La comédie du général Aziz est un bide !   
19/04/2009

Huit mois après le plus abject des coups d’Etat que le pays a connu depuis 1978, les mauritaniens se dirigent vers l’inconnu. Leurs espoirs d’ancrage des valeurs démocratiques au terme d’une transition réussie et d’élections ayant tenu toutes leurs promesses, ont été hélas trahis par les mêmes officiers putschistes qui ont déjà conspiré Ould Taya, avant de trahir le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui les a pourtant nommés généraux



et à qui ils ne reprochent que l’exercice de ses prérogatives constitutionnelles, son engagement dans la défense des intérêts suprêmes de la nation, sa lutte – réelle et non démagogique - contre le népotisme et la gabegie et sa conduite des affaires du pays suivant les principes de bonne gouvernance. En effet, le Président de République tenait fermement à instaurer un nouvel ordre fondé sur la transparence dans la gestion des affaires du pays et la séparation des pouvoirs. C’est, en fait, ce que Mohamed Ould Abdel Aziz et ses soutiens militaires, peu enclins à se départir de l’immixtion dans les affaires politiques pour s’occuper de leurs missions de défense nationale et sécurité, n’ont pas supporté. Ainsi se sont-ils lancés dans l’incitation à la fronde, et toute la crise qui s’en est suivie puis le coup d’Etat.

Aujourd’hui on veut imposer aux mauritaniens la mise en Å“uvre d’un scénario ridicule dont l’ébauche n’a pas échappé à la vigilance des leaders du Front de la Défense de la Démocratie lesquels étaient persuadés, dès le départ, que les motivations du général limogé et ses complices auteurs du coup d’Etat du 06 Août 2008 se résument à l’usurpation durable du pouvoir. C’est pourquoi le maintien des chambres du parlement invoqué par la junte comme la preuve de la survie de la démocratie n’était qu’un argument fallacieux et un prétexte dont le général comptait en user, en cas de besoin, pour tenter de légitimer son autocratie. C’était un prélude à l’organisation d’un simulacre d’élections présidentielles dont les résultats sont connus à l’avance.

Enfin, devant l’obstruction totale de tous les horizons et l’échec au niveau national et international de son discours bâti autour de la litanie « combat contre la malversation et la gabegie Â», maux dont il assume, lui-même, la recrudescence et l’ancrage comme pratiques, Mohamed Ould Abdel Aziz, et sur instigation de soin principal conseiller, le Premier Secrétaire de l’Ambassade de France à Nouakchott, Monsieur Jean-michel Antona, vient de mettre en exécution son plan d’agenda unilatéralement arrêté et décliné au monde entier à la suite de la parodie de concertation dénommée dans son langage populiste et vulgaire EGD. Cette fuite en avant dans laquelle il excelle fort bien constitue un rejet catégorique de toutes les résolutions de l’Union Africaine et une fin de non recevoir opposée à toutes les injonctions de la Communauté Internationale.

Sa mascarade de démission ne tient pas. En effet, le processus de transmission de pouvoir au Président du Sénat est nul et non avenu. Ce n’est qu’un factice et artificiel respect d’une Constitution qu’il a été le premier à piétiner, entraînant ainsi le pays dans une crise institutionnelle sans précédent.
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La prétendue démission est tout simplement une poursuite de la prise en otage du pays et une tentative de légitimer le coup d’Etat. Après s’être évertué à vendre à l’extérieur l’image d’une Mauritanie atypique, une Mauritanie qui ne manque que d’un Président élu et qui peut le remplacer par des élections, Mohamed Ould Abdel Aziz pense pouvoir convaincre qu’il est l’homme providentiel, le messie indispensable. Et pour cela il a tout préparé pour sa propre succession au pouvoir. La parodie de démission constitue, réellement, une preuve supplémentaire d’un tâtonnement aveugle pour réaliser une ambition personnelle sans limite, une folie de grandeur qui risque de précipiter le pays vers l’inconnu. C’est dans ce cadre qu’il s’est précipité, au lendemain de son usurpation du pouvoir, de procéder à :

Faire écrire et s’entraîner à l’interprétation d’une comédie inspirée par les idéologues marmitons décidés à capitaliser l’ensemble des requêtes, à la fois, cacophoniques et antinomiques de ses soutiens de tout bord (laudateurs, arrivistes, réactionnaires, porte-étendards de la féodalité aveugle, ethnocentristes et autres professionnels de la malversation) ; 

Mener, au pas de charge, une campagne présidentielle anticipée et vulgairement populiste, financée sur le compte de l’Etat. Selon des sources concordantes et sûres, cette campagne aura coûté 50 millions d’ouguiyas au trésor public à chaque déplacement du général félon.

