Ils l’ont libéré, le premier président démocratiquement élu de notre tumultueuse histoire de révolutions du palais. Mais est-il pour autant libre? Libre par exemple, de regagner son bureau, d’exercer ses prérogatives, de voyager, de manifester sur place publique ? Hors de question, naturellement. Il est libre cependant de participer en tant qu’ancien président, aux «Etats Généraux de la Démocratie» qui vont décider d’une nouvelle présidentielle. Au suivant donc! Et la vie reprend. Malgré ses 52% de suffrages recueillis en 2007, Ould Cheikh Abdellahi se retrouve par la force des armes, disqualifié avant l’échéance réglementaire de 2012. «A quoi bon voter à l’avenir ?», entend-on, de plus en plus.
Il ne laisse pas indifférent cet «illustre inconnu» que les militaires les plus influents de l’ex-CMJD avaient soutenu lors de la présidentielle de mars 2007. Pas par son bilan peut être, mais surtout par la formidable vague de refus des coups d’Etat et la mobilisation qui s’est créée contre la prise du pouvoir par la force, laquelle, devait enchanter les futurs candidats au pouvoir au lieu de les mécontenter. Sidi, est le premier président mauritanien dont on parle toujours, quatre mois après sa destitution par un coup d’Etat.
Curieux, que cela ne fûsse pas le cas avec les anciens présidents mauritaniens déposés par putschs. Personne n’a parlé après le 10 juillet 1978 de Feu Moctar Ould Daddah, «le père de la nation». De Ould Haidalla surnommé par les artistes de l’époque, «cheikh errajala» après le 12/12. Et Ould Taya qui a gouverné sans partage 21 ans durant ? Il a été -lui aussi- oublié l’après-midi du 3 août 2005. Mais voila, qu’un «illustre inconnu», un «homme de paille» de surcroît, qui a fait juste 15 mois de pouvoir, continue toujours à faire parler de lui. Voila que des dizaines de milliers de mauritaniens descendaient le 18 août 2008, dans les rues pour réclamer son retour. Voila que le régime militaire qui l’a déposé se retrouve contraint d’interdire les manifestations pour pouvoir contenir le flot. J’ai entendu quelque part, (je ne me rappelle plus où), que le président Sidi n’a pas de base et qu’il n’est soutenu que par «cinq personnes mécontentes d’avoir perdues leurs postes». Cela m’a rappelé l’histoire des quatre officiers mécontents -eux aussi- d’avoir perdu leurs postes, la matinée d’un 6 août. Les mécontents qui perdent leurs postes font l’histoire chez nous. IOM
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