Nous savons maintenant assez sur la conception et la mise à exécution du putsch manqué du 8 juin 2003. Tout récemment nous avons suivi l’arrestation de deux, des principaux dirigeants de ce putsch infiltrés en Mauritanie à la mi- septembre 2004. Ce qu’on ne savait pas, c’est ce qui s’était passé après les folles journées du 8 et 9 juin 2003. Comment les principaux auteurs de ce putsch avaient-ils fui ? Quel trajet avaient-ils emprunté ? Qui avait organisé leur fuite ? Où s’étaient-ils regroupés ? Comment se sont-ils réorganisés ? Que comptaient- ils faire ? Et pourquoi sont-ils revenus en Mauritanie?
Sur la base des recoupements faits depuis l’arrestation de l’ex-Commandant Ould Hannena et du Capitaine Ould Mini, et des informations qui parviennent depuis lors, des milieux généralement bien informés ou en relation avec l’enquête, close depuis le 21 octobre 2004, nous pouvons maintenant répondre à toutes ces interrogations. Retour sur des zones d’ombre jusque-là , non éclaircies!
Du 8 juin 2003 au 8 octobre 2004 . «Ils sont ici parmi nous! Non, ils sont au Nord du Mali !, Ah Non , Ils sont au Nord du Niger!, Pas du tout, ils sont devenus boutiquiers en Côte d’Ivoire ou en Angola !» Depuis le 10 juin 2003, telles étaient les assertions assénées sur un ton catégorique aux mauritaniens. Depuis octobre 2004, ces assertions ont été balayées comme d’un revers de main. La vérité finit toujours par se manifester. Et le puzzle a fini par se reconstituer, non pas sur la préparation du putsch de juin 2003, la répartition des rôles, mais aussi sur l’après putsch, sur ce qu’étaient devenus les putschistes eux même, au-delà de leur projet mis en échec. Des informations qui rélévaient jusqu’ici, de l’énigme.
Chronique d’une fuite
Jusqu’à la mi-septembre 2004, bien après l’accusation officielle à l’endroit du Burkina et de la Libye d’abriter et d’encadrer les putschistes en fuite, seule les informations sur la fuite du Capitaine Ahmed Salem Ould Kaabache étaient connues. Ayant fui Nouakchott par la Route de l’Espoir après l’échec du putsch, le Capitaine Ould Kaabache était parti tout naturellement chez lui, dans les environs de Kiffa. Ses frères lui ont aussitôt pris un véhicule de transport et l’ont amené en direction de TENAHA, localité mauritanienne de la région de l’Assaba frontalière avec le Mali. C’était le 18 juin 2003. De retour à Kiffa ses frères ainsi que le chauffeur avaient été arrêtés et ne furent libérés qu’au cours du mois de juillet 2004. Pour le restant des putschistes de juin 2003, on en était à des suppositions. Mais après l’arrestation de Ould Hannena et Ould Mini, la minute de cette fuite pour certains d’entre eux, est enfin revelée. Une fuite à la «chacun pour soit» pour certains fugitifs, tout en étant organisée, à ce qui s’est vue, pour les dirigeants du putsch. Contrairement à une autre idée répandue, le putsch du 8 juin 2003 n’a pas été mis en échec le 10 juin 2003, mais bien le 8 juin 2003 ! Après l’infructueux assaut contre la Présidence de la République et le désastreux assaut contre l’Etat Major des Forces Armées, les putschistes se sont rendus compte de l’échec de leur action. Bien avant la vigoureuse contre offensive des forces loyalistes. C’est la raison pour laquelle Saleh Ould Hannena le principal instigateur du putsch a délaissé le bataillon blindé (BB) dans l’après midi du 8 juin 2003 pour se réfugier dans une gazra abandonné située dans le voisinage du BB, qu’il quittera pour une autre cache à «Bouhdida», puis une autre à «Mzeilga», puis une autre au «Carrefour». C’est après deux semaines qu’il rencontra le Commandant Mohamed Ould Cheikhna, le deuxième cerveau de la tentative de putsch. Et c’est aux alentours