"Ce n’est pas le problème de l’Etat, si les distributeurs ne réclament pas la différence à Fal Oil" C’est quoi la nouvelle société mauritano-soudanaise de Bunkering qui va ravitailler en carburants les bateaux en mer? Quelle place pour la politique dans cette nouvelle société ? Est-elle une «Chinguitel-bis»? Comment est établie la structure des prix des hydrocarbures en Mauritanie? ...
...Quelles relations la Direction Générale des Hydrocarbures Raffinées entretient-elle avec Fal Oil, le fournisseur de l’approvisionnement pétrolier de la Mauritanie jusqu’à 2012. Qu’est ce qui explique les remous avec signatures et résiliations, qu’a connus le contrat de cabotage des hydrocarbures entre Nouadhibou et Nouakchott? A toutes ces questions, et à bien d’autres, M. Cheikh Ould Bedda, Directeur Général (DG) des Hydrocarbures Raffinés au ministere mauritanien de l’Energie et du Pétrole a accepté de donner ses réponses sur un ton qui a paru à la fois, affecté et sincère. Réponses ponctuées de révélations sur les problèmes et les solutions apportées, mais aussi, sur d’anciens préfinancements effectués de «manière incorrecte» sur la structure des prix des hydrocarbures pour lesquels M. Ould Bedda déclare faire l’objet de menaces verbales. Une grosse affaire d’ hydrocarbures plane donc dans notre ciel parfois ombrageux. «Je mesure les risques. Mais j’irais à l’avant!», nous a-t-il dit, dans ce long entretien. La nouvelle société de Bunkering suscite des interrogations qui attendent des réponses…
Je considère que cette rencontre va constituer une occasion pour éclairer l’opinion publique sur des questions posées légitimement au niveau du secteur des hydrocarbures raffinés et dont la dernière est relative à la société de Bunkering (approvisionnement en mer des bateaux, ndlr) créée en partenariat avec nos amis Soudanais. Suite à la dernière visite du Président de la République au Soudan une convention a été signée en ce sens entre Madame la Ministre des Affaires Etrangères et le Ministre Soudanais chargé du Pétrole. 20 jours après, les services techniques des deux parties n’ont pas tardé et un procès verbal a été signé pour la mise en place de cette société de Bunkering dont l’assemblée générale d’entreprise est prévue pour le 25 février prochain. Cette entreprise aura un impact déterminant sur l’économie mauritanienne. Chaque bateau de pèche aura à économiser 5 jours parce car les navires interrompaient leur marée pour s’approvisionner en Gazoil à Nouadhibou. La société en création constituera un service de proximité pour les bateaux avec des endroits précis dans les zones de pèche où ils pourront s’approvisionner. C’est valable aussi pour les bateaux de la marine marchande et le minéralier de la SNIM qui pourront s’approvisionner en fioul et en gazoil au large, sans revenir au port de Nouadhibou. La Mauritanie n’investit aucun sou dans cette affaire. Elle aura le pourcentage le plus déterminant, sans aucun investissement. Nous contribuons avec l’agrément que nous allons donner ainsi qu’avec nos capacités de stockage avant la livraison de produit. Nos amis Soudanais vont amener et le produit et le fonds de roulement de l’entreprise. Je rappelle que le partenaire privé mauritanien a été sélectionné de manière très claire parce qu’il est l’unique entreprise qui avait demandé au niveau du Ministère des pèches il y a de cela un an, une demande officielle pour exercer l’activité de Bunkering Le mode partenariat public- privé marchant le mieux aujourd’hui, nous nous sommes associés à cette entreprise privée qui avait déjà demandé un agrément. Cette entreprise est minoritaire (dans le capital, ndlr). Je ne peux me prononcer à présent, sur les parts, de part et d’autre, mais je confirme que les Etats Mauritanien et Soudanais sont largement majoritaires, et que le