Interview avec Mohamed Nacer Ould Moctar Nech, Expert-Consultant   
23/09/2018
«Nos ancêtres ont su garder le cap avec des moyens de fortune…. »
Les politiques n’ont eu de cesse d’interpeller l’opinion pour exprimer leur point de vue sur les questions actuelles. Aujourd’hui, nous discutons avec  M. Mohamed Nacer Ould Moctar Nech Ă  propos de l’actualitĂ© politique et Ă©conomique du pays et dans la perspective des futures Ă©chĂ©ances Ă©lectorales.



Tahalil : Quelle lecture faites-vous des résultats des dernières législatives, régionales et locales ?

Mohamed Nacer Moctar Nech : Cela confirme que dans l’ensemble les Mauritaniens veulent  garder le statuquo .Les Mauritaniens   ont pensĂ©   que les conditions pour un bouleversement   ne sont pas rĂ©unies.

Tahalil: Mais le PrĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz est en fin de mandat et il a confirmĂ© qu’il ne se reprĂ©sente pas ! Cela  ne risque -t-il pas prĂ©cisĂ©ment d’entrainer  un bouleversement   ?

MNOMN : Il ne faudrait pas confondre changement de personne et changement de politique. Tout semble indiquer que l’on s’achemine vers un renforcement du rĂ´le des partis au dĂ©triment du rĂ´le des groupes et des lobbies qui, d’évidence, n’ont pas servi les attentes des Mauritaniens  qui l’ ont fait savoir lors  des  dernier scrutins.

 Tahalil : Sur quoi fondez-vous ce point de vue qu’une certaine opinion conteste ?

MNOMN : En se fondant sur les arguments des uns et des autres, on peut constater que l’UPR et son fondateur , Mohamed Ould Abdel Aziz, ont mis en avant un bilan Ă©conomique et social incontestable, certes, mais le point fort des stratĂ©gies du parti et du Chef de l’Etat a consistĂ©  Ă   rassembler  et unir toutes les composantes du pays Ă  l’échelle nationale et ce,  tant au plan vertical  qu’horizontal. Cela explique  en grande partie l’adhĂ©sion massive des Ă©lecteurs Ă  cette orientation. Au-delĂ  des clivages politiques du reste tout Ă  fait naturels dans un  contexte dĂ©mocratique, les Mauritaniens restent attachĂ©s avant tout,  Ă  la stabilitĂ© de leur pays et s’opposent Ă  tout risque de dĂ©rapage de nature Ă   mettre en pĂ©ril  cette stabilitĂ©.

Tahalil : L’opposition estime que le pouvoir gouverne mal  et met en exergue  des pratiques nĂ©potistes, voire autrement qualifiables dans tous les  domaines !
MNOMN
: Très franchement, je privilĂ©gierai  un  dĂ©bat  autour des dĂ©fis  majeurs pour notre pays, Ă  savoir l’efficacitĂ© Ă©conomique des programmes sectoriels et leur impact sur les politiques de dĂ©veloppement Ă  venir. Mon expĂ©rience personnelle dans ce domaine m’amène Ă  dire que les orientations sont difficiles Ă  mettre en Ĺ“uvre depuis toujours. Ce sont les comportements ataviques  de certains acteurs  qui font que l’on a tendance  Ă  ne regrouper au sein de l’entitĂ© Ă©conomique  que des intĂ©rĂŞts exclusifs, par exemple familiaux, cela   limite   la portĂ©e  des politiques de dĂ©veloppement Ă  des effets strictement localisĂ©s et de ce fait les orientations des politiques Ă©conomiques sont inĂ©vitablement  pĂ©nalisĂ©es.

 Tahalil : Quelle apprĂ©ciation avez-vous  du bilan  Ă©conomique et social dans le pays Ă  l’issue de la dernière dĂ©cennie ?

