Santé : Des médicaments en rupture!?   
06/05/2020

Le secteur de distribution des médicaments en Mauritanie est-il malade? Certains médicaments et non des moindres, manquent dans les officines agréées et responsables de leur ventilation dans le marché. La responsabilité de cette rupture incombe-t-elle à la CAMEC ...



... relevant du Ministère de la santé ou aux grossistes?

Depuis plus d’un mois, il a été constaté de nombreuses ruptures de médicaments dans les officines privées. Selon le Dr M.T.Y, «ces médicaments concernent surtout les classes thérapeutiques nécessaires pour la prise en charge des maladies métaboliques et les antibiotiques». Selon toujours notre interlocuteur, «un patient a traversé la ville de Nouakchott de part en part pour rechercher son médicament antihypertenseur en vain».
Dans l’inquiétude, un patient, ordonnance à la main, a sillonné pendant deux à trois jours les pharmacies de la place sans trouver le médicament qu’il cherchait. Le Dr M.T.Y. soutient que, «les patients sous produits en rupture se réfèrent aux pharmaciens pour éventuellement retrouver un équivalent. Ce qui n’est pas toujours évident».
La fermeture des frontières pour cause de Coronavirus, rendant aussi impossible un approvisionnement comme d’habitude en cas de rupture au niveau des pays voisins.
Notre interlocuteur, Dr M.T.Y. indique qu’aujourd’hui, "des médicaments comme le Célectène 2mg, le Maxidrol CY, le Genpress 5mg, le Sintrom 4CP, le Travatan pour le traitement des yeux … (la liste est longue ndlr), pour ne citer que ceux-là, sont en rupture dans nos officines privées". D’autres sources font état d’une quarantaine de médicaments non disponibles en stocks dans ces officines. Selon toujours nos informations, ces médicaments étaient sous le monopole de la Centrale d’Achat de médicaments essentiels et consommables (CAMEC) qui l’aurait cédé aux grossistes privés. A qui la faute ?  Serait-on tenté de nous interroger. En tout cas, les observateurs du secteur des médicaments pointent un doigt accusateur à deux responsables, à savoir  la CAMEC ou  les grossistes. 
Notre santé publique était d’abord menacée par l’introduction de faux médicaments ou contrefaits dont le ministère de la santé et ses services compétents ont mené une âpre lutte pour amoindrir les risques et endiguer l’infiltration de ces produits pharmaceutiques sans aucun principe actif et nuisibles à la santé des populations. Mais aujourd’hui, en dépit du monopole de certains médicaments par la CAMEC, les patients souffrent du manque de médicaments essentiels pour leur santé. La responsabilité se renvoie comme un ballon de pingpong. Si à la CAMEC on rassure de la disponibilité des médicaments sous son monopole, chez les grossistes ou le privé tout court, on accuse à tort ou à raison le distributeur principal, seul responsable de l’approvisionnement en médicaments dans le marché.
La libéralisation à outrance du secteur des médicaments depuis 1981 n’est-elle pas passée par là instaurant un secteur pèle mêle. Surtout que la loi de 2004 permettant à tout mauritanien d’ouvrir une pharmacie en ayant un pharmacien comme responsable technique. Toutefois, la mise en place d’une nouvelle loi en 2010 qui a remplacé celle de 2004 a permis de réglementer le secteur des médicaments avec des mesures coercitives. Mais, malgré tout cet arsenal juridique sur les médicaments, le secteur connaît toujours des problèmes créant une véritable psychose chez les consommateurs.
Le Ministère de la santé ne doit-il pas mener une investigation minutieuse pour situer les responsabilités ? Lui qui est le maître d’œuvre dans la gestion du système de la santé dans le pays.
Pour l’heure, les professionnels de la santé, du moins ceux qui prescrivent les ordonnances, s’inquiètent de cette pénurie de médicaments surtout au moment où le Covid-19, est en train de malmener le monde de la santé. Dieu merci qu’en Mauritanie, l’on est encore loin d’avoir des soucis du Covid-19. Ce dont on doit féliciter le Ministère de la Santé et le corps médical mais aussi les autorités compétentes qui ont très tôt pris des mesures drastiques pour contrer la propagation de la maladie à coronavirus. Loin de s’enthousiasmer à cet effet, les ruptures récurrentes de certains médicaments essentiels, suscitent des inquiétudes et l’absence de solutions risquerait fort malheureusement de provoquer des spéculations au détriment des malades. 
I.Badiane


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