privé est là , pour apporter le support marketing de l’affaire. L’assemblée Générale étant prévue le 25 février. Je ne peux rien avancer sur ce plan. Alors quand on dit que cela été fait dans l’opacité totale, nous au Département (de l’Energie, ndlr) on se pose des questions. L’entreprise va créer 150 emplois la première année sans que le pays n’investisse rien. Ce mode de montage d’entreprise respecte-t-il la loi ? Y-a t-il un décret? Très bonne question, qui a sa réponse. La loi 2002/24 est l’unique ordonnance qui cadre les activités au niveau du département des hydrocarbures raffinées. Elle dit que l’activité de distribution est tout à fait légitime en Mauritanie. Quand elle est en mer, cette activité s’appelle Bunkering. A terre, elle s’appelle distribution. Nous considérons que le Bunkering est une activité de distribution. Et si demain nous envisagerions de donner des agréments pour le ravitaillement des avions en vol, nous considérerons aussi que c’est de la distribution. L’unique particularité c’est qu’il faille tenir compte des aspects environnementaux. Et là , nous avons appelé le Ministère des Pèches pour leur dire que nous envisageons de créer une direction environnement et sécurité (pour le Bunkering, ndlr) et nous leur avons demandé de se concerter en tant que responsable du domaine maritime avec le Ministère de l’Environnement pour le meilleur cadre à placer sur cette direction. On a exigé des Soudanais que la direction de l’environnement et de la sécurité soit du ressort des Mauritaniens. Avez-vous exigé des garanties de sécurité préalables à l’exercice de l’activité? L’ensemble des équipements qui vont exercer l’activité seront soumis à une inspection internationale qui sera attestée par une société de classification internationale, soit Veritas, soit Lyods, dans les tous cas parmi le club ICAS, qui est le top dans le domaine. On ne se suffira pas d’une inspection nationale. C’est ce qu’on avait exigé pour le cabotage (transport des hydrocarbures par mer entre Nouadhibou et Nouakchott, ndlr). Enfin, il y a aura bien un décret qui va annoncer officiellement la création de l’entreprise. Pas d’entreprise donc sans ce décret de création. L’entreprise n’a pas encore commencé son activité. D’où proviendra ce fameux pétrole? Pourra t-il profiter en plus des bateaux, aux automobilistes? Les bateaux européens en seront-ils clients, sachant que le Soudan est soumis à des sanctions internationales? Le pétrole ne provient pas du Soudan. Ce sera un produit raffiné acheté comme on fait pour l’approvisionnement de la Mauritanie en hydrocarbures. C’est le fournisseur de la Mauritanie qui fournira la nouvelle entreprise de Bunkering. Et la Mauritanie gagnera en économie d’échelle. C’est connu, quand vous augmentez la quantité demandée au fournisseur vous diminuez le différentiel de prix. Nous consommons aujourd’hui à titre d’exemple 700 000 Tonnes Métriques (TM). Avec le Bunkering on aura la première année un additif de 350 000 TM. Imaginez donc le différentiel de prix qui va s’engendrer par rapport à cela. Vous demandez si les bateaux européens vont s’approvisionner, je crois que cela dépendra de la politique commerciale de la nouvelle entreprise. Les européens interrompent maintenant leur pèche pour aller s’approvisionner au port de Las Palmas. Je ne les verrais pas le faire quand ils auront des tankers à coté qui pourront les ravitailler. Nous aurons là une activité unique au niveau de la sous-région. Le Bunkering ne profitera pas aux automobilistes car il s’agit d’un gazoil pèche ou Fioul. C’est un produit sous douane. Le secteur de la pèche est exonéré de toutes taxes. Mais l’on ne sait à ce stade, si ce produit sera exonéré, totalement ou partiellement. On parle d’accointances politiques qui pourraient accompagner de telles entreprises?
