Madagascar : Un coup d’Etat est en marche   
13/03/2009

L’Afrique renoue avec les coups d’Etat qui prennent de plus en plus des formes particulières. Après le coup d’Etat en Mauritanie soutenu par la majoritĂ© parlementaire et l’opposition puis le coup d’Etat   atypique de GuinĂ©e menĂ© par un capitaine contre un gĂ©nĂ©ral-president dĂ©cĂ©dĂ©, ensuite le putsch beaucoup  plus atypique de GuinĂ©e buissau oĂą le prĂ©sident constitutionnel a Ă©tĂ© tuĂ© sans qu’il ne soit dĂ©terminĂ© par qui, Madagascar est en train de vivre le 13 mars 2009  un autre coup d’Etat sur fond de graves tensions politiques.



L’armée malgache ayant rejoint l’opposition. La communauté internationale a du pain sur la planche.

Le camp de l’opposition à Madagascar s’est dit vendredi 13 mars proche de la victoire en clamant que le gouvernement "devait être renversé", tandis que le régime a appelé ses partisans à défendre le palais présidentiel dans une atmosphère de plus en plus tendue. "Maintenant, les militaires sont avec nous. (Le président Marc) Ravalomanana est en train de faire ses valises et (ses) ministres aussi", a lancé Augustin Andriamananoro, "ministre" des Postes et Communications nommé par l’opposition, devant 2.000 partisans réunis sur la place du 13-Mai à Antananarivo. Le "ministre" faisait référence à la défiance affichée de l’armée vis à vis du chef de l’Etat. Jeudi, la gendarmerie et la police nationales ont emboîté le pas à l’armée, avec comme objectif proclamé la préservation de l’unité des forces de sécurité. "Le gouvernement doit être renversé", a martelé M. Andriamananoro, qui disait s’exprimer au nom du leader de l’opposition Andry Rajoelina et de son "Premier ministre" Roindefo Zafitsimivalo Monja. Environ 200 personnes se sont rassemblées de leur côté devant le stade municipal de Mahamasina vendredi après l’appel d’une radio proche du pouvoir (Radio Mada) exhortant les "partisans de la légalité à se retrouver à Mahamasina et à surveiller les sites stratégiques comme les ministères". Radio Mada a également appelé la population "à se déplacer vers (le palais d’Etat) de Iavoloha pour protéger le palais avec la garde présidentielle". Environ 500 partisans du président, certains très en colère, s’étaient eux rassemblés à l’entrée de l’enceinte du palais, à environ 12 kilomètres du centre-ville, a constaté l’AFP. De son côté, M. Ravalomanana a affirmé que "des éléments qui se sont mis en dehors de la hiérarchie légale, chercheraient à lui ôter la vie" et appelant une nouvelle fois "les forces de l’ordre et les forces armées à rester unies tout en accomplissant leur devoir dans la neutralité", selon un communiqué de la présidence. M. Ravalomanana a rencontré au palais d’Iavoloha les dirigeants du très influent Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM), selon ce communiqué. Ces derniers ont indiqué entamer des consultations auprès de "toutes les entités concernées, y compris les institutions et toutes les parties impliquées ou non dans la crise" en vue d’"assises nationales élargies" pour une sortie de crise. "Nous réitérons les préalables qu’il faudrait respecter tels l’arrêt de toute forme de terrorisme, de provocation, toute prise de ministères, et toute forme d’arrestation", a expliqué l’archevêque d’Antananarivo, Mgr Odon Razanakolona. Des assises nationales, censées débuter jeudi, ont été reportées sine die à cause du refus du mouvement de M. Rajoelina d’y participer ainsi que d’incertitudes concernant l’armée. Madagascar est plongé dans une grave crise politique provoquée par le conflit ouvert entre le président Ravalomanana, de plus en plus isolé, et M. Rajoelina, qui vit caché depuis plusieurs jours de peur d’arrestation. Plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans ce conflit depuis le début de la crise le 26 janvier. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a déploré vendredi "une prise en otages des médias et un climat défavorable à la liberté de la presse"depuis le début de la crise. RSF exprime son "inquiétude après la suspension de parution de cinq journaux et les agressions et menaces dont plusieurs journalistes ont été victimes au cours de ces dernières semaines".


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