Nomination de l’Ivoirien Jean-Claude Brou à la présidence de commission de la Cedeao, situations du Togo, de la Guinée-Bissau et de la Gambie, intégration économique insuffisante... Jeune Afrique décrypte le communiqué final de la 52e Conférence de la Cedeao, qui ...
... s’est tenue le 16 dĂ©cembre Ă Abuja. Les chefs d’État et de gouvernement de la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont tenu samedi 16 dĂ©cembre leur 52e ConfĂ©rence Ă Abuja, au Nigeria. Une occasion de faire un point sur tous les dossiers en cours dans la rĂ©gion.
Une intĂ©gration Ă©conomique encore faible Selon le communiquĂ© final diffusĂ© par l’institution, les participants ont dĂ©plorĂ© le faible niveau du taux d’intĂ©gration Ă©conomique après plus de quarante ans d’existence de la Cedeao, et ont appelĂ© Ă l’accĂ©lĂ©ration des projets et programmes intĂ©grateurs, « aussi bien dans le domaine des infrastructures que dans le domaine plus global de l’amĂ©lioration de l’environnement des affaires et de la compĂ©titivitĂ© des entreprises ». Le projet de crĂ©ation d’une union monĂ©taire n’est par exemple qu’un lointain objectif, pour lequel la confĂ©rence a exhortĂ© les États « Ă prendre les mesures nĂ©cessaires pour le respect des principaux critères de convergence nĂ©cessaire Ă la mise en place d’une union monĂ©taire viable et crĂ©dible ». Pour la libre circulation des personnes et des biens, la ConfĂ©rence a pris note de « la persistance de barrières tarifaires et non-tarifaires ainsi que des pratiques anormales sur les corridors et les frontières des États membres ». Elle a de ce fait accĂ©dĂ© Ă la requĂŞte du prĂ©sident de la Task Force de renforcer ses prĂ©rogatives lui permettant d’effectuer des contrĂ´les inopinĂ©s pour dĂ©busquer des agents indĂ©licats et d’en faire rapport aux autoritĂ©s politiques des États membres visitĂ©s.
Le code des douanes adoptĂ© La ConfĂ©rence de la Cedeao a en revanche pu adopter le code des douanes de la Cedeao, « qui Ă©tablira un cadre juridique commun pour les procĂ©dures douanières dans tous les États membres et contribuera ainsi Ă l’amĂ©lioration de l’environnement des affaires et Ă la facilitation des Ă©changes dans l’espace Cedeao.
Des perspectives Ă©conomiques encourageantes La ConfĂ©rence s’est fĂ©licitĂ©e des bonnes perspectives en matière de croissance Ă©conomique de la rĂ©gion dont le taux de progression du PIB rĂ©el est projetĂ© Ă 2,1 % en 2017 et 3, 1 % en 2018, contre 0,2 % en 2016, principalement en raison de la reprise prĂ©vue des prix des principaux produits exportĂ©s par les États membres de la Cedeao, ainsi que de l’amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© dans les zones de production pĂ©trolière. Afin de conforter ces rĂ©sultats, la ConfĂ©rence a exhortĂ© les États membres Ă poursuivre les rĂ©formes structurelles engagĂ©es pour s’affranchir des fluctuations des cours des matières premières et permettre Ă leurs Ă©conomies d’être plus rĂ©silientes face aux chocs exogènes. En revanche, la ConfĂ©rence a exprimĂ© sa prĂ©occupation « au regard de la campagne agropastorale qui a Ă©tĂ© mitigĂ©e et de la situation alimentaire et nutritionnelle de millions de personnes dans l’espace Cedeao qui sont en besoin d’assistance » et s’est engagĂ©e « Ă mobiliser tous les efforts nĂ©cessaires dans les pays et Ă l’échelle rĂ©gionale pour venir en aide aux personnes vulnĂ©rables ».
Terrorisme : la Cedeao demande des soutiens financiers pour le G5 Sahel Si la ConfĂ©rence s’est fĂ©licitĂ©e « des rĂ©sultats positifs enregistrĂ©s par la Force multinationale mixte du Bassin du Lac Tchad dans la lutte contre Boko Haram et des avancĂ©es considĂ©rables rĂ©alisĂ©es dans l’opĂ©rationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel », elle « reste prĂ©occupĂ©e face Ă l’expansion des attaques terroristes dans la rĂ©gion ». Elle a lancĂ© un appel Ă la communautĂ© internationale pour qu’elle apporte son soutien financier au G5 Sahel. La ConfĂ©rence a encouragĂ© les États membres de la Cedeao « Ă mieux partager les renseignements et informations entre eux afin de lutter contre le terrorisme dans la rĂ©gion » et a annoncĂ© son soutien au Système d’information policière de l’Afrique de l’Ouest (Sipao), destinĂ© Ă accroĂ®tre la capacitĂ© des services de sĂ©curitĂ© Ă combattre la criminalitĂ© transnationale et le terrorisme. Migrants en Libye : « l’esclavage moderne » fermement condamnĂ© Exprimant sa « profonde indignation face aux traitements inhumains infligĂ©s aux migrants et rĂ©fugiĂ©s africains en Libye » la ConfĂ©rence « s’engage Ă travailler avec les organisations internationales partenaires pour mettre rapidement fin Ă ces pratiques barbares ». Elle soutient la demande de l’Union Africaine pour qu’une enquĂŞte internationale soit diligentĂ©e et que les auteurs de ces actes criminels soient identifiĂ©s et punis.