du 22 juin 2003 que les deux cerveaux du putsch allaient quitter Nouakchott, aidés en cela par Sidi Mohamed Ould Mohamed (déjà !) et d’autres personnes, dans ce qui ressemblait à une exfiltration très bien planifiée. Les fugitifs emprunteront la Route de l’Espoir jusqu’à Kiffa, rusant avec les postes de contrôle, marchant pour les contourner et pour être récupérés par la suite par le véhicule conduit par Sidi Mohamed Ould Mohamed. Arrivés à Kiffa, un deuxième véhicule les prendra en charge jusqu’ à Tintane. De Tintane les deux fugitifs sont allés à Khayes (Mali). Le trajet emprunté par les deux cerveaux du putsch de juin 2003 est donc différent de celui emprunté par le Capitaine Ould Kaabache et celui utilisé par le Capitaine Ould Mini dans sa fuite. Après l’échec du putsch de juin 2003, Ould Mini a fui par taxi en direction de Rosso. Il a traversé le fleuve Sénégal par pirogue .Du Sénégal il est parti à Khayes (décidément !), puis de cette ville malienne, il est rentré en Côte d’Ivoire où il est resté plus d’un mois avec un parent émigré dans ce pays. Entre temps, il a pu contacter Ould Hannena en Côte d’Ivoire dont il a pu obtenir les coordonnées, qui lui a dit de se diriger vers les zones occupées par les rebelles ivoiriens .De là -bas ils est allé à Ouagadougou où il a retrouvé ces amis du 8 juin 2003. Le regroupement Ould Cheikhna et Ould Hannena se sont installés dés le début du mois de juillet 2003 à Ouagadougou où ils ont été accueillis par Moustapha Ould Limam Chavi’i qui les a logés dans le quartier Ouaga 2000, une cité résidentielle financée par la Libye. Quelques semaines après avoir rencontré le leader de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro, ils partaient en Côte d’Ivoire précisément à Bouaké. Une fois à Bouaké, les deux chefs de file des putschistes ont commencé à battre le rappel de leur troupe. C’est ainsi qu’ils ont été contactés à Bouaké (après qu’ils aient donné leurs coordonnés aux familles en Mauritanie de leurs camarades), par les Capitaines Ould Kaabache, Ould Mini et Ould Saleck. Ces derniers venaient eux aussi de débarquer à Ouagadougou où ils furent hébergés par Moustapha Ould Limam Chavi’i dans un quartier populaire de Ouagadougou. Le regroupement est intervenu début août 2003. Les putschistes se sont rencontrés avec un groupe de civils comprenant Sidi Mohamed Ould Mohamed, Yehdhih Ould Ebnou et d’autres. C’est à Ouaga qu’ils fondent à la même période l’organisation armée : «Les Cavaliers du Changement». Le projet Avant la création de cette organisation, ses dirigeants avaient eu des contacts par le canal de Ould Chavi’i avec des officiels burkinabés et un émissaire des services spéciaux libyens. L’argent disponibilsée pour cette organisation provient de la Libye. La partie du territoire ivoirien occupée par les Forces Nouvelles (rébellion ivoirienne) servait de base d’entraînement. Après plusieurs contacts avec des représentants de l’opposition en exil : Conscience et Résistance, les Flam, des organisations de réfugiés, l’Alliance patriotique et avec des responsables politiques nationaux de l’Opposition Légale ainsi que d’autres contacts avec des officiers au niveau de l’Armée Nationale , la direction des «Cavaliers du Changement» décide en janvier 2004, et c’est un signe d’échec de leur tentative de constituer un front politique ou militaire avec de vrais ramifications au pays, de recruter des guérilleros civils à partir de la Mauritanie. C’est la mise en place de la «Filière de Koutiala», un centre d’entraînement dans la zone de Bouaké. La formation des nouvelles recrues sera confiée à un groupe d’instructeurs comprenant le Capitaine Abderrahmane Ould Mini, le sergent Ely Ould M’Hamed (Frère de Didi Ould M’hamed), Hamoudi Ould Baba et un certain Vithiou des Forces Nouvelles (Rébellion ivoirienne). Il s’agit d’une formation de 15 jours par un groupe de 10 guérilleros. Cette formation quoique sommaire était intensive. Elle comportait la condition physique, le maniement des armes individuelles et collectives, les opérations de sabotage et le maniement des explosifs. Le 10 Février 2004, le groupe d’instructeurs est allé à Zegwa une ville malienne frontalière avec la Côte d’Ivoire où ils ont rencontré un groupe de recruteurs et de recrues en provenance de Tintane. Ce groupe comprenait Sidi Mohamed Ould Mohamed, Moustapha Ould Sid’Ahmed, Brahim Ould Kherchy, Sid’Amar Ould Cheikhna, Mohamed Mahmoud, Hamoudy Ould Siyam, El Hor Ould Mohamed El Abd, Sidi Ould Cheikh, Moulaye Ould Brahim, Mohamed Ould Hmeidy, et Mohamed Dicko. Après la fin de leur formation, les recrues se sont introduites en Mauritanie le 20 mars 2004, ont reçu une première cargaison d’armes le 20 juillet 2004 et s’apprêtaient à recevoir une seconde, le 26 septembre 2004. Le jour «J» ayant été fixé au 2 octobre 2004. Cependant, il est impensable que les «Cavaliers du Changement» aient estimé pouvoir déstabiliser le régime en place en Mauritanie avec des recrues ayant subi une formation sommaire. Apparemment, les «Cavaliers» comptaient en dehors de ces recrues, sur des sympathisants présents à Nouakchott. On parle à ce sujet, d’un groupe de militaires dirigés par le Capitaine Ahmedou Ould Mbareck au sein de l’Armée, d’un groupe de négro mauritaniens et de l’enrôlement après leur libération.des 131 prisonniers militaires de OuadNaga. Pourquoi sont-ils revenus? Pour justifier le retour inattendu des putschistes les analystes avancent plusieurs raisons. La première est que la campagne médiatique et diplomatique mauritanienne a fini par exaspérer les parrains burkinabés qui se savent de plus en plus surveillés. Ces derniers auraient finalement demandé aux putschistes mauritaniens de tenter une ultime action. Ensuite il y a la parfaite méconnaissance des réalités du pays. Comme toutes les oppositions en exil, les «Cavaliers du Changement» ont fini par cultiver les préjugés que «la Mauritanie est une République Bananière ou tout peut se faire et qu’avec l’argent l’on peut tout se permettre». Ensuite, les putschistes ont commis la bourde monumentale de prendre pour argent comptant les messages envoyés par leurs sympathisants en Mauritanie, comme quoi la situation est chaotique, le peuple n’attend que des sauveurs, que leur popularité, l’engagement de leurs sympathisants sont au paroxysme, et qu’ils seront accueillis en Mauritanie en libérateurs. Et c’est ainsi que le 16 septembre, le Capitaine Ould Mini, Saleh Ould Hannena et Hamoudi Ould Siyam se sont introduits en Mauritanie via Rosso en venant de Khayes (Mali). Quelques jours après ils se rendent compte que la mobilisation n’est pas aussi grandiose qu’on leur a fait croire. Le 25 septembre le Capitaine Ould Mini fut tiré de son sommeil et arrêté dans une villa au Ksar Ouest. Saleh Ould Hannena qui était dans la même villa est parvenu à monter sur le toit de la villa pour sauter sur celui d’une villa voisine et se terrer. Au crépuscule de la journée du 25 Septembre il se faufile entre les murs du quartier Ksar Ouest avant d’être récupéré au niveau du «Carrefour Ould Mah» par Yehdhih Ould Ebnou. De caches en caches, Ould Hannena retrouve le Capitaine Ould Mbareck, officier de renseignement en fuite. Ils prendront à pied, la route de Rosso le 3 octobre, longeant le coté de celle-ci, faisant face au littoral et faisant parfois de l’auto-stop. Parvenus à Rosso le 8 octobre ils y seront arrêtés le 9.