Il y a des gens dont le rôle est de critiquer tout ce qui se fait de bon. Quand on a envisagé la création de cette entreprise de Bunkering ils ont dit : c’est une «Chinguitel bis». Je tiens à vous dire que le président de la République et les membres du Gouvernement n’ont rien à voir de prés ou de loin, avec cette entreprise. Les actionnaires sont : Chinguitti Investments (entreprise privée) choisie de la manière la plus transparente parce qu’elle est l’unique à avoir sollicité un agrément de Bunkering et je défie quiconque d’apporter la preuve de l’existence d’une autre société qui a obtenu un agrément dans le domaine. Le deuxième partenaire c’est le Public Mauritanien à travers le ministère de l’Energie qui va déléguer à l’une des entreprises publiques comme la SMH, la SOMIR ou le GIP. Il y a enfin, la partie Soudanaise avec la société SPPHC propriété à 100 % de l’Etat Soudanais ainsi que son partenaire, une société britannique. Je suis donc gêné en tant que citoyen d’abord, quand je lis que cela a été fait dans l’opacité totale alors que ceci permettra d’alléger la facture énergétique du pays, d’améliorer les recettes du Trésor public et de résorber un manque à gagner. Comment est établie la structure des prix des hydrocarbures? La structure des prix se fait conformément à la réglementation mauritanienne. C’est effectivement la Commission Nationale des Hydrocarbures (CNH) qui élabore un projet de structure de prix et l’envoie au ministre de l’Energie qui l’envoie pour contrôle et vérification. Ensuite, le ministre fait l’arbitrage avec qui de droit, parce que le prix des hydrocarbures a son incidence sur le politique et le social. Il y a effectivement des modifications en baisse ou en hausse qui sont apportées à la structure suite à l’arbitrage. Une fois la décision arrêtée, le projet de structure des prix est transmis au Directeur Général des Hydrocarbures Raffinées qui établit seulement le projet d’arrêté mais pas la structure elle même. La structure se compose donc d’un arrêté (acte réglementaire) auquel est adjointe la structure des prix. Cette dernière est bien initiée conformément à la loi par la CNH . Il est étonnant de lire dans la presse que la CNH ne l’initie pas, alors que nous avons les transmissions et les décharges. Existe-t-il un rapport entre le taux de la structure des prix et celui de la BCM? Le taux de change de la structure des prix (des hydrocarbures) n’est nullement celui de la BCM. Le décret 2006/30 qui est en vigueur stipule qu’il est égal à la moyenne de la semaine passée de la structure des prix par rapport au taux du dollar à la BCM, en plus d’une marge de 1% . Pourquoi est-il majoré de 1% ? C’est parce que les factures faites à présent seront payées après 6 mois au cours desquelles les prix peuvent connaitre des hausses ou des baisses. Nous avons prévu une fourchette de 1% par un décret, par une disposition réglementaire, qu’aucun directeur ou ministre ne peut changer. Et au sujet de vos multiples voyages? Il a été question de mes voyages sans qu’ils ne soient tous cités. Oui, j’ai été chez Vitol, Fal Oil, Addax, Sepsa, chez les Marocains, les Tunisiens, les Maliens et les Sénégalais. Tous ces voyages ont eu lieu suite à des invitations adressées au ministère de l’Energie qui les a instruit auprès de la Primature pour accord et ont tous fait l’objet d’ordres de mission et de prises en charge intégrales au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement. Mais il convient peut être de se demander : A quoi ont-ils servi ces voyages ? Pour Fal Oil avec la quelle nous sommes en contrat jusqu’en février 2012 ma visite ne peut donc s’inscrire dans le cadre de la négociation d’un contrat. Mais qu’est ce que nous avons obtenu de ce voyage ? Nous avons obtenu la signature d’une convention portant sur la formation pour 15 jours de 10 cadres du ministère de l’Energie à l’Institut Français du Pétrole (IFP). Des formations pour lesquelles nous n’avons pas proposé des secrétaires ou des connaissances mais des ingénieurs en raffinage , en pétrochimie ou des chefs de services techniques. Fal Oil nous a envoyé également une mission d’experts qui vont réaliser à titre gracieux une expertise des installations de Nouadhibou qui connaissent les problèmes que nous avions hérité. D’ailleurs l’un des membres de cette mission (un grec) est malheureusement mort sur la route au retour de Nouadhibou. Fail Oil a pris l’engagement d’investir un million de dollars dans la sécurité des dépôts de Nouadhibou et de Nouakchott. Quand j’étais venu les voir, je leur ai dit que je considère que le contrat avait été mal négocié car un tel contrat devait comprendre des volets formation et investissement que le partenaire s’engage à mener. Le directeur Emiratie de Fal Oil a bien apprécié et a déclaré avoir l’habitude de recevoir deux catégories de gens : «L’une qui cherche le travail et l’autre le pèlerinage». Il a appelé aussitôt son directeur général et lui a dit : «Ce garçon est sérieux faites lui ce qu’il veut». Et ils ont signé la convention de formation. Je rappelle que je suis l’unique directeur dans l’histoire de la Mauritanie a avoir rejeté successivement trois bateaux parce que leurs spécifications techniques n’étaient pas conformes. Cela a couté 1,5 millions de dollars à Fal Oil. Le «Mardirevana» était resté 25 jours aux larges de Nouadhibou. Nous lui avons refusé le dépotage et il est revenu sur ses traces avec sa cargaison. Et quand Fal Oil avait dit que nous avions tort, nos ingénieurs sont partis avec eux à Paris et leur ont prouvé que nous avions raison et que leur pétrole ne répondait pas aux spécifications. Les stocks de sécurité étaient attribués les années précédentes à la demande. Aujourd’hui seules la SNIM et la SOMELEC en bénéficient. Fal Oil supporte des charges par rapport à cela. Parce que si elle n’arrive pas maintenir le produit dans les 24 heures des pénalités courent pour elle. C’est pour dire que nous n’avons jamais accordé de faveurs à Fal Oil.
