Tribune : Comment l’hypocrisie putschiste profane une noble cause   
29/04/2009

Le barbarisme politico-militaire dont le peuple est présentement otage suite à la parodie de démission du général imposteur, auteur du coup d’Etat de la honte du 06 Août 2008, est non seulement responsable de la violation de la Constitution nationale et des restrictions de toutes les formes de libertés,



mais aussi d’un recul gravissime de l’espoir né de la promulgation historique de la loi n° 2007-45 condamnant et incriminant les pratiques de l’esclavage ( loi votée, pourtant, à l’unanimité des députés poussés par la synergie des efforts fournis par l’ensemble des mouvances politiques, des organisations de la société civile et forces vives de la nation mues par leur commun désir de tourner une page sombre de l’histoire du pays) et d’autres instruments de la cohésion nationale mis en place sous l’autorité du Président de la République. Tout le monde croyait et croit toujours avec fermeté à la possibilité de bâtir une Mauritanie réellement nouvelle dont le credo est un triptyque fondé sur l’honneur, la fraternité et la justice. Un mécanisme d’une dynamique de l’abolitionnisme lucide, participative et efficace avait commencé à être mis en place ; lentement, certes, mais sûrement. Aucune force n’en était exclue. Mais la mutinerie du général a systématiquement mis fin à ce projet qui constitue la pierre angulaire du renforcement de notre tissu social, condition sine qua non de la stabilité politique et du développement durable des Etats, quels qu’ils soient.

Les cas avérés d’esclavage enregistrés, à Nouakchott jeudi 23 Avril2009 dont la victime est Hanna Mint Mariya, mineure de 11 ans à peine puis à Guérou où Abderrahmane Ould Raby et sa sÅ“ur sont privés d’une partie de leur héritage au nom de leur état servile sont une preuve irrécusable de la consécration de l’injustice et surtout de l’impunité dont jouissent les esclavagistes sous le régime des défenseurs putschistes des nationalismes primaires qui font l’apologie du tribalisme, du chauvinisme et du racisme... En effet, les deux cas cités ci-dessus n’ont joui d’aucun intérêt sérieux des autorités administratives, ni judiciaires, ni des forces de l’ordre. Comment, d’ailleurs celles-ci qui subissent de lourdes pressions de la part de la nébuleuse aristocratie féodale et le diktat des forces réactionnaires (chefferies et notables subitement réanimés par le général putschistes sous l’appellation « Mauritanie profonde Â».) pouvaient-elles réellement contredire les ordres de leur chef ? Bref, les contrevenants au nom des valeurs désuètes et des considérations inhumaines jouissent de la complicité et de la protection du système putschiste. Les maîtres de la jeune Hanna Mint Mariya (Abdarrahmane Ould Thounoureyne et son épouse Toumenne Mint Thounoureyne) ont été mis en liberté malgré les termes de la loi condamnant et incriminant l’esclavage. Proximité de la campagne électorale oblige !

Pourquoi ces scandales?
Ces scandales inadmissibles qui surviennent après neuf mois d’usurpation du pouvoir par la force des armes confirment les premières déclarations du général limogé et son « Premier Ministre Â», tout comme le discours tenu par les colonels soumis à ses ordres au cours de leurs tournées carnavalesques dans le cadre de la préparation de la mascarade des EGD. Les putschistes militaires et civils ont partout confirmé que l’esclavage ne constitue point, à leurs yeux, une priorité. D’ailleurs, ils sont allés jusqu’à reprocher au Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi d’en avoir fait une préoccupation majeure.

Pourtant, le général engagé dans une campagne avant l’heure, conformément à son agenda unilatéral, va se dénier dans une volte-face aussi surprenante que ridicule pour se saisir de ce problème naguère diabolisé et aller parader en Lincoln des sables, dans les adwabas et autre triangle de la pauvreté ! Et la lutte contre l’esclave et les esclavagistes, ce thème noble, se trouve soudain profané, perd sa dimension et se banalise, hélas, pour devenir un fonds de commerce au service d’une campagne à la fois vulgaire, populiste et pécheresse. Tout comme les problèmes des déportés mauritaniens et le passif humanitaire, la guerre menée contre les pratiques esclavagistes a cessé d’être au profit de l’émancipation des assujettis victimes de torts et vicissitudes en vue de l’ancrage des valeurs égalitaires et de la justice sociale. Car tous les moyens sont bons pour se servir des bidonvilles et des adwabas creusets de voix électorales à bon marché du fait du niveau d’ignorance et d’indigence de leurs populations très souvent malheureusement faciles à abreuver de déclarations fallacieuses et de fausses promesses du général comique.

Mais les jours et le semaines qui viennent prouveront à Mohamed Ould Abdel Aziz et à sa meute de partisans esclavagistes que les temps ont changé et bien changé !

Ethmane Ould Bidiel


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés