Le temps de la renaissance, une deuxième indépendance. Par Mohamed Mahmoud Ould Bah   
10/12/2010

La Mauritanie a fêté son cinquantenaire le 28 novembre dernier. C’est l’occasion d’évaluer la  marche entamée depuis lors et d’en faire un bilan. Un exercice qui revenait  par  le passé aux thuriféraires, lesquels,  du PPM, aux SEM et au PRDS, en donnaient une vision étriquée.



Je fais partie de ces jeunes qui sont nés après l’indépendance et,  qui, suite à l’hégémonie de politiciens trans-générationnels  et à la prépondérance de la langue de bois, boycottaient le débat politique, ne parvenant pas à se faire entendre, dans les foires d’empoigne des courtisans. Comme la plupart des jeunes, j’ai retrouvé la voix  seulement depuis aout 2008 : la nouvelle indépendance
Au nom de rien, des dinosaures s’arrogeaient jusque-là, le privilège de parler du passé,  de piloter le présent et de concevoir l’avenir. Cette classe politique momifiée reflétait le dévoiement, la pourriture des valeurs et  l’affaissement des idéaux. 
La médiocrité dans la navigation à vue est allé  crescendo principalement depuis 1978 pour atteindre son   paroxysme avec  l’ex-président M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi : une paix civile menacée, une crise institutionnelle, une  représentation nationale empêchée de travailler, le népotisme qui s’installe, l’économie en décrépitude…. l’image du pays qui s’effondre, et le peuple abandonné à lui même, laissant  libre cours à des  tollés aux allures de désobéissance civile. Comme en 1978, un changement était alors plus que nécessaire en 2008.  Je ne saurai m’appesantir sur les circonstances du Mouvement Rectificatif  du 06 août 2008. Nul n’en fait plus un sujet de débat. La Mauritanie sereine, se reconnaît dans son présent et, de quelque bord qu’on soit, ou qu’on ait pu être, l’on a fini par comprendre que notre pays avait évité le chaos avec le changement du 6 aout ayant ouvert la voie à la renaissance et à  la présidentielle du 18 juillet 2009.
Je m’assigne à travers cet écrit, le devoir de livrer  un  témoignage d’observateur politique et  de citoyen engagé, pensant aux  milliers de jeunes, qui, comme moi, portaient  une ambition pour la Mauritanie et l’avaient  vu s’étouffer entre des mains irresponsables.
Ces jeunes qui ont tant goûté à l’exclusion doivent avec le changement constructif former une nouvelle élite apte à prendre le relai de la  génération-langue-de-bois  et  s’impliquer, aux cotés du  président Mohamed Ould Abdel Aziz dans la renaissance mauritanienne symbolisant en fait la seconde  vraie  indépendance.
De nombreuses raisons  font  espérer  le réveil des jeunes et leur  symbiose, avec la nouvelle marche: la rupture avec les perceptions et pratiques d’antan, la volonté et la foi, vrais moteurs des peuples, propulsent déjà la Mauritanie vers des horizons prometteurs. Ne ratons pas le décollage!

Le père de la nation Mokhtar Ould Daddah a été  l’artiste de la première indépendance. L’histoire lui reconnaît ses exploits et la mémoire nationale, consensuelle ou non, lui donne, des performances et des erreurs. Avec sa carrure d’homme hors du commun, d’aucuns croyaient qu’avec lui  la Mauritanie enfourchait à jamais les ailes de l’espoir. 15 ans après,  on déchanté lorsque l’on nous engageât dans la guerre du Sahara et que le président Mokhtar fut  en 1978 emporté par un coup d’état, laissant derrière lui, une Mauritanie délabrée, en ruine surendettée. 
Par la logique de la force, des  hommes forts, se sont succédés après le président Mokhtar  s’enfermant progressivement dans  la paix de la médiocrité et trainant le peuple mauritanien vers l’accoutumance à la facilité et les sinécures  au  tout-permis. De nouveaux mécanismes super structurels étaient en place et les mentalités s’y sont  habituées, sous la houlette de gouvernants dépourvus d’ambition. Un intervalle terriblement long avec pour conséquences un pays menacé de tous bords, une économie de disette,  de prédation et un peuple déboussolé. Rupture  en aout 2005 pour un nouveau départ qui finit –hélas!- 3 années plus tard, par être, un retour à la case départ.
Aux termes d’une crise sans précédent occasionnée par ce retour à la case départ  Mohamed Ould Abdel Aziz arrive au pouvoir par les urnes et ses adversaires battus, peinaient à remettre en cause les résultats du scrutin,  frisant le ridicule, formulant des menus griefs, dont le vote des OVNI, vite d’ailleurs abandonnés. Sans sombrer  dans la glorification, je crois que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz annonce, en filigrane, les capacités de l’homme et une étape particulière de l’histoire du pays.
On soutient désormais que l’histoire de la Mauritanie indépendante s’était amorcée, avec une période de lumière, sous Mokhtar Ould Daddah sombrant, depuis 1978,  dans un gouffre avant de renouer, il y deux ans, sous  Mohamed Ould Abdel Aziz, avec le génie perdu et la lumière éclipsée.

Pourtant le changement du 6 aout ne fut pas systématiquement assimilé par la communauté internationale. Il  échoit à Mohamed Ould Abdel Aziz le défi de gérer la crise et de préserver la dignité du pays. Il  veille aussitôt à garantir le confort du citoyen pauvre et appelle la communauté internationale  à ne rien attendre d’une prise en otage de la Mauritanie. Des moments pénibles ont certes été vécus car, au nom de quelque principe dilaté, les anciens partenaires se sont  appliqués, dans une démarche d’intimidation véritable, à mettre en Å“uvre l’épouvantail des sanctions économiques.
Les plus grands projets ont été néanmoins  lancés dans ce contexte, considéré comme difficile au plan interne (suspension de la coopération avec les  bailleurs, arrêts de financements étrangers, bouillonnements politiques inédits, campagnes alarmistes diverses, excès du terrorisme islamiste.….) et externe ( paroxysme de la crise financière internationale, suspension de dons à la Mauritanie, suspension de l’UA,  retrait provisoire du FMI et de la banque mondiale, pressions américaines et françaises.…). 
Ould Abdel Aziz a réitéré son engagement pour l’avenir et affirmé,  avec beaucoup de mesure, que la Mauritanie se passe désormais des donneurs de leçons : le changement du 6 août procède de la  sauvegarde du régime  démocratique, adopté à titre  souverain et définitif. Aucune puissance étrangère, érigée en quelque protecteur qu’elle voudrait, n’aurait le droit  de s’immiscer dans les affaires nationales ou de dicter au gouvernement, sous quelque prétexte qu’elle avancerait, des choix politiques ou des règlements de litiges.
La sortie de crise a été longue et, en attendant de voir le bout du tunnel,  l’on était appelé à gérer une Mauritanie pauvre, frappée de sanctions économiques,  rejetée par les bailleurs, repoussée par les partenaires au développement et désignée par les grandes puissances comme un Etat en quarantaine.
Mais Mohamed Ould Abdel Aziz, parvient à faire de cette période  l’une des étapes les plus dignes de l’histoire du pays. Jamais autant de réalisations n’ont été cumulées en un si court  intervalle et en aucun moment, la bonne gouvernance ne permit de se passer, de manière absolue, de l’assistance et de la coopération internationale
Les ressources du pays n’ont toutefois pas augmenté : le pétrole ne jaillissait pas comme on rêvait, la SNIM n’a fait que garder le cap, l’agriculture était clouée par les chirurgies gauches des régimes précédents, le budget de l’Etat était à la merci des délinquants, les redevances fiscales n’étaient pas collectées, par incurie ou par  corruption, et la coopération internationale, après deux ans de suspension, venait juste d’être levée. Dans cette folle atmosphère, Mohamed Ould Abdel Aziz s’illustre, par une maîtrise des  problèmes qui surgissent de partout  avec  une ouverture imperturbable aux dialogues et un engagement décisif dans la voie du changement et de la réforme.
De toute l’histoire de la Mauritanie, l’Etat n’avait osé répudier l’institution tribale : du régime des chefferies traditionnelles, jamais éteintes de facto,  en passant par le rôle fédérateur des notables en périodes électorales, l’on a fini, en ravivant le clanisme, par instaurer des mécanismes de régence de la vox populi. Il s’en suit une émulation systémique qui, affinée au gré du génie local, cherchait à répondre à la commande d’un pouvoir, devenu pour la circonstance un éternel requérant d’allégeance et un insatiable quémandeur de soutien.
A l’occasion de la dernière présidentielle, Mohamed Ould Abdel Aziz eut le génie de bousculer  ce mauvais système et de défier, la veille du suffrage,  la conscience corrompue d’une grande masse d’électeurs. En effet, juste avant le scrutin de 2009, Ould Abdel Aziz, comme tout autre candidat, avait plutôt besoin de plaire à ses électeurs. Mais, en personnage illustre, il privilégia son idée de la Mauritanie et proposa, sans excès ni faiblesse, un programme foncièrement réformateur. La réforme, bien que profitable et juste, laissait de nombreux mécontents. Cette option, marquée par la pertinence de la méthode et du but,  révèle, à elle seule, une connaissance admirable de la situation du pays.
Pour la première fois depuis près de trente ans,  Mohamed Ould Abdel Aziz déclare la guerre aux détournements et à la gabegie. Ce défi est d’autant plus important qu’il supposait l’écrasement et l’éradication de comportements consacrés, de manière quasi-officielle, durant plusieurs décennies. Il ne se contente donc point d’annoncer la dynamisation du contrôle d’Etat ou de rappeler les sanctions, encourues en cas de malversation ou de détournement de deniers publics. Plutôt, parvient-il à actualiser, au plan technique, les procédures applicables,  à renforcer les moyens de lutte et arrive, en outre, à affronter les esprits et à tenir tête à la force des mentalités.
Mohamed Ould Abdel Aziz se met aussi au chevet de l’économie. Il  commence par clamper les hémorragies de la mal gestion et, dans la foulée, engage la traque aux ennemis du bien public. Il rationalise les dépenses de l’Etat, met fin aux privilèges  insolents, réaménage avec raison les divers budgets, lance de nécessaires mesures d’austérité, enclenche les mécanismes du contrôle financier et  bénit, par le silence et l’impartialité, les  plus tonitruantes inculpations pour détournements de deniers. Le citoyen ordinaire, longtemps écrasé et humilié, se voit pousser une dignité et arrive à faire, dans une ambiance assainie, le joyeux deuil des escrocs et des corrompus.