Engager et poursuivre une campagne de diffamation et d’injure, dirigée contre les hommes politiques, les centrales syndicales, les organisations de droits de l’Homme, les cadres et les forces vives opposées au putsch. L’instrumentalisation des organes de presse publics, de la justice et de la police nationale a servi d’arme fatale dans cette campagne ignominieuse !

User de toutes les formes de pression sur les hommes politiques, les élus et les cadres, pour le contraindre à rallier le camp de la conspiration et d’illégalité (chantage, limogeage, affectations abusives, harcèlement, intimidation, achat de conscience…).

S’acharner arbitrairement et de façon sélective sur les responsables du FNDD, injustement dénommées tantôt « symboles de la gabegie Â», tantôt « terroristes Â» ou « espions Â» et mêmes « suceurs de sang Â» ! D’ailleurs, quelques victimes de ces règlements de compte croupissent encore dans les geôles du général, à l’instar du Premier Ministre, Monsieur Yahya Ould Ahmed Elwaghf et de ses camarades détenus;

Tenter de leurrer l’étranger, à travers le troc du treillis contre le costume perfidement dissimulé derrière une démission feinte alors qu’en réalité, c’est lui qui garde les commandes du pouvoir et dirige le tout-puissant BASEP suspendu sur les têtes de ses marionnettes comme une épée de Damoclès ; qu’il s’agisse de la vieille toupie et Président intérimaire sur papier (Bâ M’Baré) ou des autres pantins de membres de la junte.

 

Aujourd’hui, tout le monde se pose les questions suivantes : devant qui le général a présenté sa démission ? Et de quoi a-t-il démissionné ? En effet, les dispositions en vigueur dans le pays disent que l’officier ou le magistrat démissionnaire ne présente sa démission qu’au Président de la République. Or cette condition sine qua non pour toute démission constitutionnelle - sciemment banalisée par les scénaristes du général comédien- n’a aucunement été remplie par la mise en scène du général limogé. La désignation manu militari de Bâ Mamadou dit M’Baré n’est donc qu’une nouvelle violation de la Constitution.
La vacance de pouvoir n’est constatée qu’en vertu des raisons qui suivent : décès du Président, invalidité (physique ou psychologique) et perte des droits civiques. Ce n’est heureusement pas le cas. Le Conseil Constitutionnel ne peut être saisi que par le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale ou le Premier ministre nommé par le Président de la République. Aucune de ces personnalités n’a saisi Ould Ely Salem et ses collègues complices des putschistes ! Alors ni vacance de pouvoir, ni empêchement ne pouvaient être constatés. On ne peut donc pas encore remettre en cause une réalité : la Mauritanie a son Président élu démocratiquement par le peuple, Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, lequel ne peut pas encore être remplacé de manière constitutionnelle. Toute la comédie du général Ould Abdel Aziz est donc un bide et ne servira qu’à rendre l’homme encore plus ridicule aux yeux du monde entier !

Alors, il est donc du devoir du général limogé, de retrouver la raison pendant qu’il est encore temps, et de renoncer à la prise en otage de la nation pour éviter à tout le monde les conséquences néfastes d’une aventure qui ne marche pas. En huit mois le pays a trop pâti de la crise économique, de l’isolement diplomatique et de tensions sociopolitiques. Pire, la mise en exécution de l’agenda unilatéral de la junte entraînera inéluctablement le durcissement des positions des partenaires du pays et l’internationalisation d’un dossier déjà dans les coulisses du Conseil de Sécurité des Nations Unis.
Les populations mauritaniennes ne sont pas prêtes à laisser le pays sombrer dans l’abîme pour les caprices du général Mohamed Ould Abdel Aziz.

Ethmane Ould Bidiel

 


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