MNOMN : Le bilan Ă©conomique et social est largement positif en dĂ©pit des insuffisances liĂ©es aux accumulations hĂ©ritĂ©es du passĂ© et aux dĂ©rapages collatĂ©raux  de certaines administrations qui n’auront pas su ou voulu accompagner les orientations politiques et Ă©conomiques.  C’est lĂ ,  l’occasion de louer la rĂ©alisation de programmes de dĂ©veloppement vitaux tels les programmes hydro-agricoles, Ă©nergĂ©tiques,  miniers et routiers, notamment. Les programmes hospitaliers et universitaires ne sont pas en reste…

Tahalil : Avez-vous des chiffres pour étayer vos appréciations ?

MNOMN : Les chiffres, de valeur inĂ©gale, du fait de la problĂ©matique liĂ©e Ă   la statistique, sont disponibles sur les sites  gouvernementaux, MF, Banque centrale,  TrĂ©sor Public,  et des partenaires au dĂ©veloppement, notamment le FMI, la Banque Mondiale. Mais au-delĂ  des chiffres, la croissance Ă©conomique est bien visible et ressentie sur la scène Ă©conomique.  Le tissu industriel commence Ă  s’étoffer considĂ©rablement  et la place financière et bancaire  connaĂ®t une expansion sans prĂ©cĂ©dent,   tout cela devrait contribuer Ă  accroĂ®tre  les Ă©changes Ă©conomiques et le financement des programmes d’investissement, notamment dans le secteur privĂ©.

Tahalil : Mais c’est sans compter sur les interférences de la donne politique, notamment dans la perspective des prochaines échéances électorales….

MNOMN :
Question cruciale, s’il en est une,  mais je ne crois pas que les Mauritaniens vont changer de fusil d’épaule en 2019 au vu des rĂ©cents dĂ©veloppements politiques. Cependant dans l’ensemble l’opposition comme la majoritĂ©,  gagneront  Ă  toujours  mieux prendre en compte  les attentes rĂ©elles  de la Mauritanie  dans le contexte  du processus dĂ©mocratique actuel.

Tahalil : Que pensez-vous de la dernière confĂ©rence du PrĂ©sident Mohamed  Ould Abdel Aziz  et estimez-vous que le prĂ©sident va solliciter un troisième mandat ?
MNOMN
: La confĂ©rence de presse  a Ă©tĂ© instructive Ă  plus d’un titre, notamment par rapport aux perspectives politiques du pays et l’engament   doctrinal  du parti UPR  pour l’unitĂ© nationale,  la stabilitĂ©  Ă©conomique et sociale, et  pour un Ă©quilibre avantageux  des comparaisons internationales.
Un point important a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©  par le PrĂ©sident me semble-t-il, c’est le rĂ´le qu’il souhaite voir attribuer  aux forces armĂ©es nationales  en tant que garant Ă  la fois de l’intĂ©gritĂ© territoriale et de la prĂ©servation de la dĂ©mocratie.
En ce qui concerne votre question sur le  mandat prĂ©sidentiel Ă  venir, mon opinion est que sous certaines conditions, dont la première est que le prĂ©sident sortant le souhaite pour lui-mĂŞme, rien n’empĂŞcherait  que  Mohamed Ould Abdel Aziz puisse se prĂ©senter Ă  sa propre succession.

Tahalil : Un dernier mot…

MNOMN : Je tiens d’abord Ă  vous remercier de l’opportunitĂ© que vous m’avez offerte pour m’exprimer dans vos colonnes  dans un contexte crucial pour notre pays et pour notre dĂ©mocratie.
En tant qu’acteur et observateur, je reste convaincu que notre pays est sur la bonne voie pour accomplir ses objectifs lĂ©gitimes de dĂ©veloppement dans un environnement international aujourd’hui chargĂ© de dĂ©fis de toute nature. Les Mauritaniens sont naturellement attachĂ©s  Ă  la paix, Ă  la stabilitĂ©. Nos ancĂŞtres ont su garder le cap avec des moyens de fortune, je ne doute pas que nous puissions   aller de l’avant avec les moyens considĂ©rables dont nous disposons aujourd’hui.
Propos recueillis par MAOB


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