Le silence ou le refus de répondre, face à une question, sont perçus dans notre société mauritanienne, comme une forme raffinée d’acquiesement. Lors des cérémonies de mariage, la mariée bien éduquée, donne son consentement par le silence, le refus de répondre. Zeine s’est-il comporté comme une mariée lors de la conférence de presse du 13 septembre ?
En s’abstenant de répondre à la question posée par notre confrère Ahmed Ould Soueidi relative à sa candidature aux futures présidentielles, Zeine Ould Zeidane a confirmé l’ambition qu’on lui prête depuis le début, de sa toute récente carrière comme conseiller du ministre des affaires économiques, en 2001. Pourtant, à l’époque, on ne l’imaginait pas gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, trois années plus tard. Mais c’était compté sans le génie de Maaouya, par lequel Mohamed Mahmoud Ould Valili quittera le service frêt d’Air Mauritanie pour le fauteuil du ministre du développement rural. Curieuse similitude entre les deux hommes ! Tous les deux sont de l’Est, tous les deux ont un excellent look, tous les deux ont connu une ascension fulgurante et une chute foudroyante. Et l’analogie ne s’arrête pas là . Seulement dans le cas de Zeine, le limogeage est intervenu le lendemain d’une conférence de presse. Et la raison est évidente. La Banque Centrale de Mauritanie étant la caisse principale de l’Etat, il était avanteureux de la laisser entre les mains d’un potentiel candidat qui pourrait à l’occasion de sa campagne électorale confondre entre Angleterre et pommes de terre: la caisse de la BCM et le budget de campagne. D’ailleurs nous avions eu un avant-goût de l’exercice de l’influence par la fonction notamment sur les media. A Tahalil Hebdo, nous avons par le passé souligné la qualité des relations de l’ex- gouverneur avec certains journaux. Zeine Ould Zeidane occupait leurs manchettes à longueur d’éditions, dans lesquelles, on nous rabattait les oreilles que la stabilité de l’ouguiya c’est Zeine, les équilibres macro-économiques c’est lui, le réajustement du taux de change c’est lui et l’effacement de la dette, c’est encore lui. Il a fallu d’un cheveu pour qu’on finisse par nous faire avaler que l’oxygène que nous respirons ou encore que l’excellent hivernage 2006 c’est toujours grâce à Zeine Ould Zeidane. Mais ç’aurait été trop voyant. Alors des confrères ont trouvé une approche éditoriale malhabile pour expliquer le limogeage du jeune Zeine. Selon eux, il n’a pas été limogé, il a été «démissionné» parce que - tenez vous bien!- le CMJD pourrait en faire son candidat aux futures présidentielles. Et de rajouter dans une lancée «peshmergale» que le PRDR est venu l’implorer de porter ses couleurs, que les islamistes sont venus le solliciter, que les cavaliers se seraient agenouillés devant lui, que…. Cette thèse dangereuse veut faire de Zeine un prophète à l’instar de Yussuf (PSL) devant lequel onze astres s’étaient inclinés. Du grand art! D’un coté on tente par cette démarche de prouver que Zeine jouit toujours de la confiance du chef de l’Etat et de l’autre, de démontrer qu’il a une stature nationale. Le tout en vue d’influencer les esprits simplistes. Du moins ceux qui ont choisi de courir derrière les mirages. Or à la façon avec laquelle Zeine Ould Zeidane a été viré (il n’a pas été reçu avant son limogeage et c’est son remplaçant Kane Ousmane qui l’en a informé) prouve que pour lui, c’est les fin des haricots. OB
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