11 salafistes devant la justice : Parmi les prévenus, des suspects dans  l’attaque de Lemgheiti   
11/07/2006

Arrêtés début juin, 11présumés salafistes ont été déférés le 3 juillet dernier devant le parquet à Nouakchott. Les prévenus font partie d’un groupe de 17 personnes dont 6 ont été remises en liberté, le 14 juin dernier, après s’être repenties devant le Procureur de la République.

Sur les 11 prévenus, trois d’entre eux (dont une femme) ont été libérés le 3 juillet. Huit prévenus sont restés entre les mains de la justice et ont rejoint à la prison civile de Nouakchott 18  autres salafistes en détention depuis le mois d’avril 2005. Trois parmi ces derniers  s’étaient  évadés le 27 avril dernier.



A l’instar des détenus qui les ont précédé, de graves accusations pèsent sur le dernier groupe de prévenus. Si le séjour dans les camps du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC-algerien) et la création en Mauritanie d’une organisation jihadiste (le Groupe Mauritanien pour la Prêche et le Jihad) avaient été retenus contre les premiers, les mêmes accusations ont été retenus contre le second groupe déferré le 3 juillet avec en prime, une accusation gravissime: la participation à l’attaque terroriste de Lemgheiti. C’est le procureur de la République Ben Amar Ould Veten qui l’a confirmé dans un communique de presse rendu public dimanche.

Cette attaque avait coûté la vie le 4 juin 2005 à 15 soldats mauritaniens. Elle a été revendiquée par le GSPC en représailles à l’arrestation d’islamistes mauritaniens mais également pour narguer la présence militaire américaine au Sahel dans le cadre de l’initiative Pan Sahel. Première attaque terroriste perpétrée contre la Mauritanie, elle a occasionné  un durcissement de l’ex-président Ould Taya contre les islamistes et fut accompagnée par un tollé sur les atteintes aux droits de l’homme et les allégations de torture pratiquée contre les islamistes.

Deux  mois à peine, après Lemgheiti, un coup d’état dépose l’ultra-securitaire Ould Taya. Le temps n’est plus à la confrontation avec la nébuleuse islamiste dans son ensemble. Les islamistes considérés  modérés sortent des geôles, les salafistes jugés radicaux y restent. La situation est restée ainsi jusqu’au 27 avril 2005 avec l’évasion controversée de trois salafistes dont deux au moins, ont séjourné entre janvier 2003 et avril 2005, dans les camps du GSPC

Après cette évasion, les nouvelles autorités plutôt tournées sur les réformes politiques et institutionnelles commencent à s’intéresser aux salafistes. Les rafles opérées dans leurs milieux, dans le cadre de la recherche des évadés aboutissent à l’arrestation de personnes liées  à l’attaque de Lemgheiti. Parmi les déferrés un certain «Hamam» secondé par un autre répondant au pseudonyme «El Mouthenna».

Ils sont accusés d’entretenir des liens étroits avec Moctar Belmoctar alias «Belaouar», celui là même qui avait dirigé l’attaque de Lemgheiti et qui avait laissé sur le terrain un camion dont les documents portaient le nom. Parmi les membres du groupe figure les denommés : Mohamed Salem Ould Mohamed Lemine,  Sidi Ould Saleck, Deddoud Ould Aillal, Ely Cheikh Ould Khoumany, Moustapha Ould Cheiguer , Sidi Taher Ould Beye,Tiyeb Ould Saleck et Ahmed Ould Hamed. Des membres de services de sécurité maghrébins et européens sont venus à Nouakchott les interroger au cours du mois de juin. Les suspects seraient même liés à des cellules terroristes actives hors de nos frontières. Mais comme par le passé, l’annonce de l’arrestation de suspects impliqués dans l’agression de Lemgheiti est en passe d’être reléguée au second plan. La présentation des prévenus devant la justice va être l’occasion d’une nouvelle levée de boucliers de la part des avocats et des familles des détenus : pour atteintes aux droits de l’homme sur fond d’allégations de torture.

Les onze personnes ont été présentées devant le procureur, menottées (sauf la femme) et quatre d’entre eux portaient des carcans aux pieds et leur mauvais état prouve qu’elles ont fait l’objet de mauvais traitements s’est insurgé Me Ahmed Ould Yousouf le bâtonnier de l’ordre national des avocats

Les menottes et les carcans leur ont finalement été ôtés sur intervention du ministre de la justice et après protestation du bâtonnier et du collectif des avocats.

Les avocats ont observé jeudi dernier, un arrêt de travail d’une journée pour protester contre les conditions ayant marquées le déferrement du dernier «arrivage» salafiste.

Les hommes en robes étaient en outre,  assez remontés par rapport au traitement réservé au  dossier du premier groupe de salafistes détenus sans jugement depuis plus d’une année, après avoir bénéficié d’une décision de mise en liberté provisoire. Mais au de là de la cacophonie, un constat s’impose: chaque fois que les dossiers d’islamistes parviennent devant la justice,  ils se transforment en dossiers de droits de l’homme. Comme si le radicalisme et les droits de l’homme entretiennent chez nous, un curieux ménage.          

IOM


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