Remonter le moral, après le coup fatal
L’arrestation du président de l’organisation armée «Cavaliers du Changement», de son bras droit Ould Mini, du chef de l’aile civile ainsi que de plusieurs membres de cette organisation (créée par des ex-officiers ayant à leur actif plusieurs tentatives de putsch) a été incontestablement un coup fatal pour cette organisation. Coup sur coup, elle a perdu son chef militaire et le chef de son aile civile, Sidi Mohamed Ould Hreimou. Après de tels coups assénés, les observateurs s’interrogent déjà sur sa capacité de nuisance et surtout son programme d’avenir. Arafat Ould Ahmed, un ingénieur à la Communauté Urbaine de Nouakchott membre de l’aile civile de cette organisation, arrêté récemment a été catégorique au cours de son audition devant les enquêteurs: «Tous nos plans sont tombés à l’eau, c’est fini pour nous !». Faut-il donner du crédit à tels propos ? Pas du tout ! Rien que le 27 Octobre, le nouveau président de l’organisation, l’ex- Commandant Mohamed Ould Cheikhna dans une «interview» sur le site de l’ Organisation Contre les Violations des Droits Humains (OCVIDH) a martelé que son organisation «maintiendra le cap, procèdera à une recomposition de ses forces et promet à l’ennemi une défaite cuisante ». Cette «interview» réalisée on ne sait où, par Sy Mamadou Saidou et Kebe Almouda est-elle authentique? Probablement, oui, même si les propos de Ould Cheikhna dans cette interview sont trop marqués par les tournures et le style d’un Jemal Ould Yessa. Authenticité probable, aussi, parce que l’OCVIDH et le Flamnet sont les vitrines de communication privilégiées pour les dirigeants des «Cavaliers du Changement». On rappelle que le 26 septembre 2003, l’ex-Commandant Ould Hannena avait justement choisi l’OVCIDH pour sa deuxième sortie, après celle, réalisée sur le site des Flam: Après l’arrestation des dirigeants de l’organisation tels que Ould Hannena, Ould Mini, le démantèlement des ailes militaire et civile, la saisie des armes, des moyens de communication, l’identification de la filière de recrutement, du mode opératoire pour introduire les armes et pour le passage à l’action, mais aussi, après les pressions que le Burkina aurait exercé sur Moustapha Ould Limam Chavi’i le mentor des «Cavaliers du Changement» (injoignable à Ouaga depuis quelques jours) pour que ses protégés quittent le territoire burkinabé, cette sortie médiatique était attendue, pour remonter le moral et les enchères. Seulement elle est venue confirmer la relation de l’organisation avec des cercles extrémistes de l’opposition en exil. Et confirmer la complicité revelée au cours de l’enquête, de ces cercles, à la fois au terme des aveux (spontanés ou non !) du chef de l’aile civile de l’organisation Sidi Mohamed Ould Hreimou et du Capitaine Ahmedou Ould Mbareck. Nouvelle menace «Nous serons économes dans l’usage de la parole et agirons !» a menacé Ould Cheikhna dans cette «interview» fleuve. C’est la première interview après la débâcle du 25 septembre et les développements qui l’ont suivis. Les sorties qui l’avaient précédé au nom de l’organisation sur le succès de la deuxième cavale de Ould Hannena s’étaient revelées sans fondement. L’interview est en quelque sorte un programme, mais elle est avant tout destinée à faire croire que l’organisation a survécu à l’onde de choc. Surtout que l’organisation est censée avoir des cartes à jouer avec le groupe d’officiers (Ould Kaabache, Ould Saleck, Hamoudi Ould Baba), son logisticien Mohamed Ould Taleb alias Mohamed Ould Alweimine ou Mohamed Diko, sa filière Oumar El Kenti pour la livraison d’armes et de combattants Azawadis , ses activistes de l’aile civile qui ont réussi à fuir (Ould Ebnou, Ould Siyam, Moulaye Ould Brahim , Ahmed Ould Hmeidy, Brahim Ould Khirchi), ainsi que plusieurs civils formés à Koutiala en Février 2004 et non arrêtés jusqu’à présent. L’organisation pourra également compter sur la centaine de combattants négro mauritaniens radiés de l’Armée, la fin des années 80. Ces derniers devaient participer au putsch prévu le 2 octobre 2004. Leur contact était un certain «Yero» qui logeait dans un appartement non loin de l’Ambassade de France. Il a été évacué le 25 septembre juste après l’arrestation de Ould Mini par Moustapha Ould Sid’Ahmed, à El Mina, d’où il s’est volatilisé. Cependant, l’organisation n’a pas que des potentialités. Plusieurs contraintes pèsent sur elles. D’abord Bye Bye, l’effet surprise. L’alerte au niveau des forces de sécurité mauritaniennes restera maximale pour longtemps encore. Même si rien n’indique que tel est le cas ! Ensuite, l’organisation est obligée de changer de bases arrière et il est certain que ces bases resteront en terre ivoirienne sous contrôle des Forces Nouvelles (rébellion ivoirienne). Seulement avec des bases de repli situées à Bouaké, toute opération en Mauritanie exigera le passage par deux pays: le Mali et le Sénégal et exposera évidement à des risques. Et d’ailleurs s’il est très probable que le restant des amis de Ould Hannena soit toujours en territoire ivorien sous la protection bienveillante d’un Guillaume Soro, il n’est pas exclu qu’ils aient quitté la région de Bouaké. La deuxième vague comportant Ould Cheikhna devait en effet, venir en renfort en Mauritanie, après l’entrée de Ould Hannena à Nouakchott le 17 septembre dernier. Cette deuxième vague était-elle déjà au Sénégal ou au Mali au moment de l’arrestation de Ould Mini ? Si oui, y est-elle restée ? Il est difficile d’admettre en tout cas que ce groupe ait songé à s’infiltrer en Mauritanie après l’arrestation de leurs amis à Nouakchott. Sont- ils donc restés dans les pays de transit (Mali, Sénégal) ? Sont- ils revenus au Burkina ? Sont- ils revenus à Bouaké ? Des questions auxquelles le temps répondra !
