Ely Ould Mohamed Vall : «Je ne doute pas un instant, que nous avons le déshonneur de bafouer nos engagements»   
15/08/2006

Le Chef de l’Etat a donné mardi 1er août à Nouakchott, une conférence de presse au palais présidentiel. Nous reproduisons ici quelques extraits de cette conférence de presse à laquelle TAHALIL Hebdo n’a pas assisté par solidarité avec ses confrères quoique ne partageant pas leur approche, quand ils s’étaient excusés de ne pouvoir y participer par communiqué rendu public le 1 août. Nos confrères représentants les principaux titres de la presse nationale qui fournissent des efforts considérables pour informer, ne veulent pas être assimilés à des journaux qui n’ont de tel, que l’outrecuidance de se qualifier ainsi. En reproduisant de larges extraits de cette conférence de presse, nous nous acquittons d’un devoir professionnel et nous reconnaissons avec le recul, avoir raté un événement. Que les services de la Présidence et ceux du ministère de la Communication trouvent ici toutes nos excuses. Voici des extraits significatifs de la conférence de presse.



La présence de l’ancien président à l’étranger constitue-t-elle une menace à la stabilité du pays?
 Ely Ould Mohamed Vall: Je vous rassure que la présence de cette personne à l’intérieur ou à l’extérieur ne menace en rien la stabilité du pays. Je dis, et je répète: s’il désire rentrer qu’il le fasse tout de suite. Son retour ne constitue pas un obstacle sur la voie de la démocratisation et de la stabilité du pays.
 Des améliorations notoires ont été opérées au plan des libertés et de la démocratie, mais bien d’autres choses n’ont pas changé?
 EOMV: Seul Allah est parfait. Notre option est d’aboutir au maximum, et nous avons franchi d’importantes étapes, et avons réalisé d’énormes progrès. Certains minimisent l’effort accompli, mais d’autres, la majorité, croient le contraire. Nous oeuvrons tous les jours pour le changement et l’amélioration, et nous n’avons jamais trahi nos engagements. Je ne suis pas en mesure de chiffrer le pourcentage de l’effort accompli. Toujours est il que nous poursuivons avec fermeté et rigueur toutes les actions que nous pouvons réaliser.
ʃtant donn̩ que Ould Taya ne constitue pas un danger, pourquoi vous ne lui permettez pas de rentrer dans le pays?
 EOMV: Cette personne que vous citez ne constitue pas un danger. S’il respecte scrupuleusement la loi, il est le bienvenu. Au cas où il enfreindrait aux règles prescrites, il en répondra de ses actes. Pourquoi les prisonniers de la constitution n’ont pas été élargis?
 EOMV: Ils sont entre les mains de la justice pour dire la loi. Et je rappelle qu’il n’y a personne qui constitue ou constituerait un danger  pour notre pays que nous sommes en mesure de protéger. Il est vrai qu’il est à la portée de chacun d’essayer et de passer même à l’action... Cela constitue une autre paire de manches. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a un peuple et une autorité vigilants, qui s’opposeront fermement à tout ce qui peut nuire à la Mauritanie.
 Vous avez dit qu’aucun coin du pays n’échappera à l’audit. Qu’en est il aujourd’hui?
 EOMV: L’Inspection générale d’Etat continue son travail comme il se doit, et son action a permis d’aboutir à des résultats probants. Le gouvernement de la transition fait de la rigueur dans la gestion des deniers publics une préoccupation principale, et je crois que cet effort est louable et mérite d’être salué.
 Qu’en est il de la question de l’esclavage?
 EOMV: A propos de cette question, j’ai dit que notre pays n’est pas un Etat esclavagiste, il n’a jamais institutionnalisé l’esclavage et notre peuple ne l’a jamais été aussi. Nous avons été une société de castes, mais cela n’a absolument rien de particulier par rapport à notre environnement. Je rappelle que l’Etat a mis en place un arsenal juridique constitutionnel et adopté et ratifié toutes les conventions internationales y afférentes. Il n’y a pas de pays au monde plus avancé que nous en matière de répression juridique de ce phénomène. Il faut bien noter qu’il n’y a pas de pratiques esclavagistes chez nous. Comme chez toutes les autres sociétés, ce phénomène a laissé des séquelles. Pour les éradiquer, nous avons mis en place tout un arsenal juridique, social et culturel. Il faut arrêter d’instrumentaliser cette question. Il faut cesser de vouloir diaboliser notre pays ou de le particulariser sur cette question. Ce problème interpelle tous les mauritaniens, il ne faut pas le traiter sous la table. Nous sommes déterminés à éliminer cette tare, et nous sommes en avance sur plusieurs pays. Je dis à ceux qui l’utilisent à des fins douteuses qu’il est temps de finir avec son instrumentalisation. Celui qui veut traiter ce problème en toute objectivité bénéficiera de notre concours. Je ne vends pas la misère de mes compatriotes, car c’est une marchandise périmée.
