Initiative de la Cndh, Raddho et Fonadh : RĂ©action de Mohamed Abdellahi Ould Kharchi*   
13/10/2008

Je n’appartiens, ni à un Parti Politique, ni à une Organisation de Société Civile. La «Politique» et le jeu politique étant ce qu’ ils sont chez nous, seuls l’avenir et la stabilité du Pays me préoccupent. Ainsi, quand je décide de « sortir », je préfère la vérité, «ma vérité» à moi et surtout la clarté et l’objectivité dans l’analyse.



Et comme malheureusement,  chez  nous, la  Politique se conçoit comme une «duperie» de l’opinion, de «l’autre»  d’une façon gĂ©nĂ©rale et mĂŞme parfois de soi-mĂŞme,  je «rĂ©agis» Ă  de rares occasions.                  
Aujourd’hui je suis interpellĂ© par le communiquĂ©  publiĂ© par le groupe des personnalitĂ©s et Organisations qui nous « proposent » une sortie de crise en 5 points.                                          
Ce texte appelle de ma part un certain nombre de remarques et de commentaires qui risquent d’être parfois aigres. Qu’on ne me tienne pas rigueur, si la «vérité crue» a parfois un certain goût. Qu’on réfute simplement mes arguments ou mes analyses. C’est d’un dialogue certes que nous avons besoin, mais d’un dialogue et d’un débat, constructifs et sérieux qui aillent à la racine des choses. Et non un jeu de «surface» et de cache-cache !
Aussi paradoxal que cela puisse paraĂ®tre, le 6 AoĂ»t  a mis Ă  nu une certaine  rĂ©alitĂ© et certains «faits» incontournables, parce que communĂ©ment Ă©vidents pour  l’IntĂ©rieur et l’ExtĂ©rieur. Par ailleurs, certains «acteurs» se doivent d’être «rĂ©alistes», supporter ce qui peut ĂŞtre  dit d’eux et se souvenir de ce que disent les enfants : «pour entrer dans le jeu, il faut porter une peau de lion». Surtout, un jeu de GRANDS auquel ces «acteurs» ne sont peut-ĂŞtre pas prĂ©parĂ©s. Les rĂ©actions viscĂ©rales et irrĂ©flĂ©chies sont toujours contre productives aussi bien pour rĂ©gler un problème que pour atteindre un objectif aussi impĂ©ratif que soit, cet objectif !!  
Ceci Ă©tant, certaines PersonnalitĂ©s ou certaines Organisations dans ce groupe peuvent-elles  assurer leur capacitĂ© d’être neutres pour pouvoir jouer «la mĂ©diation» et faire des propositions objectives ? On peut dire tout  le mal qu’on veut de la Classe Politique ,  des Cadres de ce Pays, et aussi d’une certaine frange de la population qui a Ă©tĂ© «façonnĂ©e» par la gestion du Pays ces dernières dĂ©cennies. C’est parfois mĂ©ritĂ©. Mais il est une chose qu’on ne peut nier ! On est peu nombreux, et on se connait tous ! C’est le «qui  est qui» et «qui est  quoi» qu’on doit toujours avoir Ă  l’esprit.
Ce n’est de ma part, ni un «procès d’intention », ni un dĂ©ni de droit. Ces PersonnalitĂ©s sont pour la plus part, soit des amis de très longue date, soit des connaissances comme la RADDHO, soit mĂŞme des parents ! Je leur concède  tous les droits et surtout celui d’user   et mĂŞme d’abuser de ces droits quand il s’agit de l’IntĂ©rĂŞt supĂ©rieur du Pays ! C’est par respect pour ces PersonnalitĂ©s que je me  permets de rĂ©agir !
 Pour ces raisons, Ă  mon humble avis,  ce texte mĂ©rite une analyse et une «explication de texte» pour contribuer Ă  clarifier certaines choses.                            
Depuis quelques mois on parle de «crise» et on lui cherche des solutions qui sont parfois plutĂ´t «musclĂ©es». Pour gĂ©rer une crise, il faut l’analyser, la cerner, en dĂ©terminer  les causes, les tenants, les aboutissants, les enjeux rĂ©els. Il faut en faire l’historique en remontant aussi loin qu’il faut, aller au fond des choses et Ă©viter d’escamoter une certaine «rĂ©alité». En restant Ă  la surface, en ne considĂ©rant que les petits «enjeux» du moment, on passe Ă  cĂ´tĂ© des enjeux stratĂ©giques, compromettant ainsi l’avenir du Pays. Une seule personne ne compte pas quand il s’agit du Pays.
Pour être clair dans la recherche de la vérité, on peut dire que cette crise est un «machin» dont les origines remontent à Août 2005 et même plus loin. Depuis les élections Présidentielles, un certain processus a été déclenché pour aboutir à la «vacance» de pouvoir
«CrĂ©Ă©e»  finalement le 6 AoĂ»t, sans un excès de tact et d’élĂ©gance. Certains estiment, Ă  tort ou Ă  raison, que cette «vacance» qui ouvre la voie Ă  une nouvelle Transition est l’objectif visĂ© par le dĂ©clenchement de ce processus.
Toujours est-il que c’est là un jeu plutôt dangereux pour l’avenir et la stabilité de ce Pays !
