En désespoir de cause et à court d’arguments pour convaincre la communauté internationale de renoncer à sanctionner les auteurs du coup d’Etat contre la légalité constitutionnelle, les thuriféraires de la junte au pouvoir depuis le 06 août font aujourd’hui un chantage odieux à la souffrance du peuple mauritanien et à l’éclatement du pays !
Après avoir cherché à faire porter au FNDD et aux forces qui défendent la légalité constitutionnelle la responsabilité de sanctions éventuelles, ils soutiennent aujourd’hui, ouvertement que seules populations souffriront des sanctions et que, si ces dernières sont appliquées, elles conduiront à une somalisation de la Mauritanie.
En d’autres termes, il s’agit d’une mise en garde à la communauté internationale qu’on peut clarifier ainsi qu’il suit : «Si vous mettez en œuvre les sanctions prévues, nous affamerons le peuple d’abord, nous ouvrirons les frontières à tous les trafics ensuite et nous nous répartirons en milices rivales ensuite».
Cette mise en garde que l’on entend dans le logomachie des défenseurs du coup d’Etat a été développée par un certain Med Nacer Ould Moctar Nech dans le journal Tahalil avec cette menace à peine voilée : «La seule voie envisageable, c’est la voie de la sagesse…», « sagesse » qui signifie, dans l’entendement du prochain nommé du Conseil des ministres des putschistes, se plier à l’ordre instauré par le coup de force en tournant la page de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et organisant des élections présidentielles que gagnera le Colonel Ely Ould Med Vall, ou un autre candidat à la solde des putschistes, si le général Aziz n’est pas autorisé à se présenter. Le futur Président, lui, n’est pas susceptible de faire des vagues d’autorité. C’est soit un cousin soit un obligé et dans tous les cas, « on acceptera pour lui ce qu’on ne peut pas accepter pour le vieux Sidi » !
C’est exactement le discours que les milieux putschistes tenaient en privé et qu’ils tiennent maintenant en public.
Mais que la communauté internationale ne s’y trompe pas : la réussite de ce coup d’Etat est une catastrophe pour la Mauritanie et elle ouvrira la voie à tellement de souffrances pour le peuple mauritanien, que celui-ci est prêt à faire tous les sacrifices pour aboutir à l’objectif salutaire : bouter cette bande de conspirateurs hors du pouvoir et remettre la machine démocratique en marche.
D’ailleurs, les sanctions, surtout si elles sont ciblées, ne toucheront que les putschistes et leurs proches entourages : les interdictions de voyager ne toucheront qu’eux, car ils sont les seuls à pouvoir passer leurs vacances hors du pays et à pouvoir se soigner dans les hôpitaux étrangers. Le gel des avoirs dans les banques étrangères ne les touchera qu’eux car ils sont les seuls à avoir pillé les ressources nationales et à avoir caché les fortunes illicites ainsi accumulées à l’étranger. Le gel des transactions bancaires ne touchera que les commerçants et hommes d’affaires qui les soutiennent et blanchissent leur argent. Même le gel des projets de coopération non humanitaire ne touchera qu’eux car, ces projets-là étaient systématiquement détournés et n’avaient qu’une faible incidence sur le quotidien des citoyens. Même les emplois que généraient certains projets, ne profitaient qu’aux proches des pistonnés qui les géraient !!! Les sanctions contre la junte sont donc les bienvenues, et pourraient même aider dans l’assainissement de la vie publique en Mauritanie. Surtout si elles sont ciblées et si elles concernent d’abord les voyages et ensuite les biens, pour couper les vivres à la junte et l’obliger à se soumettre à la volonté de son peuple soutenu par la communauté internationale. Oui. Elles sont vraiment les bienvenues !
L’idéal pour notre peuple est que Ould Abdel Aziz et ses complices entendent raison, restaurent la légalité constitutionnelle et laissent le peuple mauritanien mener sa marche vers la démocratie à son rythme et suivant ses moyens. Personne ne les a mandatés pour «corriger» le Président de la République, même s’ils prétendent l’avoir «amené» (Ce qui ne veut rien dire d’ailleurs) et jamais ils ne seront acceptés comme « dirigeants » du pays.
Mais si les putschistes persistent dans leur entĂŞtement, que les sanctions pleuvent sur leur tĂŞte ; le peuple mauritanien y gagnera.
Adama Sow dit Yaya
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