Une certaine opinion veut que la BCM cultive le syndrome du silence, comme la SNIM, il y a si peu de temps. La théorie de la raison d’Etat en dehors du secteur de la défense nationale est dangereuse parce qu’elle offre une marge de manœuvre aux gestionnaires. Le moment venu, ils pourront faire porter le chapeau à l’Etat.
Or, pour une meilleure qualité de vie des mauritaniens, il est important que toutes les institutions nationales soient transparentes et gérées conformément aux usances professionnelles nationales et internationales.
La BCM, institution importante (mais pas la plus importante) est restée singulièrement le parent pauvre de toutes les restructurations institutionnelles orchestrées par les différents gouvernements. Chacun gouverneur était jaloux de préserver son «pré carré», sa proximité avec le palais ocre. C’est ce qui explique son état, aujourd’hui. Son capital est resté de 200 millions d’ouguiyas comme à sa création en 1973. Nous sommes en 2006.
Il est temps de concevoir une nouvelle réorganisation de la BCM, qui pour être crédible et transparente, devra être réalisée par un groupe de travail indépendant. Or, à quoi assistons- nous aujourd’hui ?
A un projet de restructuration piloté dans une certaine mesure par la BCM elle-même, et qui sous prétexte de mettre un terme à la soumission de l’institution d’émission, au palais ocre ferait du gouverneur un fonctionnaire désigné par un mandat au cours duquel il ne pourra plus être démis que pour «fautes graves». On renforce ainsi la Banque Centrale déjà forte et non passible de poursuite de la part de la Cour des comptes ou de l’Inspection Générale d’Etat.
Au lieu de renforcer les pouvoirs de gouverneurs omnipotents, on ferait mieux de donner un contenu aux pouvoirs du Conseil Général. Les pouvoirs accordés aux gouverneurs ont fait tant de mal à l’économie de ce pays!
Isselmou Ould Moustapha
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