De curieuses accointances La relation entre l’organisation armée et les milieux de l’opposition en exil s’est concrétisée, selon les milieux de l’enquête, juste après la fuite des cerveaux du putsch de juin 2003. C’est à Ouagadougou que les bases d’une telle relation ont été jetées avec Kane Saidou notamment, un historien ex-membre des Flam. Et parce que «l’ennemi de mon ennemi est mon ami », les relations des «Cavaliers» ne se sont pas limitées à l’opposition radicale : (Conscience et Résistance, Flam , Alliance Patriotique). Des contacts ont bien eu lieu avec des dirigeants de l’opposition légale. Au nom de quoi y avait-il toute cette convergence ? Evidement au nom du seul dénominateur commun: la haine de Ould Taya. Un dénominateur partagé, dans l’exil, et aussi paradoxal que cela puisse paraître par le nationaliste arabe et négro-mauritanien sectaires tous les deux, qui auront mis au placard à l’occasion leurs profondes divergences sur «la question nationale», un dénominateur partagé également par des nostalgiques des ères révolues qui ne croient plus aux urnes, et des ex-humanistes reconvertis à la guérilla urbaine! Seulement, la haine n’est pas un programme politique. Les dirigeants de la résistance afghane l’ont su .Cimentés par la haine contre l’occupant russe, les dirigeants des factions afghanes se sont retournés l’un contre l’autre, après le départ de ce dernier. Finalement, au milieu des années 90, les talibans sont venus s’imposer par le feu et le sang et ramener l’Afghanistan à une ère médiévale. La Presse épinglée par les «démocrates»
Avec les développements qui ont accompagnés l’arrestation de Ould Hannena et son groupe, la Presse indépendante se retrouve de plus en plus indexée par des ténors de l’opposition locale et en exil, comme étant un relais des services de renseignement. Sans vouloir donner la réponse du berger à la bergère, à nos « démocrates» chantres de l’approfondissement de la démocratie et de l’alternance pacifique, la Presse pouvait rétorquer à certains opposants qu’ils sont eux, des relais des «Cavaliers du Changement». Les services de sécurité sont une source officielle que les journalises ne doivent négliger. Par ailleurs, la Presse a toujours couvert les activités de l’opposition légale et a toujours voulu exploiter la littérature de l’opposition en exil. Mais cette production ne résiste jamais aux vérifications. Par exemple Un jour on nous confirme la mort du Lieutenant Didi Ould M’hamed sous la torture. On s’apprête à balancer l’information «à la Une», le lendemain on nous le présente vivant. Un jour, on nous affirme que Ould Mini est mort, lui aussi, sous la torture. Le lendemain on le découvre vivant. Hier on nous disait sur les sites de cette Opposition que Ould Hannena est sain sauf et qu’il s’adressera bientôt aux mauritaniens. Quelques jours après, on le retrouve à Satara. En fait, le problème de la Presse c’est son refus de la manipulation. Son refus de se prêter aux mensonges d’où qu’ils viennent (du pouvoir et de l’opposition) et son refus de recevoir des leçons de la part de ceux qui ont le plus grand besoin.
Les raisons de l’échec Ils sont restés huit jours à Nouakchott (du 17 au 25 septembre) sans éveiller de soupçons, ils ont réussi à introduire deux cargaisons d’armes, le 20 juillet et le 23 septembre, ils ont maintenus le contact après l’Affaire du 8 Août et durant une semaine à Nouakchott avec l’aile militaire et civile impliquée dans l’opération et, malgré tout, ils ont finalement été arrêtés avant le passage à l’action, prévu le 2 octobre 2004. Une action baptisée « opération jour «J» 2 Octobre. Ils, ce sont les ex-officiers putschistes : Ould Hannena et Ould Mini. L’action prévue allait se traduire par des attaques simultanées sur la Présidence de la République , les centres de commandement de l’Armée, la Radio, la Télévision, les centrales électriques et les centraux de communication. La première opération devait être menée à Ouad Naga dans l’objectif de libérer les 131 militaires détenus depuis juin 2003, après la tentative de putsch. Ces militaires devaient être enrôlés dans cette opération.
Mais avec le recul et vu la facilité avec laquelle les initiateurs d’un tel projet ont été neutralisés, on se demande s’ils n’avaient pas été «menés en bateau» ? S’ils n’ont pas été entraînés dans un traquenard ? Ou s’ils n’ont été plutôt victimes d’une assurance injustifiée et du mépris qu’ils ont pour le régime en place ? Une hypothèse retenue dans divers milieux. Même si on souligne ici et là , que le hasard a été un contributeur fondamental. On parle à ce titre, de l’apport capital fourni par un «officier parent de Ould Mini», que ce dernier avait contacté le vendredi 24 septembre et qui a aussitôt rendu compte de sa présence à Nouakchott, à la hiérarchie militaire. Cela est d’autant plus vrai que dés le début de la soirée du 24 septembre les recherches avaient commencé pour le retrouver. Mais comme les forces de sécurité n’avaient comme indication le concernant, que la Toyota Karina noire qu’il conduisait, ils ont du patauger avant de découvrir aux alentours de 4 heures du matin du 25 septembre, la Toyota en question stationnée devant la baraque d’un charretier au Ksar Ouest. Ce dernier absent, son épouse ne savait où logeait le recherché. Ce qui a amené la Gendarmerie à faire une descente assez bruyante, dans un domicile qui faisait face au lieu de stationnement de la voiture. Ce domicile n’abritait pas Ould Mini, mais un Ould Nouegued ! Excuses et palabres, tout en gardant à l’œil, la Toyota Karina! Dés 7 heures du matin, la Police entre en action. Fouilles de plusieurs domiciles et enfin, aux environs de 9 heures, la même matinée, Ould Mini et Ould Hreimou sont réveillés par les bruits de bottes et menottés. Ould Hannena présent dans les lieux passe entre les mailles du filet et se terre. La suite, vous la connaissez ! Un grand tournant Le grand tournant dans cette affaire, aura donc été incontestablement l’arrestation de Ould Mini. L’édifice, comme on le verra, allait s’écrouler comme un château de cartes. Première révélation : Ould Hannena était bien dans le domicile où fut arrêté Ould Mini ! Branles bas et retour en force, des Gendarmes et des Policiers. Aucun résultat ! Pourtant, Ould Hannena était tapi dans une maison en chantier, à deux mètres de celle où il est censé être ! Mais là n’est pas l’essentiel. Pourquoi ? Parce que qu’on se rend compte en fait, que tout l’édifice se basait sur Ould Mini. Pourtant, plusieurs groupes étaient engagés dans l’opération. Mais ni l’aille militaire vraisemblablement dirigée par Commandant Habib Ould Abou Mohamed et le Capitaine Ahmedou Ould M’bareck, ni l’aile civile pas tout à fait décapitée après l’arrestation de Ould Hreimou, car Ould Siyam, Ould Ebnou, Ould Brahim et Ould Hmeidy étaient en liberté, ni la cellule de Conscience et résistance comprenant Jemal Ould Yessa avec pour nom de guerre : «Zir Salem El Mouhelhel» et un Ould Sneiguel, ni le groupe de combattants négro-mauritaniens coordonné vraisemblablement par «Yéro» et encore moins le groupe de Mohamed Ould Cheikhna qui était pratiquement à la frontière du pays, ne parviendront à faire quoi que ce soit : Comme le 9 juin 2003, c’est la débandade, de nouveau! Les ingrédients de l’échec L’unique action menée par la nébuleuse putschiste aura été le mitraillage de la façade du domicile du directeur de la sûreté de l’Etat, la soirée du 3 octobre. Dans son audition devant les enquêteurs, Saleh Ould Hannena a été formel. Elle est l’œuvre, selon lui, de «Conscience et Résistance» qui avait auparavant publiée un posting sur Internet portant : Avertissement aux Forces de Sécurité. A part ce mitraillage, la tendance générale était : Prendre le large. Cette absence d’engagement surtout que Ould Hannena a pu être récupéré par l’aile civile, la même soirée du 25 septembre, aux abords du «Carrefour Ould Mah» ne traduit –il pas un déficit d’esprit de sacrifice et probablement de confiance au sein même de la nébuleuse ? Et n’amene t-il pas à