Le marché de cabotage a connu des remous, pourquoi?
Le frêt était à 22 dollars quand nous sommes venus en mai 2010. Nous avions lancé un appel d’offres et aujourd’hui il est à 15 dollars. Mais les 15 dollars, ce n’est pas avec n’importe quel navire. J’avais trouvé devant moi un marché de cabotage attribué à deux sociétés : la SMNC et la MTM à 16, 85 dollars la Tonne Métrique. Fal Oil a refusé de signer avec la SMNC sous prétexte que son assurance n,’était pas bonne. J’ai convoqué Fal Oil et SMNC pour leur demander de trouver une entente sur ce marché déjà attribué car nous ne pouvons nous ingérer dans une affaire commerciale opposant deux entreprises. Fal Oil n’a pu trouver d’entente avec SMNC arguant qu’une visite technique a démontré que les bateaux de SMNC étaient back listés en Europe. Mais Fal Oil a l’obligation de ravitailler Nouakchott ( qui représente 70% du marché national) même s’il faut par avion, sinon sa caution de 10 millions de dollars mobilisable à la SNIM disjoncte aussitôt. Devant cette situation l’Etat a décidé d’attribuer le marché de cabotage à 100% à la MTM car Fal Oil était favorable aux bateaux de cette dernière. MTM dispose d’un bateau nationalisé (battant pavillon mauritanien, une exigence pour le cabotage, ndlr) et un bateau en affrètement. Le Ministère des pèches a donné alors à MTM une autorisation de 30 jours pour nationaliser son second bateau. MTM n’a pas respecté ce délai. Nous avons sollicité auprès du ministère des pèches une extension de l’autorisation qu’il a refusé. La MTM est restée avec un seul bateau qui ne fait pas l’affaire parce qu’il ne peut assurer l’approvisionnement de Nouakchott. Nous avons alors écrit à MTM pour leur dire que nous lui retirons 50% du marché de cabotage. Mais Fal Oil a argué qu’elle ne peut résilier à hauteur de 50% avec MTM avec laquelle elle a signé pour 100% et que dans pareil cas MTM pourra la poursuivre auprès du Tribunal de Paris. Et que par conséquent, soit elle maintient ou résilie le contrat avec MTM à 100%. Fal Oil a donc résilié le contrat de cabotage avec MTM et on s’est retrouvé avec une situation ou Fal Oil qui fournit l’approvisionnement pétrolier de la Mauritanie n’a pas de contractant mauritanien pour le cabotage. Nous avons alors lancé un deuxième appel d’offres pour lequel nous avons exigé qu’il y ait une inspection internationale pour tout bateau qui veut faire le cabotage entre Nouadhibou et Nouakchott et cela été inscrit dans le cahier des charges. Ce sont quand même des bateaux qui vont transporter le produit et passer à coté d’une zone sensible de reproduction de nos ressources halieutiques surtout que nous n’avons pas encore signé les instruments internationaux qui vont nous garantir le soutien de la communauté internationale en cas de marée noire. Un appel d’offres pour le recrutement d’un expert international a été lancé et a vu la participation d’hollandais, de norvégiens, de suédois et fut remporté par un sénégalais. Je n’étais pas présent en Mauritanie lors de la sélection du dossier. L’expert sénégalais a fait son inspection et présenté son rapport dans lequel il a affirmé que les bateaux de SMNC ne sont pas valables. C’est ce qui explique la dérogation faite à Fal oil pour le cabotage en attendant la sélection d’un caboteur national. Un appel d’offres sera lancé dans les prochains jours pour sa sélection et je demande à toutes les entreprises nationales de venir soumissionner. Ils doivent savoir que si SMNC est appuyée par des Députés de la Majorité son marché pour le cabotage a été néanmoins déclaré infructueux. Cela veut dire que l’administration a joué franc jeu qu’elle gère le dossier dans la transparence. Ce sont effectivement nos alliés politiques mais cela ne nous a pas empêché de refuser de leur donner un marché. Nous voudrions que toutes les entreprises viennent soumissionner. Nous avons prévu dans l’appel d’offres qui sera lancé que le maximum pour le cabotage est 15 dollars par Tonne et ce pour consolider l’acquis et éviter les ententes illicites. Notre objectif c’est la baisse des prix. On transportait à 22 dollars aujourd’hui on transporte à 15 dollars. Il y a des différences de facturation qui prêtent à équivoque... Le gain sur le cabotage (entre 22 et 15 dollars) est de 7 dollars par tonne. Il est répercuté sur la structure des prix : C’est «le fonds de solidarité –Gains sur le cabotage». Nous avons mis ce fonds de solidarité à Zéro pour faire baisser les prix des hydrocarbures. En tant que pays nous ne prenons strictement rien du tout. Il n’y a que le gain sur le cabotage. Il est liquidé par moi-même. Comment ? Auprès des marqueteurs (vendeurs de gazoil), ce sont eux qui font la collecte auprès de la pompe. Pour cela il faut examiner les sorties par distributeur à une période, les multiplier par 7 dollars et par le prix de la structure. Le montant est envoyé par décade à la fois au Trésor et à la société en question. Nous recevons en tant que pays notre argent comme il se doit. Le compte de solidarité est géré par le ministre des Finances .Le ministère de l’Energie l’alimente seulement. Maintenant si Fal Oil a réactualisé ses prix par rapport aux sociétés de distribution, ce n’est pas le problème de l’Etat. Nous ne payons pas les factures de Fal Oil, ce sont les distributeurs qui le font. J’avais adressé une lettre au président de la CNH avec ampliations aux distributeurs pour leur dire que conformément à l’accord avec Fal Oil les caboteurs transportent à 15 dollars. Maintenant si les distributeurs ne réclament pas la différence à Fal Oil ce n’est pas le problème de l’Etat. Le gain sur le cabotage alimente-t-il réellement le fonds de solidarité? Je peux vous vous montrer les quittances que les marqueteurs ont versé au Trésor public. Les liquidations sont effectuées par décade. Mais c’est le ministre des Finances qui gère les fonds.
L’Etat doit-il avoir des relations directes avec le fournisseur? Le cahier de charges est signé entre l’Etat et le fournisseur. Est-il pensable qu’on accepte qu’un bateau hors spécification soit dépoté à Nouadhibou et qu’on dise que l’Etat n’a pas le droit d’intervenir. Quand il y aura pénurie on ne parlera que de l’Etat. Et puis un fournisseur à des obligations qu’il doit respecter. Je tiens à dire ici à l’opinion publique nationale qu’il ya beaucoup de monde qui tire sur tout ce qui se fait au niveau du ministère de l’Energie parce qu’ils estiment que leurs intérêts ont été touchés. Pourquoi ? Parce que nous revenons aujourd’hui sur les calculs de l’ensemble des préfinancements depuis 1990. Nous sommes en train de faire la situation. Ceux qui ont fait du louche doivent comprendre qu’ils vont rembourser l’argent gagné sur le dos des populations. Pour cela, nous sommes menacés chaque jour par téléphone et par mail. Qui vous menace ? On nous appelle chaque jour au téléphone pour nous dire : «Sachez que nous avons des intérêts et que nous coulerons ceux qui veulent nous couler». Pourquoi le retour au passé ? Vous n’avez pas assez de défis au présent et pour le futur ? Notre visibilité est claire pour le présent et le futur mais il faut qu’on parle du passé. Il y a des montants énormes réclamés à l’Etat. Ce sont des montants que nous devons payer mais nous devons en connaitre la réalité. On doit les auditer, les vérifier. Cela ne veut pas dire que nous voulons porter préjudice à quiconque mais il est nécessaire qu’on nous explique. Vos prédécesseurs au département de l’Energie auront-ils, eux aussi, à s’expliquer? Cela relèvera d’autres responsabilités qui ne sont pas les miennes. Moi je m’occupe de mes responsabilités en tant que Directeur Général des Hydrocarbures Raffinées. Je ne ferais aucun mandatement sans audit préalable. C’est un dossier qui dérange du monde. Il s’agit de préfinancements sur la structure des prix effectués de manière incorrecte sur la base de contrats et factures non vérifiées par les services compétents. Nous serons plus explicites en temps opportun. D’ailleurs rien que pour le contrat de gaz (avec Géogaz) nous avons constaté qu’il y a des écarts importants. Nous avons réclamé ces écarts et mis la caution de 2 millions de dollars en jeu. Tout cela c’est des intérêts et je mesure les risques. Mais je leur dis que j’irais à l’avant même en face de chars. Il n’y aura aucune concession sur un dollar appartenant à la Mauritanie. Propos recueillis par IOM
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