Ce qu’il faut retenir du 52e sommet de la Cedeao   
23/12/2017

Nomination de l’Ivoirien Jean-Claude Brou à la présidence de commission de la Cedeao, situations du Togo, de la Guinée-Bissau et de la Gambie, intégration économique insuffisante... Jeune Afrique décrypte le communiqué final de la 52e Conférence de la Cedeao, qui ...



 ... s’est tenue le 16 dĂ©cembre Ă  Abuja.

Les chefs d’État et de gouvernement de la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont tenu samedi 16 dĂ©cembre leur 52e ConfĂ©rence Ă  Abuja, au Nigeria. Une occasion de faire un point sur tous les dossiers en cours dans la rĂ©gion.


Une intégration économique encore faible
Selon le communiqué final diffusé par l’institution, les participants ont déploré le faible niveau du taux d’intégration économique après plus de quarante ans d’existence de la Cedeao, et ont appelé à l’accélération des projets et programmes intégrateurs, « aussi bien dans le domaine des infrastructures que dans le domaine plus global de l’amélioration de l’environnement des affaires et de la compétitivité des entreprises ».

Le projet de crĂ©ation d’une union monĂ©taire n’est par exemple qu’un lointain objectif, pour lequel la confĂ©rence a exhortĂ© les États « Ă  prendre les mesures nĂ©cessaires pour le respect des principaux critères de convergence nĂ©cessaire Ă  la mise en place d’une union monĂ©taire viable et crĂ©dible ».

Pour la libre circulation des personnes et des biens, la ConfĂ©rence a pris note de « la persistance de barrières tarifaires et non-tarifaires ainsi que des pratiques anormales sur les corridors et les frontières des États membres ». Elle a de ce fait accĂ©dĂ© Ă  la requĂŞte du prĂ©sident de la Task Force de renforcer ses prĂ©rogatives lui permettant d’effectuer des contrĂ´les inopinĂ©s pour dĂ©busquer des agents indĂ©licats et d’en faire rapport aux autoritĂ©s politiques des États membres visitĂ©s.


Le code des douanes adopté
La ConfĂ©rence de la Cedeao a en revanche pu adopter le code des douanes de la Cedeao, « qui Ă©tablira un cadre juridique commun pour les procĂ©dures douanières dans tous les États membres et contribuera ainsi Ă  l’amĂ©lioration de l’environnement des affaires et Ă  la facilitation des Ă©changes dans l’espace Cedeao.


Des perspectives Ă©conomiques encourageantes
La ConfĂ©rence s’est fĂ©licitĂ©e des bonnes perspectives en matière de croissance Ă©conomique de la rĂ©gion dont le taux de progression du PIB rĂ©el est projetĂ© Ă  2,1 % en 2017 et 3, 1 % en 2018, contre 0,2 % en 2016, principalement en raison de la reprise prĂ©vue des prix des principaux produits exportĂ©s par les États membres de la Cedeao, ainsi que de l’amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© dans les zones de production pĂ©trolière. Afin de conforter ces rĂ©sultats, la ConfĂ©rence a exhortĂ© les États membres Ă  poursuivre les rĂ©formes structurelles engagĂ©es pour s’affranchir des fluctuations des cours des matières premières et permettre Ă  leurs Ă©conomies d’être plus rĂ©silientes face aux chocs exogènes.

En revanche, la Conférence a exprimé sa préoccupation « au regard de la campagne agropastorale qui a été mitigée et de la situation alimentaire et nutritionnelle de millions de personnes dans l’espace Cedeao qui sont en besoin d’assistance » et s’est engagée « à mobiliser tous les efforts nécessaires dans les pays et à l’échelle régionale pour venir en aide aux personnes vulnérables ».


Terrorisme : la Cedeao demande des soutiens financiers pour le G5 Sahel
Si la Conférence s’est félicitée « des résultats positifs enregistrés par la Force multinationale mixte du Bassin du Lac Tchad dans la lutte contre Boko Haram et des avancées considérables réalisées dans l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel », elle « reste préoccupée face à l’expansion des attaques terroristes dans la région ». Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien financier au G5 Sahel.

La ConfĂ©rence a encouragĂ© les États membres de la Cedeao « Ă  mieux partager les renseignements et informations entre eux afin de lutter contre le terrorisme dans la rĂ©gion » et a annoncĂ© son soutien au Système d’information policière de l’Afrique de l’Ouest (Sipao), destinĂ© Ă  accroĂ®tre la capacitĂ© des services de sĂ©curitĂ© Ă  combattre la criminalitĂ© transnationale et le terrorisme.

Migrants en Libye : « l’esclavage moderne » fermement condamné
Exprimant sa « profonde indignation face aux traitements inhumains infligés aux migrants et réfugiés africains en Libye » la Conférence « s’engage à travailler avec les organisations internationales partenaires pour mettre rapidement fin à ces pratiques barbares ». Elle soutient la demande de l’Union Africaine pour qu’une enquête internationale soit diligentée et que les auteurs de ces actes criminels soient identifiés et punis.