 Je respecte bien entendu l’opinion des Mauritaniens qui s’ingĂ©nient  malgrĂ© tout Ă  trouver des justifications Ă  «l’évĂ©nement» du 6 AoĂ»t. Il est difficile d’être convaincu par ces justifications. Mais  on est supposĂ© ĂŞtre en DĂ©mocratie ! Je sens, sans le comprendre, qu’on continue de vouloir, après deux mois de «dĂ©veloppements» de la situation, lier, le dĂ©part de l’Auteur «direct» du 6 AoĂ»t avec la dĂ©mission du PrĂ©sident «dĂ©mis» par la force des armes,  «humilié» et privĂ© de libertĂ©.
Mais il est tout aussi incompréhensible qu’on propose une solution qui soit purement et simplement l’ouverture d’une nouvelle Transition. En somme le 6 Août aura gagné son pari !! Une proposition de solution doit tenir de toutes les positions pour avoir une chance d’être crédible. Et puis enfin, une «nouvelle» transition ou la suie de la suite de la précédente pourquoi faire et dans quel intérêt ? Ou plutôt, dans l’intérêt de qui ? ou de quoi ? du Pays ?
Une transition pour ĂŞtre viable doit ĂŞtre justifiĂ©e et commandĂ©e par l’intĂ©rĂŞt rĂ©el du Pays et surtout dans un climat politique « apaisĂ©  et maĂ®trisĂ© du point de vue sĂ©curitaire» 
Il semble qu’une campagne orchestrĂ©e contre Sidi dès son Ă©lection faisait partie du «processus» dĂ©clenchĂ© dès le dĂ©but du «mandat» !Sans tenir compte des motivations des uns et des autres et qui sont parfois  d’une subjectivitĂ© dĂ©solante, il faut se poser la question de savoir Ă  qui imputer le mal que Sidi a fait, ou le bien qu’il n’a pas pu faire. Est-ce Ă  Sidi qu’il faut l’imputer ou Ă  ses «Tuteurs» qui l’ont intronisĂ©  pour le prendre en «otage» pendant 15 mois ?
Ainsi donc, le premier point de la proposition  parle de la libĂ©ration conditionnelle de Sidi. On aurait pu simplement dire «libĂ©ration de Sidi pour qu’il dĂ©missionne» ! Sa  libĂ©ration semble ĂŞtre vue comme le prix de sa dĂ©mission afin de contribuer Ă  la «recherche», avec les «parties prenantes» d’une solution. Et au fond qui sont-elles ces parties prenantes ? Ainsi on y ignore royalement l’autre camp mais on ignore surtout la position de la CommunautĂ© Internationale, Ă  laquelle pourtant on demande d’accompagner le processus. Lequel des processus ? Celui qui a abouti Ă  «l’évĂ©nement» du 6 AoĂ»t ou celui qui commence par la libĂ©ration de Sidi en contre partie de sa DEMISSION !
Je pense que le CommuniquĂ© de New York, confirmĂ© par celui  d’Addis Abeba, ne laisse pas «espĂ©rer» que la CommunautĂ© Internationale «accompagne» l’un ou l’autre des deux «processus».
Les enjeux de la situation crĂ©Ă©e par le 6 AoĂ»t dĂ©passent malheureusement le cadre de la Mauritanie, pour s’inscrire dans une vision plus globale, rĂ©gionale et continentale. Cela ne peut laisser indiffĂ©rent ni les Nations Unies ni l’Occident ou  certains Pays concernĂ©s par l’avenir  et le Bien de la Mauritanie.
Je comprends qu’on soit «tenace» dans le dĂ©sir d’aboutir Ă  un objectif, mais il ne faut pas en perdre le sens de la rĂ©alitĂ© qui est «tenace»  elle aussi, et qui est diffĂ©rente du «rĂŞve». Surtout, quand chaque jour de retard pour prendre la BONNE et COURAGEUSE dĂ©cision augmente d’autant le risque pour le Pays. Pourquoi les gens ne se soucient-ils  pas de ce que l’HISTOIRE va retenir d’eux ?
En conclusion, le retour à la légalité Constitutionnelle c’est- à-dire le rétablissement
 inconditionnel de Sidi dans ses fonctions, sans aucune « tutelle» et surtout pas de ceux qui l’ont «intronisé», est une garantie ABSOLUE pour l’avenir de la DĂ©mocratie et de la stabilitĂ© dans ce Pays et dans les deux Sous-RĂ©gions  Nord et  Sud. C’est dire que la personne de Sidi se trouve «dĂ©passĂ©e» par les enjeux  gĂ©o-politiques (Drogue,Terrorisme «rĂ©el» ou «fabriqué», etc…) d’une dimension qui va au-delĂ  de la Mauritanie.
C’est peut-ĂŞtre un paradoxe que la stabilitĂ© de la faible Mauritanie commande celle des deux grands ensembles rĂ©gionaux dont elle constitue  le maillon faible et le trait d’union, et soit ainsi l’objet de l’intĂ©rĂŞt  de la CommunautĂ© Internationale unanime.
Aucun Mauritanien raisonnable ou rĂ©ellement patriote ne peut souhaiter «l’immixion» ou l’intervention dans son Pays. Mais si cela devait arriver, il faut se demander, une fois de plus, qui en sera objectivement  le responsable.    
Depuis AoĂ»t 2005, les Mauritaniens se sont vite «adaptĂ©s» et ont «goĂ»té» Ă  la libertĂ© et la DĂ©mocratie. Cela aussi, il faut en tenir compte dans l’évaluation globale de  la situation crĂ©Ă©e, Ă©valuation qui devrait aider Ă  prendre la dĂ©cision COURAGEUSE qui s’impose, qui procèderait du PATRIOTISME ET DE LA GRANDEUR  ET QUI NE DEVRAIT CERTAINEMENT PAS ETRE LE RETOUR A UNE NOUVELLE   TRANSITION!
Nouakchott le 13 octobre 2008
Mohamed Abdellahi Ould Kharchi
* Ambassadeur, ancien ministre et consultant international


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés