Mauritanie : trĂ©sors du Sahara   
15/07/2019

Des khaïmas blanches (tentes traditionnelles mauritaniennes) ont été installées au pied du monolithe de Ben Amira. Les touristes passeront la nuit dans le campement.



Des khaïmas blanches (tentes traditionnelles mauritaniennes) ont été installées au pied du monolithe de Ben Amira. Les touristes passeront la nuit dans le campement.
Des années coupé du monde pour des raisons de sécurité, le désert de l’Ouest mauritanien rouvre aux touristes. Entre monolithes perdus dans les sables, peintures rupestres millénaires et cités caravanières au passé glorieux, un voyage à la découverte des joyaux de l’Adrar.

Le soleil couchant embrase les dunes de Chinguetti. A pied dans le sable doré, René Eliot perd son regard dans le paysage. « Ces dunes immenses sont magnifiques. C’est exactement l’image que je me faisais du Sahara », confie ce retraité de 67 ans. Bercé par les écrits de Théodore Monod, il réalise enfin son rêve. « Je voulais venir depuis longtemps, mais je ne savais pas que la Mauritanie était accessible aux touristes. » Quand il l’a appris, il s’est tout de suite décidé. « Aujourd’hui, c’est l’un des rares pays du Sahara où l’on peut voyager en sécurité », souligne cet homme originaire de Provence.


En quĂŞte de sensations sahariennes
Depuis un an et demi, les voyageurs sont de retour dans cet Etat de l’Ouest saharien grand comme deux fois la France. Placée en zone rouge par le ministère des Affaires étrangères en 2010, une partie du désert mauritanien est de nouveau accessible grâce aux efforts réalisés par les autorités locales en matière de sécurité. En 2017, la France a allégé ses conseils aux voyageurs dans la très touristique région de l’Adrar, ouvrant la voie à une reprise des vols Paris-Atar. Désormais placée en zone jaune, elle voit aujourd’hui revenir des voyageurs avides de sensations sahariennes, à l’heure où le plus grand désert du monde reste largement fermé au tourisme.

La mosquée de Chinguetti. La cité a été classée à l’Unesco pour son architecture traditionnelle en pierre taillée et son héritage de carrefour caravanier. La mosquée de Chinguetti. La cité a été classée à l’Unesco pour son architecture traditionnelle en pierre taillée et son héritage de carrefour caravanier.
Avec une dizaine d’autres Français, René a opté pour un voyage varié alternant marche, 4 x 4 et trajets en train. Arrivé en avion à Atar, le chef-lieu de l’Adrar, le groupe prend la direction de Chinguetti : 80 kilomètres de piste rocailleuse et la voilà enfin. Blottie au cœur des sables, cette cité fondée au XIIIe siècle est dominée par un joli ksar, un village en pierre taillée. « Au XIXe siècle, notre pays était connu sous le nom de Bilad Chinqit, le pays de Chinguetti », explique Sid’Ahmed Tahan, le guide. Une renommée que la cité doit à sa position de carrefour sur la route des caravanes. De cette période, la ville a conservé onze bibliothèques familiales, fièrement gardées par leurs propriétaires, à l’image de Seif Islam. Portant des gants, il expose quelques exemplaires couverts de jolies peaux de chèvre. « Je suis issu d’une famille d’érudits qui ont rassemblé ces livres de théologie, de droit islamique, mais aussi d’astronomie et de médecine », explique-t-il fièrement.


le « train du désert » a repris du service
Après Chinguetti, changement d’ambiance. Cap au nord vers la petite localité de Choum, où nous attend une curiosité. Remis en service en octobre 2018, le « train du désert » circule sur l’unique voie ferrée du Sahara. Longue de 700 kilomètres, elle relie la mine de fer de Zouerate, dans le nord du pays, au port de Nouadhibou, sur l’Atlantique. Une manière originale de découvrir le nord de la Mauritanie. Malgré son classement en zone orange – « déconseillé sauf raison impérative » –, cette partie du voyage ne semble pas inquiéter ce groupe de Français. Au contraire, Joël Galtier, 63 ans, se sent en sécurité. « Il y a un travail à faire pour démystifier la zone et faire savoir qu’elle est sûre », estime ce chef d’entreprise originaire de Montpellier. Tracté par sa locomotive jaune et bleue, le train file plein ouest. A 67 kilomètres de Choum, le trésor de la région apparaît. Immense, imposant, majestueux. Le monolithe de Ben Amira, fier de ses 550 mètres, trône sur ce petit village disposé le long de la voie. « C’est le plus haut monolithe d’Afrique, et le troisième au monde », précise Sid’Ahmed, qui emmène le groupe pour deux heures de balade autour du géant. A ses pieds, une myriade de blocs enchevêtrés tiennent dans un équilibre fascinant.

La ville de Choum, près de Chinguetti, est le point de départ de ce train touristique qui circule sur la voie ferrée Zouerate-Nouadhibou. Il permet de se rendre au village de Ben Amira. La ville de Choum, près de Chinguetti, est le point de départ de ce train touristique qui circule sur la voie ferrée Zouerate-Nouadhibou. Il permet de se rendre au village de Ben Amira.
Les plus courageux peuvent grimper au sommet, comme Christian Ross, 53 ans. Arrivé au bout de quarante minutes de marche, il revient émerveillé par la beauté de la vue. Tout autour du monolithe, le sol est tapissé d’acacias. Des troupeaux de dromadaires paissent en liberté, à la recherche des meilleures touffes de « sbat », l’herbe à chameau en hassaniya, la langue des Maures.

Marchande ambulante dans la capitale culturelle de la Mauritanie, Chinguetti. Marchande ambulante dans la capitale culturelle de la Mauritanie, Chinguetti.
Le lendemain, Sid’Ahmed nous conduit à pied à 7 kilomètres, à la découverte d’un autre géant. Ou plutôt d’une géante : Aïcha, sa bien-aimée, selon la légende. « Un jour, Ben Amira était jaloux et s’est disputé avec Aïcha. En colère, elle a pris ses deux enfants, sa servante, et elle est partie s’installer plus loin », raconte-t-il avec un léger sourire en coin. Cette histoire se transmet de génération en génération chez les populations de la région. Dans cette partie du Sahara, la présence humaine est d’ailleurs très ancienne et on peut aujourd’hui en observer les traces. Dans ses entrailles, Aïcha dévoile un joyau caché : de magnifiques peintures rupestres, vieilles d’environ cinq mille ans. Un véritable musée à ciel ouvert. En fin d’après-midi, la balade s’achève au campement, au pied de Ben Amira. A l’écart, sur une dune, Christian est en pleine contemplation. « La lumière du soleil couchant sur cette surface lisse est magnifique. Il y a un côté mystique dans ce monolithe. »

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