 Avez vous changé d’avis sur la question des réfugiés?
 EOMV: Partout où il y a un mauritanien qui a un problème, il est du devoir de l’Etat de s’en occuper. Sur ce sujet, il y a un préalable: il peut être réglé à priori et non à posteriori. Celui qui se présentera à la frontière fera l’objet de vérification d’identité. Si le problème est posé collectivement, le moment venu, nous le réglerons. Ca ne sera pas, bien sûr, pendant la transition, cependant nous conseillerons aux futures autorités de le prendre entièrement en charge.
 Quel avenir pour le CMJD?
 EOMV: Nous avons pris un certain nombre d’engagements, et, croyez moi, je ne doute pas un instant que nous avons le déshonneur de bafouer nos engagements que nous avons formalisés. Je vous rassure que le programme que nous nous sommes engagés à exécuter sera respecté.
 Votre discours relatif à la lutte contre la corruption, n’est il pas resté lettre morte?
 EOMV: Nous travaillons tous les jours sur cette question, et avons mis en place le dispositif nécessaire pour y faire face, mais certains s’attendent à ce qu’il y’ ait déjà des procès retentissants de la gestion du passé. Cela ne mène nulle part. Il est sûr d’autre part que nous avons mis halte à la gabegie et à la corruption, ainsi qu’aux comportements liés  aux apparences insolentes. Depuis le changement du 03 août, nous avons franchi une grande étape sur cette voie, et nous avons enregistré bien des progrès sur cette question. La corruption et les mauvais comportements ont considérablement diminué. Nous avons instauré une moralité dans la gestion de la chose publique, aujourd’hui le problème est largement entamé.
 Allez vous soutenir un candidat ou un parti politique?
 EOMV: Je vous avoue que si je me mettais à gérer les rumeurs en Mauritanie, il me faudrait du temps. Je vous réaffirme que nous nous conformerons aux engagements de neutralité. Nous ne soutenons personne, et ne favoriserons aucun candidat, ni un parti politique.
 Comment envisager vous faire face au retour de l’oligarchie tribalo-financière dans les instances élues?
 EOMV: Cela concerne en premier lieu les électeurs, c’est là la responsabilité qui leur incombe. Il y a des paramètres juridiques que nous pouvons introduire et activer. Parmi lesquels, il y a les critères légaux que le candidat doit réunir.
 Quel rôle pensez vous jouer après la transition?
 EOMV: Chaque pays peut répondre selon ses réalités: il y a des pays qui ont connu des situations fébriles et agitées; l’après transition doit être consolidée et cela concerne toutes les institutions élues et, par conséquent, c’est l’affaire de tous les Mauritaniens. J’ai pleine confiance aux Mauritaniens mais mon rôle se terminera au bout de la transition.
 Les prévenus dans l’affaire de la constitution auraient été torturés, quel est votre commentaire?
 EOMV: La torture c’est comme l’esclavage. Toute personne déférée après une période de garde à vue prétend avoir été torturée. Ceux qui sont accusés de cette infamie ont leur honneur, leurs enfants et leurs femmes. Un jour ou l’autre, leurs accusateurs devront en répondre. Dans cette affaire, il n’y a pas besoin de torturer puisque les individus ont donné de façon volontaire et volontariste les déclarations et ont reconnu. Les preuves étaient réunies par les enquêteurs avant même leur arrestation. Je ne sais pas pourquoi s’inscrire dans cette mode souvent brandie par la défense et il n’y a aucune raison de recourir à la torture. Quoi qu’il en soit, la justice est libre de mener une enquête sur ces allégations. C’est une culture de médisance. Ceux qui sont accusés de torture auront droit de porter plainte et de demander réparation.
 Pourquoi des journalistes ont-ils boycotté ce point de presse?
 EOMV: Je suis étonné qu’un journaliste réclame l’exclusivité d’une conférence de presse et veuille exclure une partie de la presse. Ils sont libres de venir ou de ne pas le faire. Posez-leur la question.
 Quel bilan faites vous des 12 mois de la transition et du plébiscite du 25 juin?
 EOMV: Les Mauritaniens se sont prononcés librement sur les 12 mois de la transition par le vote référendaire et il vous revient d’apprécier cela.
 Irez vous à la retraite?
 EOMV: La retraite, elle est assurée.
 (Source AMI)


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