s’interroger sur le rôle réellement joué par chacune des parties. D’ailleurs, Ould Mini et Ould Hreimou l’ont reconnu. L’évaluation de la mobilisation des différentes parties engagées, était très en deçà des attentes. Des parties engagées dans l’opération avaient promis des apports qui se sont revelés fictifs. Ces promesses sont –elles à inscrire dans le cadre d’une manipulation des putschistes pour les entraîner dans un traquenard? Ce n’est pas exclu ! Il semble également qu’au niveau de l’aile militaire, le Capitaine Ahmedou Ould M’Bareck n’était pas favorable à la précipitation et à engager le groupe negro-mauritanien dans l’aventure, soulignant à ce sujet, qu’il est une «arme à double tranchant». D’ailleurs, dés le 23 septembre, Ould Mbareck (un officier de renseignement) est entré en clandestinité, bien avant l’arrestation de Ould Mini. Il ne sera arrêté que le 9 octobre à Rosso avec Ould Hannena. En plus, il est quasi certain qu’une rivalité de leadership sur la direction de l’organisation «Cavaliers du Changement» et que des divergences de vues opposaient Ould Hannena et Ould Cheikhna. Cette divergence de vues concernait-elle l’opération engagée? Ensuite, il semble que l’attitude du Gouvernement burkinabé aurait évolué. A la veille de tenue du sommet de la Francophonie le 26 et 27 novembre prochain à Ouagadougou, les autorités burkinabés qui font des mains et des pieds selon l’Hebdomadaire burkinabé «Sanfinna» pour amener la Mauritanie à participer à ce sommet, auraient demandé aux putschistes et à Moustapha Ould Limam Chavi’i de se faire discrêts, ou carrément de partir. En outre, le rôle joué par Oumar El Kenti, le fournisseur des cargaisons d’armes ainsi que celui joué par un autre touarègue «Rkakda» dénommé «DEM» qui a accompagné Ould Mini et Ould Hannena jusqu’à la frontière sénégalo-malienne reste inconnu. Dans le monde obscur du mercenariat, la casquette d’agent double est une qualité assez répandue. Si on y ajoute que la coopération sécuritaire sous régionale a du jouer, on peut deviner que les autorités mauritaniennes peuvent ne pas être aussi surprises qu’on le pensait. D’ailleurs, on avance de plus en plus que l’organisation «Cavaliers du Changement» a été elle aussi, noyautée par les services de sécurité mauritaniens. Beaucoup d’ «opposants» à la verve incendiaire, mais sans états d’âme, et Dieu sait qu’ils sont légion, ont réussi en effet, à établir un contact avec elle. Preuve de ce noyautage, nous n’avons pas attendu, concédons–le, l’arrestation de Ould Mini, pour apprendre les multiples changements de résidence des putschistes au Burkina, l’argent libyen, le plan de déstabilisation, le camp de Koutiala, le parrainage offert à nos fugitifs par la rébellion ivoirienne, l’implication de Ould Chavi’i, et l’ordre donné aux putschistes de s’infiltrer en Mauritanie. A l’époque, certains d’entre nous, y avaient perçu un semblant de délires. Hélas ! Ce n’était pas le cas. IOM
Mode de recrutement de la filière putschiste
Avec les interrogatoires du groupe du Capitaine Abderrahmane Ould Mini arrêté le 25 septembre à Nouakchott, les informations sur la nature de ce groupe, son mode de recrutement, d’entraînement, ses soutiens et son projet commencent à être enfin dévoilées. Sur le projet de déstabilisation et les soutiens aux putschistes en fuite, nos lecteurs sont maintenant suffisamment édifiés après la découverte de caches d’armes et l’arrestation de l’un des cerveaux de cette recente tentative de putsch manqué. C’était le mode de recrutement qui restait méconnu. Aujourd’hui, il ne l’est plus. De sources généralement bien informées et en relation avec l’enquête, c’est suite à réunion tenue à Ouagadougou entre un représentant du gouvernement burkinabé, assisté de Moustapha Ould Limam Chavii et Saleh Ould Hannena qu’un cadre de recrutement et de formation au profit des sympathisants des putschistes du 8 juin 2003 avait été