Les Islamistes politiques mauritaniens : Par delĂ  la morale et la vertu.   
31/08/2010

Comment se défaire de la mauvaise conscience qui fait le lit de l’obscurantisme ? Voilà l’équation à résoudre dans un pays qui était jusqu’à une date récente le phare de l’Islam sunnite. Qu’on le veuille ou non l’esclavage demeure le caillou que nos islamistes traineront dans leurs chaussures.



Quelques soient les arguments brandis ici et là, le monde arabe, celui là même qui revendique la paternité de l’Islam en tant que religion sera au banc des accusés de l’histoire face aux victimes de l’Esclavage. Et cela, du simple fait d’une lecture anachronique de l’Islam en tant que religion.

Dans une attitude récurrente, un parti politique mauritanien qui se définit comme porte étendard de l’islam s’évertue souvent à faire une lecture historique de cette religion concernant l’Esclavage, aboutissant ainsi à une conclusion tirée du livre du Sultanisme pour qui, une « main que tu ne peux embrasser, coupe la » !

Il ya quelques années, l’exil politique aidant, nous avons rencontré certains membres fondateurs de cette mouvance qui se définissaient alors comme démocrates. Nous avions été sceptiques à l’écoute de leurs « intentions politiques » pour la Mauritanie car, nous pensions et continuons à penser qu’une position politique qui tire ses engagements et inspirations d’une foi telle que l’Islam n’est pas soluble dans une démocratie que nous appelons de notre vœux !

Seulement, le combat contre la dictature de Ould Taya commandait des alliances contre nature, c’est cela aussi faire de la politique abstraction de la morale ! Le dictateur Ould Taya afin de s’attirer les faveurs d’une certaine opinion internationale avait été bien inspiré d’interdire la création de ce parti politique à consonance religieuse et principalement
islamique même s’il était le premier fossoyeur de la démocratie.

Il n’est un secret pour personne que chaque philosophie est fille de son temps. En cela, la philosophie islamique sur l’esclavage contrairement à d’autres philosophies religieuses est restée figée. C’est cette position qui se trouve aujourd’hui véhiculée par le parti « politique »
mauritanien Tawassoul lors d’une mascarade de débat organisé le 18 juillet dernier.

Ce très mal nommé Tawassoul ( littéralement la transmission) pousse sa caricature et son mensonge jusqu’à s’en prendre sur la toile aux militants des Droits de l’Homme en Mauritanie : ils sont dépeints sous des traits de racistes notoires! Mieux, des prêches du vendredi coordonnés et commandés en coalition avec les hautes autorités, sont destinés à semer la discorde entre ces défenseurs de Droit de l’Homme…

En Mauritanie, nous savons que la religion, ici l’Islam est un ressort puissant de l’idéologie dominante, ultime instrument de coercition mentale : à la conception d’un islam ouvert s’est substituée une interprétation erronée qui relègue à la poubelle de l’histoire les questions de notre temps liées aux Droits de l’Homme. Ces derniers sont associés à l’espace public profane et donc à combattre d’où un radicalisme religieux, dont le salafisme en est l’expression la plus abjecte dans son projet de société…

Heureusement, cette propagande ne trouve d’écho que chez les brebis égarées de l’islam. L’actualité récente démontre si besoin est, que les promoteurs d’un certain Islam évoluent dans une cour où ils ne sont que l’incarnation du diable échappé de l’enfer. Contingence de l’histoire, refus du modèle occidental de la conception de l’Homme, prégnance du dogme,
voilà le problème que ces islamistes politiques sont incapables de résoudre et que leur vision belliqueuse du djihad mythifie à travers l’idéologie du martyr ( kamikaze) , d’où un camouflet aux politiques.

En Mauritanie, ce camouflet s’exprime par la naissance d’un parti politique d’inspiration religieuse dans un pays qui est dépeint comme la première « République Islamique », quel paradoxe. La position de ce parti sur l’Esclavage, consiste à travestir la signification des versets coraniques pour les rendre favorables aux intérêts des familles féodales. Cela procède
d’un despotisme local fondé sur le sultanisme pierre angulaire de la soumission dans le corpus idéologique hassanophone. Dans la configuration actuelle, il importe donc pour les prometteurs de l’islam politique mauritanien de se projeter au-delà du dogme religieux afin de véhiculer un projet de société dans lequel le citoyen doit être couronné…

El Arby Ould Saleck, Paris, France Août 2010


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