Guinée-Bissau : un mois pour faire respecter l’Accord de Conakry
La Conférence, qui « regrette profondément le manque d’avancées dans le processus de paix en Guinée-Bissau », a demandé aux présidents guinéen Alpha Condé et togolais Faure Gnassingbé « de mener les consultations avec toutes les parties prenantes à l’Accord de Conakry dans un délai de un mois, faute de quoi des sanctions collectives et individuelles seront appliquées à toutes les personnes qui entravent la mise en œuvre de ces accords ».

Togo : Faure Gnassingbé à la tribune, de nombreux manifestants dans la rue
Alors que Faure GnassingbĂ©, chef de l’État togolais, assurait la prĂ©sidence de la confĂ©rence, des milliers de personnes Ă©taient Ă  nouveau descendues dans les rues de LomĂ©, comme depuis plusieurs semaines, pour rĂ©clamer des rĂ©formes constitutionnelles et institutionnelles, rapporte l’AFP. La situation politique togolaise a Ă©tĂ© jugĂ©e « prĂ©occupante » par la ConfĂ©rence qui a « condamnĂ© fermement toutes les formes de violences et de dĂ©bordements » et « s’est fĂ©licite des mesures d’apaisement et de dĂ©crispation adoptĂ©es par le gouvernement togolais afin de crĂ©er un environnement propice Ă  l’ouverture du dialogue national ». Les chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao ont appelĂ© les acteurs politiques togolais « Ă  s’engager pleinement et dans les plus brefs dĂ©lais, dans un dialogue inclusif pour parvenir Ă  la mise en Ĺ“uvre des rĂ©formes politiques ».


Au Mali, une situation « toujours préoccupante »
Si la ConfĂ©rence s’est rĂ©jouie de la signature d’une trĂŞve entre les belligĂ©rants, le 23 aoĂ»t 2017, les chefs d’État et de gouvernement « demeurent prĂ©occupĂ©s par la multiplication des attaques terroristes au nord et au centre du pays ».

Gestion de l’après-Jammeh en Gambie
La Conférence a salué la mise en place de la Commission Vérité, réconciliation et réparations (CVRR) en Gambie et a exhorté Banjul « à veiller à ce que la volonté de rendre justice aux victimes du régime de l’ancien président Yahya Jammeh le soit dans le strict respect des lois gambiennes et des normes et principes internationaux ». Elle a en outre appelé la communauté internationale à « soutenir, de manière coordonnée, les efforts entrepris par le Gouvernement gambien afin d’assurer la relance économique et la stabilité du pays ».


Élections au Liberia
La Conférence a « pris note de la convocation du corps électoral pour le second tour de l’élection présidentielle le 26 décembre 2017 », et a exhorté les deux candidats, George Weah et Joseph Boakai, « à mener une campagne pacifique et à ne recourir qu’aux moyens légaux pour régler tout éventuel différend électoral ». Le communiqué final diffusé par la Cedeao ne mentionne pas la demande de report de l’élection déposé le 14 décembre par le parti de l’Unité, la formation de Joseph Boakai.


Un comité pour étudier la candidature de nouveaux membres
Le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ayant dĂ©posĂ© des demandes d’adhĂ©sion Ă  la Cedeao – le premier en qualitĂ© de membre, le deuxième en qualitĂ© de membre observateur et le dernier en qualitĂ© de membre associĂ© – la ConfĂ©rence a estimĂ© que ces diffĂ©rents dossiers « devraient ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ©s par la mise en place de cadre institutionnel appropriĂ© qui devrait constituer la base juridique de telle dĂ©cision ». Elle a dĂ©cidĂ© de mettre en place un comitĂ© de chefs d’État et de gouvernement pour superviser l’étude approfondie des implications de ces adhĂ©sions, composĂ© de reprĂ©sentants du Togo, de la CĂ´te d’Ivoire, du Ghana, de la GuinĂ©e et du Nigeria.


Jean-Claude Brou devient président de la Commission
Lors du 48e sommet de la Cedeao, qui s’était tenu les 16 et 17 dĂ©cembre 2015 Ă  Abuja, les chefs d’État et de gouvernement avaient dĂ©cidĂ© de la fin des mandats en cours des fonctionnaires statutaires pour le 28 fĂ©vrier 2018. En application de cette dĂ©cision, Jean Claude Brou, actuellement ministre de l’Industrie et des Mines de CĂ´te d’Ivoire a Ă©tĂ© nommĂ© prĂ©sident de la commission de la Cedeao, pour un mandat de quatre ans Ă  compter du 1er mars 2018. Il remplace Ă  ce poste le BĂ©ninois Marcel de Souza.


Prochain sommet
La prochaine session ordinaire de la confĂ©rence des chefs d’État et de gouvernement aura lieu Ă  LomĂ©, au Togo, en juin 2018.



Par Jeune Afrique


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