Avec une assurance séduisante, Ould Abdel Aziz s’emploie, dans un contexte de pénurie et  de doute, à lancer de grandes réformes et à initier les plus grands projets (règlement du passif humanitaire, faculté de médecine, projets miniers, projet Aftout Esahili, réseaux routiers, département de D’har, ….)
Il importe peut-être de souligner que Ould Abdel Aziz, toujours avec sa promptitude raisonnée et sa témérité face aux défis, devient le seul président à avoir pu réhabiliter l’infrastructure urbaine et trancher les dossiers noirs de la politique foncière. En l’espace de quelques mois, le problème des gazras, longtemps consacrées par la honte inhibitrice d’autorités irresponsables et le silence résigné de citoyens impuissants, a été traité, et en partie résolu,  dans une atmosphère d’équité et de transparence. N’est-il pas juste, et inévitable, de reconnaître à Mohamed Ould Abdel Aziz un patriotisme exceptionnellement dynamique et de rendre hommage au sens de responsabilité qui, faisant défaut à nombre de ses prédécesseurs, coule à flots dans ses propos et se traduit en clair dans ses actes ?
La Mauritanie vient de se doter d’un hôpital de cardiologie, un hôpital de la mère  et de l’enfant, d’un hôpital d’oncologie. Des instructions sont données pour  revaloriser les hôpitaux de l’intérieur et  les doter en matériels et équipements nécessaires. Faut-il constater que les instructions et engagements ont toujours été, en Mauritanie, la spécialité des dirigeants mais qu’ à part Ould Abdel Aziz, aucun président n’a disposé du souffle ou de la persévérance requise pour le suivi des ordres et l’exécution des promesses.
N’est-il pas admirable qu’en l’espace de quelques mois, l’infrastructure routière du pays soit rénovée et que des nouvelles avenues et boulevards sont construits, sans tapage, au nom du simple devoir et de la bonne gestion ? Est-il besoin de rappeler qu’on a bien risqué, si ce ne fut l’action de l’actuel Président, de fêter le cinquantenaire de l’indépendance sur des vestiges lugubres et dans des décors anachroniques.
Dès le début de son mandat,  Ould Abdel Aziz supportait déjà les maux classiques de la république, les incertitudes latentes, attisées par les circonstances, et le concentré, mal échu, de toutes les erreurs de ses prédécesseurs. Toutefois, sur ces entrefaites, les islamistes terroristes  surgissent, s’en prennent à la sérénité publique et la Mauritanie chavire encore, mais cette fois,  entre les mains de son sauveur. 
Avec les premières attaques terroristes, d’aucuns prédisaient le chaos et des analystes, habitués aux logiques de théories transposables, parlaient d’afghanisation, de guerre civile et de destruction imminente. Une ambiance de panique régnait lourdement. L’opinion publique se relayait de folles histoires sur ce terrorisme qui, longtemps considéré comme le sort des autres, devient brusquement « la réalité nationale ».  A vrai dire, le terrible manque de moyens, l’inexpérience de l’armée et  « le complexe » des longues frontières désigne la Mauritanie comme une proie facile de l’islamisme sanguinaire.
Sans plier dans une conjoncture difficile, Ould Abdel Aziz mobilise le pays et, dans un élan de lucide belligérance, enclenche la traque terroriste. Un travail en profondeur est systématiquement engagé à travers l’organisation, fort réussie, de colloques sur la tolérance, le rejet de l’extrémisme, le refus du jihadisme sans repères, la prise en charge de la jeunesse musulmane, l’exhortation des citoyens à barrer le chemin aux prêcheurs de violence, le lancement d’une campagne nationale de dénonciation de la barbarie…. Mais des  raids militaires, foudroyants et bien ciblés, dévoilent en dernier ressort la méthode adjuvante, toujours bien concoctée, délibérément souveraine et à chaque fois efficace.
Sans tarder, les résultats obtenus épatent le monde : les bandes terroristes sont mises en déroute par l’armée nationale. La politique de dialogue et d’ouverture permet la récupération de la plus grande partie de la jeunesse dévoyée : les formations terroristes, battues et mis à nue, perdent la mainmise idéologique et se désagrègent. Des dizaines de jeunes, enrôlés par la force ou la ruse, prennent la fuite et viennent exprimer leur repentir devant la nation. Le climat s’apaise et le pays retrouve, en un tour de main, sa tranquillité et sa sécurité.
La Mauritanie vient de traverser, sur tous les plans,  la période la plus rude de son histoire. Mohamed Ould Abdel Aziz put en faire un instant de paix, un rendez-vous avec l’histoire et une saison d’abondance réussissant à convaincre les plus sceptiques d’entre nous que notre pays, la Mauritanie, est en pleine renaissance.

 


Mohamed Mahmoud OULD BAH


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Commentaires
moderateur
editor@journalahalil.com
2010-12-13 19:28:49

M Youssouf.brahim Les commentaires depassant 400 mots ne sont pas publiés . Soyez brefs et vive "le dialogue des generations"!

Le webmaster



Youssouf
youssouf.brahim@yahoo.fr
2010-12-12 10:39:13

’’La Mauritanie a fêté son cinquantenaire le 28 novembre dernier. C’est l’occasion d’évaluer la marche entamée depuis lors et d’en faire un bilan. Un exercice qui revenait par le passé aux thuriféraires, lesquels, du PPM, aux SEM et au PRDS, en donnaient une vision étriquée. Je fais partie de ces jeunes qui sont nés après l’indépendance et, qui, suite à l’hégémonie de politiciens t

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