Insécurité alimentaire : ROSA et SUN Mauritanie rappellent les Chefs d’Etats de l’UA leurs engagements pris à Maputo et Malabo   
29/06/2018

Dans une conférence de presse conjointe, organisée le 28 juin 2018 à Nouakchott, les responsables de ROSA et de SUN Mauritanie sont revenus largement et avec force détail sur les engagements des chefs d’Etats africains à investir 10% des dépenses publiques ...



... dans l’Agriculture pour régler la question de l’insécurité alimentaire. Mais 15 ans après, le constat reste amer. L’Afrique importe toujours la grande partie de sa nourriture.
Cette conférence de presse tenue en marge du 31e sommet de l’UA qui se déroule à Nouakchott, est une opportunité saisie par les organisateurs, pour rappeler les chefs d’Etats africains, leurs engagements pris à Maputo et Malabo. Mme Lala Aïcha Sy, Sarr Mamadou ou encore Mohamed OuldBneijara et leurs partenaires d’Oxfam Mauritanie, ont insisté sur la menace accrue de l’insécurité alimentaire en Afrique notamment en Mauritanie où des cas alarmants ont été décelés dans l’Est du pays. S’appuyant sur des données communes collectées, ces responsables ont soutenu que la malnutrition est bien présente en Mauritanie et il faut agir le plus vite possible. Même si les pouvoirs publics soutiennent que 4% ont été investis pour venir à bout de l’insécurité alimentaire, les acteurs jugent insuffisant et exigent que des mesures idoines soient prises dans l’urgence face à la menace de la famine dans le pays touchant aussi bien les populations que les animaux. Cette situation, soulignent-ils, est corolaire de l’insuffisance pluviométrique de l’année dernière. 
C’est ainsi que pour faire passer leur message, ROSA et SUN Mauritanie comptent sur la complicité de la société civile africaine qui prend part au sommet. Mais également sur les médias pour interpeller les chefs d’Etats africains sur la situation d’insécurité alimentaire qui prévaut dans certaines parties du continent.
I.Badiane

Communiqué de presse ROSA et SUN-Mauritanie


En Juillet 2003, pendant le Sommet de MAPUTO en Juin 2014 lors du Sommet de MALABO, Les Chefs d’Etats Africains s’étaient fermement engagés de faire de l’agriculture africaine une agriculture compétitive et moderne qui allait contribuer fortement à l’élimination de la faim, la réduction de la pauvreté et les inégalités.
Concrètement, les Chefs de d’Etats s’étaient solennellement engagés à :
• Consacrer au moins 10% de leurs dépenses publiques pour le développement agricole et rural, sur une période de 5 ans.
• Réduire la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire, grâce à la poursuite d’un taux de croissance agricole moyen annuelle de 6%.
• Renouveler l’engagement en faveur des principes et valeurs du PDDAA.
• Renforcer le financement des investissements dans l’agriculture (10% des ressources publiques) ;
• Eliminer la faim d’ici 2025 (doublement des niveaux actuels de productivité agricole).
• Réduire de moitié la pauvreté d’ici 2025, grâce à une croissance et une transformation inclusives de l’agriculture.
• Stimuler le commerce intra-africain des produits et services agricoles.
• Soutenir la résilience des populations en augmentant des moyens de subsistance et des systèmes de production en Afrique face aux aléas et autres risques liés au climat (au moins 30% des fermiers, éleveurs et pêcheurs résistent aux risques climatiques et météorologiques).
• Faire preuve de responsabilité mutuelle dans les actions et les résultats.
Plus d’une décennie après la déclaration de ces engagements, le Bilan sur les performances réalisées par les Etats reste mitigé.
En Juin 2013, dix ans après le Sommet de MAPUTO :
• Aucune région de l’Afrique n’avait atteint l’objectif de la Déclaration de Maputo.
• Seuls 13 pays ont consacré, au moins une année, plus de 10% de leur budget à l’agriculture : Burundi, Burkina Faso, la République du Congo, l’Éthiopie, Ghana, la Guinée, Madagascar, Malawi, Mali, Niger, Sénégal, la Zambie, et le Zimbabwe.
• Sept d’entre eux avaient consacré sur plusieurs années plus de 10% de leur budget à l’agriculture : le Burkina Faso, l’Éthiopie, Guinée, le Malawi, le Mali, le Niger, et le Sénégal.
En Juin 2018, quatre ans après le Sommet de MALABO
• L’engagement pris par les dirigeants africains de consacrer au moins 10% de leur budget national à l’agriculture n’a pas suffi pour assurer la sécurité alimentaire
• L’Afrique devra continuer à affronter les obstacles pour son développement agricole en relevant la part des ressources publiques consacrées à l’élevage, en promouvant la recherche, le développement et la qualité du ciblage de l’investissement.
Au vu du contexte décliné ci-dessus, nous Organisations signataires constatons que :
• L’insuffisance du respect des engagements pris aussi bien à MAPUTO qu’à MALABO et les pertes de ressources financières importantes associées à la corruption, aux flux financiers illicites et l’exploitation illégale des ressources naturelles, ont empêché l’agriculture africaine d’être un moteur catalyseur d’un développement qui élimine la faim, réduit la pauvreté et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
• L’Afrique continue d’importer sa nourriture exhibant une balance agricole déficitaire qui traduit globalement la faible productivité de l’agriculture africaine.
• En Afrique subsaharienne, la prévalence de la sous-alimentation semble augmenter entre 2015 et 2016, passant de 20,8% à 22,7% tandis que le nombre de personnes souffrant de la sous-alimentation est passé de 200 à 224 Millions.
Convaincus que la sécurité alimentaire et nutritionnelle est la mère des sécurités, nous organisations signataires appelons les Chefs d’Etats de l’Union Africaine à :
• Traduire immédiatement les engagements pris à MAPUTO et MALABO en actes et programmes bancables pour faire de l’agriculture africaine un moteur catalyseur d’un développement qui élimine la faim, réduit la pauvreté et l’insécurité alimentaire, menant ainsi la voie vers l’expansion des exportations.
• Mettre en œuvre l’engagement relatif à l’accès à la terre par les femmes à travers un octroi de 30% des terres aménagées.
• Arrêter le bradage, l’expropriation et l’accaparement des terres des petits producteurs africains.
• Harmoniser les outils de suivi des engagements en particulier en uniformisant la nomenclature africaine.
• Impliquer les Sociétés Civiles Africaines dans le processus d’élaboration des Budgets nationaux.
• Mettre en place au sein de la Commission de l’Union Africain et des Etats des Commissions chargées du suivi des Engagements pris à MAPUTO et à MALABO.
Fait à Nouakchott le 27 juin 2018
Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire
Forum des Organisations de la Société Civile-SUN Mauritanie




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