La campagne de planification familiale se poursuit dans les trois régions de Nouakchott et en Assaba. L’association Jeunesse à l’Heure d’El Mina (JAHE) a lancé les opérations depuis le 28 septembre 2020 au Poste de Santé de Dar Beida. Il y a eu une ruée des ...
... populations de cette localité qui a pris d’assaut cette structure sanitaire tellement le besoin était là et réelle. Un total de 1834 femmes ont été consultées dans l’ensemble durant trois jours d’opération. C’est le résultat d’une grande sensibilisation de JAHE dans cette zone. L’association Jeunesse à l’Heure d’El Mina a encore montré son savoir faire dans le cadre de la mobilisation des populations d’El Mina. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le plein a été fait et la demande est encore là , forte et pressante. Dans l’ensemble, il y a eu 1834 consultations dont 874 pour le planning familial (350 nouvelles utilisatrices et 524 anciennes), 58 en gynécologie et 902 consultations générales. Des chiffres qui dépassent largement l’objectif visé de 400 consultations par centre de santé. Le chef de poste de santé, Mr Diop, n’a pas manqué d’apprécié l’organisation de cette campagne de planification. «C’est une campagne qui vient à son heure », martèle Dr Diop Adama chef du Poste de santé. En service dans ce poste depuis 20 ans, il a retracé l’histoire d’une structure qui a peiné à naître dans une localité en majorité de populations qui vivent dans la précarité totale mais qui sont dans le besoin d’espacer les naissances. « Au début, j’ai eu des problèmes pour prendre en charge ces questions de planification. Mais par la suite, le FNUAP m’a aidé en me dotant d’un lot important de médicaments et de matériel pour la planification familiale », dit-il non sans souligner le problème des pesanteurs sociales. «J’ai eu des menaces des hommes qui ne croyaient pas à ce système d’espacement des naissances. Mais au fur et à mesure que la sensibilisation se déroulait, ils ont compris les avantages et ce sont eux-mêmes qui venaient avec leurs épouses solliciter le planning familial » soutient-il. C’est pour cette raison que le poste de santé ne désemplit pas et avec cette campagne de planification familiale, la structure refuse du monde. A en croire Dr Diop, «cette campagne renforcera le travail que je faisais pour aider et assister les familles dans le cadre de la planification familiale ». Le poste de santé de Dar Beida est sous équipé. L’accouchement ne se pratique pas parce que le poste de santé fonctionne avec les moyens du bord. Toutefois, Dr Diop soutient qu’ici « on fait tout ». C’est-à -dire la consultation néonatale et postnatale, l’échographie, la vaccination des enfants … en un mot, la consultation générale avec des services minimum. C’est d’ailleurs à l’image de nombreux postes de santé construits dans la périphérie de Nouakchott et à l’intérieur du pays où se sont des médecins chefs de districts sanitaires qui se débrouillent avec les moyens du bord pour sauver les populations.
Une sensibilisation portée par une association dynamique La Jeunesse à l’Heure d’El Mina (JAHE) grâce à son réseau et connue pour son dynamisme et son engagement citoyen auprès des populations d’El Mina et environs, a mis les bouchées doubles pour informer les personnes cibles à venir profiter des effets positifs de la planification familiale. Plus de 700 personnes touchées par des équipes organisées par le président de l’association Mr Moussa Mbareck. La cour du poste de santé était remplie de femmes qui avaient toutes des tickets numérotés jusqu’à 700 le premier jour de l’ouverture des opérations de planification familiale. Des équipes sous la houlette de Moussa Mbareck ont érigé une grande tente qui a abrité les femmes durant les trois jours de consultations gratuites. Le thé et autres services nécessaires étaient servis à tout le monde. Malgré tout, certaines femmes impatientes, après une journée d’interminables attentes, ont décidé de repartir pour revenir le lendemain. La pression était là et chacune veut être servie avant de retourner à domicile. Les sages femmes (Mmes Ndeye Sokhna Diack, Fatimata Thiwal et Mme Fall Aida Diop), appuyées par les équipes de JAHE faisaient des pieds et des mains pour contenir ces femmes et les servir au besoin. C’est ce qui fait que dans la première journée du lundi 28 septembre 2020, plus de 500 femmes ont été consultées dont la tranche d’âge varie entre 14 ans et 44 ans sans compter celles en période de ménopause. Toutes avaient bénéficié des consultations de gynécologie et de planification familiale et d’autres services similaires divers.
Des services divers, des préférences diverses … Plusieurs femmes ont exigé des contraceptifs qui leur maintiennent dans leurs formes et non le contraire. La plupart préfère les comprimés « Microlut » qui, selon elles et les sages femmes, donnent assez de lait à la femme allaitante et utilisable à partir du 40ème jour après l’accouchement. C’est le cas de Mme Moukelzou Mint Hamdi (25 ans) avec 3 enfants déjà dont le dernier a 6 mois. « Je préfère le microlut aux autres médicaments parce qu’il donne du lait et la forme à la femme contrairement aux autres qui me faisaient dépérir », déclare-t-elle. Pour sa part, Mme Diangou Gandéga (32 ans), a trois enfants dont le dernier a un an et 7 mois. Pour elle, au-delà des soucis d’espacer les naissances pour préserver sa santé et celle de ses enfants, c’est plutôt l’ambition d’aller travailler pour soutenir son mari qui demeure la principale motivation de planifier sa procréation. «Je veux surtout travailler pour aider mon mari à prendre en charge l’éducation et la santé des enfants. C’est pourquoi, je veux faire le planning familial » dit-elle toute souriante. Malgré ses 32 ans, elle compte et espère trouver du travail dans un contexte marqué aujourd’hui par l’impact du Covid-19. Comme indiqué tout haut, il n’y a pas seulement que les services de planification. Mademoiselle Mame Mint Cheikh (28 ans) est allée pour une consultation liée à l’irrégularité de son cycle menstruel. « Je fais des pertes blanches, du sang noire. Je ne mange pas bien et je suis souvent fatiguée » relate-t-elle. Pour son cas, elle a été envoyée chez le chef du centre de santé Mr Diop qui lui dira la conduite à tenir. Quant à Mano Mint Houssey (44 ans), elle a mis au monde 5 enfants. Le dernier de ces progénitures a 8 mois. « Je faisais le dépôt provéra (injection pour 3 mois) mais je dépéris et parfois, je saigne. Cette fois-ci, je préfère prendre « Implanon » pour 3 ans. Cela me permettra de me reposer et de garder ma forme et ma santé », soutient-elle. Pour Mme Khalen Mint Mohamed (38 ans), c’est la peur au ventre. « J’ai mis au monde 6 enfants, 2 autres sont décédés au cours de l’accouchement. Mon bébé a 4 mois et je n’ai pas vu mes règles depuis un mois. J’ai peur » s’inquiète-t-elle. La sage femme a conseillé de prendre les préservatifs masculins jusqu’à ce qu’elle voit ses règles et elle doit être en observation. Donc elle reviendra dans un mois pour tester si elle est en état ou pas avant de lui faire le planning familial. Marieme Mint Dah, elle, la soixantaine, est en ménopause. Sa présence au Poste de santé est liée à sa situation sanitaire. Depuis sa ménopause, elle souffre de plusieurs maladies diverses qu’elle ne comprend pas. La campagne de planification familiale révèle qu’il y a du travail à faire dans ces zones où grouille une population pauvre qui a besoin d’être soutenue et accompagnée dans le cadre de la procréation et de la prise en charge de certains services sanitaires. C’est dire que le temps imparti pour le déroulement de cette campagne, ne suffira pas pour satisfaire ces populations nécessiteuses. Ibou Badiane
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