défini. Au cours de cette réunion, Saleh Ould Hannena qui n’avait pas confiance aux forces de sécurité mauritaniennes, avait privilégié la formation de groupes de jeunes mauritaniens qu’il fallait importer du pays. Leur formation sera confiée à un groupe d’instructeurs comprenant le Capitaine Abderrahmane Ould Mini, le sergent Ely Ould M’Hamed (Frère de Didi Ould M’hamed), Hamoudi Ould Babab et un certain Withiou des Forces Nouvelles (Rébellion ivoirienne). Il s’agit d’une formation de 15 jours par groupe de 10 personnes. Cette formation quoique sommaire était intensive. Elle comportait la condition physique, le maniement des armes individuelles et collectives, les opérations de sabotage et le maniement des explosifs. Fin janvier 2004, à bord d’un véhicule Mercedes 190 D immatriculé 11KK0732 le groupe d’instructeurs avait quitté Ouagadougou pour un camp d’entraînement situé à 30 Kilomètres de Koutiala. Un camp où il y a des rebelles diverses nationalités dont notamment des guinéens. Deux semaines plus tard, soit le 10 Février 2004, le groupe d’instructeurs s’est dirigé vers Zegwa une ville malienne frontalière avec la Cote d’ivoire où ils ont rencontré l’un des groupes recruteurs de mauritaniens. Un groupe de recruteurs de trois personnes comprenant Sidi Mohamed Ould Mohamed Ould Hreimou, Moustapha Ould Sid’Ahmed (tous les deux originaires de l’Assaba) et un certain Brahim Ould Kherchy (un originaire de Boutilimitt). Ces recruteurs venaient de Mauritanie convoyant un groupe de sept recrues dont Sid’Amar Ould Cheikhna (frère du Commandant Mohamed Ould Cheikhna ) Mohamed Mahmoud (un etudiant), Hamoudy Ould Siyam et El Hor Ould Mohamed El Abd ( tous les deux originaires de Kiffa), Sidi Ould Cheikh (un Alegois), Moulaye Ould Brahim (un originaire de Maghta Lahjar), Mohamed Ould Hmeidy (un originaire de Rkiz) et Mohamed Dicko (un originaire d’Aioun). Les recruteurs et les recrues sont venus à Zegwa en empruntant l’axe de Tintane au Hodh El Gharbi. C’est à Zegwa qu’ils ont rencontré leurs instructeurs. Ce groupe de recrues est arrivé à Zegwa à bord de deux véhicules mauritaniens une GX noire appartenant à Sidi Mohamed Ould Mohamed (arrêté avec Ould Mini) et une Toyota Hilux appartenant à un certain Isselkou transporteur à Tintane, les deux véhicules ayant été loués par Hamoudi Ould Siyam. De Zegwa les recrues avaient été reçues par leurs instructeurs et conduits au camp de Koutchala pour y subir leur formation militaire. Mais au bout de treize jours Saleh Ould Hannena s’est présenté au camp de Koutchala pour dire aux nouvelles recrues que la formation est écourtée en raison de visites des forces de maintien de la paix dans les camps pour surveiller le cessez le feu en Côte d’Ivoire et qu’ils vont rentrer en Mauritanie où ils doivent rester sur le qui-vive en attendant le jour «j» fixé au samedi 2 Octobre 2004.Ce groupe de recrues est dorénavant commandé par Hamoudi Ould Siyam et Ahmed Ould H’meidy. Ces recrues fraîchement formées au maniement des armes se sont introduites en Mauritanie le 20 mars 2004, ont reçu une première cargaison d’armes le 20 juillet dernier et s’apprêtaient à recevoir une seconde, le 26 septembre. Le 16 septembre le capitaine Ould Mini, Saleh Ould Hannena et Hamoudi Ould Siyam se sont introduits en Mauritanie via Rosso en venant de Khayes (Mali) dans une Mitsibushi L 200 appartenant à Mohamed Ould Sidi Mohamed. Les deux officiers putschistes ont traversé le fleuve par pirogue tandisque Ould Siyam est rentré à bord de la Mitsubishi par le bac de Rosso avec les bons et loyaux services de Mohamed Ould Sidi Mohamed. Une fois à Rosso, Ould Siyam a récupéré ses passagers et s’est introduit avec eux à Nouakchott, le 17 septembre. Le capitaine Ould Mini fut arrêté le 25 septembre. L’une des filières de recrutement au profit des putschistes à Koutchala aura été ainsi identifiée.
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