GuinĂ©e-Bissau : un mois pour faire respecter l’Accord de Conakry La ConfĂ©rence, qui « regrette profondĂ©ment le manque d’avancĂ©es dans le processus de paix en GuinĂ©e-Bissau », a demandĂ© aux prĂ©sidents guinĂ©en Alpha CondĂ© et togolais Faure GnassingbĂ© « de mener les consultations avec toutes les parties prenantes Ă l’Accord de Conakry dans un dĂ©lai de un mois, faute de quoi des sanctions collectives et individuelles seront appliquĂ©es Ă toutes les personnes qui entravent la mise en Ĺ“uvre de ces accords ». Togo : Faure GnassingbĂ© Ă la tribune, de nombreux manifestants dans la rue Alors que Faure GnassingbĂ©, chef de l’État togolais, assurait la prĂ©sidence de la confĂ©rence, des milliers de personnes Ă©taient Ă nouveau descendues dans les rues de LomĂ©, comme depuis plusieurs semaines, pour rĂ©clamer des rĂ©formes constitutionnelles et institutionnelles, rapporte l’AFP. La situation politique togolaise a Ă©tĂ© jugĂ©e « prĂ©occupante » par la ConfĂ©rence qui a « condamnĂ© fermement toutes les formes de violences et de dĂ©bordements » et « s’est fĂ©licite des mesures d’apaisement et de dĂ©crispation adoptĂ©es par le gouvernement togolais afin de crĂ©er un environnement propice Ă l’ouverture du dialogue national ». Les chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao ont appelĂ© les acteurs politiques togolais « Ă s’engager pleinement et dans les plus brefs dĂ©lais, dans un dialogue inclusif pour parvenir Ă la mise en Ĺ“uvre des rĂ©formes politiques ».
Au Mali, une situation « toujours prĂ©occupante » Si la ConfĂ©rence s’est rĂ©jouie de la signature d’une trĂŞve entre les belligĂ©rants, le 23 aoĂ»t 2017, les chefs d’État et de gouvernement « demeurent prĂ©occupĂ©s par la multiplication des attaques terroristes au nord et au centre du pays ». Gestion de l’après-Jammeh en Gambie La ConfĂ©rence a saluĂ© la mise en place de la Commission VĂ©ritĂ©, rĂ©conciliation et rĂ©parations (CVRR) en Gambie et a exhortĂ© Banjul « Ă veiller Ă ce que la volontĂ© de rendre justice aux victimes du rĂ©gime de l’ancien prĂ©sident Yahya Jammeh le soit dans le strict respect des lois gambiennes et des normes et principes internationaux ». Elle a en outre appelĂ© la communautĂ© internationale à « soutenir, de manière coordonnĂ©e, les efforts entrepris par le Gouvernement gambien afin d’assurer la relance Ă©conomique et la stabilitĂ© du pays ».
Élections au Liberia La ConfĂ©rence a « pris note de la convocation du corps Ă©lectoral pour le second tour de l’élection prĂ©sidentielle le 26 dĂ©cembre 2017 », et a exhortĂ© les deux candidats, George Weah et Joseph Boakai, « Ă mener une campagne pacifique et Ă ne recourir qu’aux moyens lĂ©gaux pour rĂ©gler tout Ă©ventuel diffĂ©rend Ă©lectoral ». Le communiquĂ© final diffusĂ© par la Cedeao ne mentionne pas la demande de report de l’élection dĂ©posĂ© le 14 dĂ©cembre par le parti de l’UnitĂ©, la formation de Joseph Boakai.
Un comitĂ© pour Ă©tudier la candidature de nouveaux membres Le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ayant dĂ©posĂ© des demandes d’adhĂ©sion Ă la Cedeao – le premier en qualitĂ© de membre, le deuxième en qualitĂ© de membre observateur et le dernier en qualitĂ© de membre associĂ© – la ConfĂ©rence a estimĂ© que ces diffĂ©rents dossiers « devraient ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ©s par la mise en place de cadre institutionnel appropriĂ© qui devrait constituer la base juridique de telle dĂ©cision ». Elle a dĂ©cidĂ© de mettre en place un comitĂ© de chefs d’État et de gouvernement pour superviser l’étude approfondie des implications de ces adhĂ©sions, composĂ© de reprĂ©sentants du Togo, de la CĂ´te d’Ivoire, du Ghana, de la GuinĂ©e et du Nigeria.
Jean-Claude Brou devient prĂ©sident de la Commission Lors du 48e sommet de la Cedeao, qui s’était tenu les 16 et 17 dĂ©cembre 2015 Ă Abuja, les chefs d’État et de gouvernement avaient dĂ©cidĂ© de la fin des mandats en cours des fonctionnaires statutaires pour le 28 fĂ©vrier 2018. En application de cette dĂ©cision, Jean Claude Brou, actuellement ministre de l’Industrie et des Mines de CĂ´te d’Ivoire a Ă©tĂ© nommĂ© prĂ©sident de la commission de la Cedeao, pour un mandat de quatre ans Ă compter du 1er mars 2018. Il remplace Ă ce poste le BĂ©ninois Marcel de Souza.
Prochain sommet La prochaine session ordinaire de la confĂ©rence des chefs d’État et de gouvernement aura lieu Ă LomĂ©, au Togo, en juin 2018.
Par Jeune Afrique
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