Diam Min Tekki est un groupe de rappeurs mauritaniens qu’on ne présente plus à personne. Né en 1997 sur initiative de trois jeunes, Mar, Hane et Ousmane tous du 6ème arrondissement, le groupe a connu une ascension fulgurante ces dernières années avec un premier album « Googa » (vérité) sorti avec fracas en février 2007
Le groupe a reçu l’approbation du public mélomane du rap à cause de son engagement et la virulence du ton. De succès en succès, le groupe s’est forgé une estime inestimable auprès de la jeunesse mauritanienne voire même de certaines personnalités. Aidé par une force tranquille et animé d’une volonté de souscrire à la musique mauritanienne, le trio se lance dans la composition d’un second album. De Nouakchott à Paris en passant par Dakar, le projet a vu le jour. Un répertoire de 12 titres a été réalisé dont 7 à Nouakchott et 5 à Dakar en duo avec Baba Maal, le lead vocal du Dandé Léniol. Enfin le projet a été finalisé à Paris sur fonds propres du groupe, confie Madou Fall manager du groupe. C’est cet album qui sera lancé le 21 janvier à l’ancienne Maison des jeunes de Nouakchott.
Le parcours réussi pour une musique importée
Le rap a été toujours considérée à tort ou à raison comme une musique venue d’ailleurs. Malgré cette position, le groupe Diam Min Tekki a forcé le passage pour imposer cette forme de musique en Mauritanie. Certes, il n’est pas le seul, mais son activisme dans ce sens est sans commune mesure. L’effet de dénonciation des coups d’Etat répétitifs, des maux qui gangrènent la société mauritanienne et l’injustice ont reçu un écho favorable chez certaines franges des populations mais un désamour chez les autres. Ainsi, après son premier album, Diam min Tekki s’est lancé dans une tournée régionale qui l’a mené dans toutes les wilayas (régions) du pays à l’exception de l’Adrar où faute de contact, précise Madou, le groupe n’a pas foulé le sol atarois. Le groupe a également rencontré dans le cadre de ses contacts, certains artistes dont Dizis La Peste qui est venu en Mauritanie pour l’encourager, lui et son homologue Military Underground. Il y avait aussi les Sénégalais de Daraji, Didier Awadi et Positive Black Soul (Pbs) et tant d’autres de la sous région. Grâce aux talents des artistes de Diam min tekki, le groupe fut invité aux Etats-Unis. Cependant, en dépit de l’appui de la direction de la culture et des arts, le visa lui sera refusé sous prétexte que le groupe ne reviendrait pas une fois aux Etats-Unis. Pour le service des visas de l’ambassade des USA, nous confie M. Fall, le groupe n’a pas donné de garanties suffisantes pour que le visa lui soit accordé. Aujourd’hui, indique Madou Fall, «nous avons espoir car le contrat est déjà ficelé».
La fête sera belle …
Le second album connaîtra un succès éclatant selon les dires de Madou Fall. « Comme le premier album, celui-ci dénonce mais évoque également le social » indique Madou. « Googa … » c’est le titre du répertoire, est composé de morceaux comme « Néné » qui parle des parents, « Babylone » qui parle de nos concitoyens mal accueillis à l’étranger. Et malgré cette souffrance, ils y restent et le retour devient difficile. « Feely Touba » est un autre morceau. C’est l’éveil des consciences pour que les croyants se rappellent de l’existence de Dieu. Avec Baba Maal, ils ont chanté « holl diondo mone » (qui vous suffit ?) en référence aux promesses fallacieuses des politiciens. Tant d’autres morceaux seront découverts ce 21 janvier à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott où un public nombreux est attendu. « La fête sera belle » promet Madou Fall qui a déclaré que « toutes les dispositions techniques et organisationnelles sont prises pour le bon déroulement de la manifestation ». Cet album de 12 titres dont 7 ont été réalisés à Nouakchott au studio 9-9-4, les 5 autres à Dakar dans trois studios différents. Le projet a débuté en 2008 pour finir en juillet 2009 en France. Selon le manager du groupe, « nous n’avons reçu aucun soutien pour ce projet ». Pour la présentation de cet album, seul une personnalité indépendante a accepté de mettre la main à la poche pour sortir 350.000 ouguiyas. C’est d’ailleurs pourquoi, selon Madou, l’entrée est fixée à 1500 ouguiyas en contrepartie d’un CD. « Même si c’est insuffisant, nous irons jusqu’au bout » indique M. Fall qui a révélé à la même occasion que les groupes Habobébassal, Force tranquille, Franco Man, Nas, Bacross, RJ Advice, Bads Diom … seront de la partie. En tout cas, la jeunesse mauritanienne s’est donnée rendez-vous le 21 janvier et est formelle : « On va casser la baraque avec Diam Min Tekki ». Ibou Badiane
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