Le pouvoir sans le recours aux chars   
29/05/2006

Au cours de son récent périple à Zouerate, Nouadhibou, Atar et Akjoujt, le Président Ely Ould Mohamed Vall a prononcé des discours qui ne peuvent laisser le Mauritanien disposant d’un milligramme de conscience, indifférent.
Le Chef de l’Etat, ex- premier flic du pays révèle au fil de ses sorties devant son peuple, une nature masquée par la fonction qu’il exerçait avant le 3 août.



Avare en paroles, nous lui découvrons des qualités réconfortantes. La première de ces qualités, est celle, d’appeler un chat, un chat. Nous avons encore à l’esprit le discours prononcé le 20 avril au Palais des Congrès de Nouakchott. Certains y verront une «insulte» à l’Administration. Ils ne s’attarderont pourtant pas sur l’insulte permanente faite au peuple mauritanien par cette même Administration. La gabegie, l’incompétence, le laisser-aller et le culte du faux entretenus par l’Administration, ses cercles clientélistes dont des journaux, sont aussi, une insulte permanente à la Mémoire nationale.
Et abstraction faite de la sensibilité sélective de certains mauritaniens, le parler du «Boss», reste imprimé par l’essentiel: la conviction et la sincérité.
Le programme proposé après notre longue et pénible marche vers un système politique pouvant garantir une vraie stabilité, constitue notre dernier rempart, contre l’extrémisme et l’inconnu.
En initiateur d’un projet démocratique novateur, l’homme a réussi en face de son peuple à trouver les mots qu’il faut pour les éternels sceptiques que nous sommes. Mieux, nos consciences remuées, se réveillent. Un déclic est en train de se produire. Nous nous interrogeons maintenant sur cette propension de nos ex-dirigeants, à rester agrippés au fauteuil présidentiel. Pourquoi chez nous, le changement, ne survient-il que par les coups d’état? Et nous nous demandons, enfin, que faut-il faire pour que cela cesse?
Pourtant -et le «boss» le dira- nous ne sommes pas moins capables que les autres peuples, pas moins civilisés qu’eux !
Seulement, nos dirigeants s’investissaient «présidents à vie». Ils avaient la certitude qu’ils n’avaient de comptes à rendre à personne. Surtout pas au peuple. Leur PPM, leur SEM et leur PRDS se confondaient avec l’Etat. Et ils pouvaient se le permettre ! Aucune alternance n’était imposée jusque-là, par une loi fondamentale.
Tout le sens du changement du 3 août (qui gagne en crédibilité également parce que ses initiateurs ne sont candidats à rien), est là. L’enjeu majeur du projet politique que concrétise la Constitution soumise au vote le 25 juin est de transformer la fonction de Président de la République en mission ponctuelle, inscrite dans une durée déterminée.
La limitation du nombre des mandats présidentiels permettra ainsi l’émergence d’une alternative constitutionnelle à mesure de faire parvenir au pouvoir, sans le recours aux chars.
Intelligents qu’ils sont, les Mauritaniens et les Mauritaniennes doivent le comprendre. Il s’agit d’une opportunité historique. C’est la fin de l’ère des roitelets. Et le lancement d’une démocratie apaisée et responsable, où la magistrature suprême se conquiert pour une durée déterminée, où l’on ne s’y éternise pas sur l’insistance des superficieux, des laudateurs et des aigris. Où la magistrature suprême se conquiert sur la base d’un programme et de manière honnête et crédible. C’est à dire sur la base des résultats d’élections transparentes, supervisées par une Commission Electorale Nationale, indépendante de l’appareil d’Etat. De tels résultats refléteront, la vraie nature des rapports de forces souvent biaisés par la fraude électorale motivée par l’inféodation de l’appareil d’état au roitelet du moment.
Malgré les décennies de totalitarisme, de médiocratie, et les ravages d’un système éducatif ayant produit des dizaines de milliers d’esprits simplistes, les mauritaniens et les mauritaniennes imbus de leur intelligence intrinsèque, seront au rendez vous le 25 juin pour dire OUI à l’alternance, OUI à l’entrée de plain pied dans l’arène des Nations civilisées, dans lesquelles le pouvoir s’acquiert et se perd, de manière civilisée.
Ils diront évidement Oui à la prestation de serment par le futur président à ne pas modifier la constitution dans les aspects relatifs au nombre des mandats présidentiels, à l’Islam et à l’intégrité territoriale. Ils et Nous, dirons évidemment OUI, à la suppression de l’article 104 apocryphe et liberticide.
Le 25 juin constitue notre chance ultime contre la «somalisation» rampante. Ce jour-là, une Mauritanie Nouvelle, naîtra …ou ne naîtra pas.

IOM


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