tribus. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que leur nom a été attribué à la montagne  ’’Adrar an Bafour’’ qui signifie montagne des Bafours .Tout porte à croire que ces événements se sont déroulés au tout début du mouvement des Almoravides vers 1053 Après JC.
 A  ceci, s’ ajoutent  d’autres indices qui indiquent que le Bafour avaient , comme les Sanhadja, un mode de vie pastoral dont l’illustration est apportée par l’existence dans l’actuel Hodh d’une marre  qui s’appelle ’’la Bafouriya’’.
Il faut dire que la carte humaine du Sahara, territoire des enturbannés, fut, à cette époque, assez complexe. Ainsi, de la dizaine de tribus décrites par  Ibnou Howghal , la mémoire almoravide écrite ne retient que quelques tribus Sanhadja qui vivaient au Nord du Sahara et qui ont fondé des Etats et des Royaumes dont , notamment, le Royaume de l’Awkar dans le Sud Est de la Mauritanie actuelle .

                                               Hamahou Allah 0uld Salem
                                       Professeur d’Histoire à l’Université de Nouakchott

 

NB : Dans notre prochaine édition nous aborderons une nouvelle série intitulée :
"Le  pouvoir des hommes voilés : du VII eme au XI eme siècles, les Sanhadja des confédérations tribales à la fondation de l’Etat almoravide"


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