In memoriam: Cheikh Addoud   
07/05/2009

Le Saint Coran Ă©voque, dans la sourate Annour, des hommes que nulle affaire ne saurait distraire de l’invocation d’Allah, de la prière, des bonnes Ĺ“uvres et qui redoutent le jour oĂą les cĹ“urs ainsi que les regards seront bouleversĂ©s. C’est Ă  la lumière de cette indication divine que se dresse, forcĂ©ment, le portrait de CHEIKH ADDOUD.



Durant toute sa vie , le brillant Ă©rudit dotĂ© d’un extraordinaire esprit d’ouverture , le jurisconsulte talentueux dont l’avis confère l’autoritĂ© de la chose jugĂ©e, le poète envoĂ»tant qui promène les consciences dans un ocĂ©an de merveilles et de curiositĂ©s, le confĂ©rencier passionnant qui entraĂ®ne ses auditeurs aux confins de l’imagination..., s’est identifiĂ© Ă  un monument de piĂ©tĂ©. 
Il y’avait dans l’image qu’il a su incarner avec grâce et bienveillance, dans son regard, profondĂ©ment, pudique et lumineux, dans son immense savoir qui dĂ©passe selon une expression bien connue des milieux lettrĂ©s traditionnels, "le contenu des livres" et qui avait fait de lui une Ă©minente figure de l’islam contemporain, un irrĂ©sistible souffle de l’Esprit.
Cheikh ADDOUD qui s’inspirait, aussi bien dans son Ă©loquente expression que dans sa conduite exemplaire, des apĂ´tres du Livre et de la Sagesse, Ă©tait, en fait, l’inĂ©puisable mĂ©moire d’un univers splendide qui s’enfonce, de plus en plus, dans le temps.
Symbole d’une prestigieuse tradition qui tient en respect l’envahissante modernitĂ©, le Maitre se confondait, dans son ĂŞtre, avec une pĂ©dagogie fondĂ©e sur la patience et la vĂ©ritĂ© et dont le rayonnement constituait le trait essentiel de sa personnalitĂ©.

En effet, malgrĂ© les honneurs et la gloire , du reste bien mĂ©ritĂ©s, liĂ©s aux hautes fonctions publiques qu’il a eu Ă  occuper, il assura avec une attachante humilitĂ©, au milieu des dunes mouvantes, la continuitĂ© de l’enseignement des mahadras, ces universitĂ©s Ă  dos de chameaux, dont la qualitĂ© continue de surprendre les spĂ©cialistes les plus avisĂ©s et qui allie la puretĂ© religieuse, cette denrĂ©e rare, Ă  une Ă©tonnante prolixitĂ© intellectuelle.


CHEIKH ADDOUD aimait bien enseigner dans ce milieu, Ă  la fois, sobre et pittoresque dans lequel sa prĂ©sence Ă©tait, d’ailleurs, indispensable et qu’il connaissait par cĹ“ur. Il en connaissait aussi bien les hommes que les choses.

 

Il en dĂ©tenait les secrets et les mystères. Il en fut et en demeura le Maitre du moment : le Marabout au singulier dont le pluriel en hassaniya donne, Ă©trangement, le terme Tolba. En fait, ce pluriel qui constitue, en soi, une curiositĂ© grammaticale, renvoie, plutĂ´t, Ă  une Ă©cole qui Ă©prouve le besoin d’avoir un Marabout, unanimement, acceptĂ© ou comme diraient les Soufis, un pole du temps. C’était lui.


Avec lui, disparaĂ®t non seulement une grande personnalitĂ© de la vie nationale mais encore une mĂ©moire vivante qui avait su, avec une rare intelligence, conserver l’âme d’un milieu culturel attachĂ© Ă  la piĂ©tĂ© des savants (UlĂ©mas) et Ă  la dignitĂ© des ancĂŞtres.
On comprend, aisĂ©ment, que sa mort soit aussi grandiose que sa vie et que le deuil que son dĂ©cès Ă  suscitĂ© soit couvert d’une solennelle sĂ©rĂ©nitĂ©. 
En effet, la douleur ressentie suite Ă  sa disparition, se trouve, quelque part, submergĂ©e par une conviction tenant au sĂ©jour dans la Station assurĂ©e (Maqamin Amine).
Après tout, le Maitre s’en est allĂ© vers cet endroit oĂą règne l’éternelle 

sĂ©curitĂ© promise aux esprits bien guidĂ©s "qui ont cru sans entacher leur foi avec une quelconque injustice". (Coran- Sourate VI- Al an’am verset 82)


Abdel Kader Ould Mohamed
Juriste, Ancien Secrétaire d’Etat
 


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