Croissance et inflation en Afrique : zoom par pays et par sous-rĂ©gion, selon les chiffres de la BAD   
11/12/2017

Entre pression inflationniste, budgétaire et détérioration chronique des termes de l’échange, l’Afrique est passée par tous les états depuis fin 2014, relançant cette nécessité d’industrialiser les économies du continent. En 2016, la chute des prix des matières premières, qui représentent ...



 ... 60% des revenus publics en Afrique,n’a pas Ă©tĂ© sans consĂ©quences pour les Ă©conomies du continent.Si certains pays malgrĂ© leur forte dĂ©pendance vis-Ă -vis des matières premières, sont restĂ©s rĂ©silients, d’autres ont connu une atonie sans prĂ©cĂ©dent depuis longtemps.

 

Le dernier rapport publié par la BAD sur les perspectives économiques en Afrique en octobre dernier, a servi de tremplin pour évaluer les grandes tendances, aussi bien à l’échelle sous-régionale qu’au niveau de chaque Etat.

Selon ves chiffres, le taux de croissance de l’Afrique n’a cessé de baisser depuis 2014, s’écartant des 6,6% enregistrés en 2012. Cette dynamique effritée est corrélée négativement à la pression inflationniste, selon les observations de la Banque.

 

L’Afrique de l’ouest : Nigeria, le gâte-sauce

La croissance en Afrique de l’Ouest a chuté, passant de 6,1 % en 2014 à 0,5 % en 2016, soit la chute la plus brutale du continent. Ce déclin a été essentiellement dû à la récession au Nigéria. L’économie nigériane dont le PIB représente à lui seul, 72% de l’ensemble de l’activité économique de la CEDEAO, a été fortement affectée par la chute des cours du pétrole, la baisse de la production pétrolière, les pénuries d’énergie et de devises et le recul de la demande domestique.

La contre-performance du Nigeria a donc masqué les performances de la Côte d’Ivoire (8,4%, championne de la croissance à l’échelle mondiale), du Sénégal (6,7%), du Togo (6%) et d’autres pays de l’Uemoa.

En dehors du Libéria (-0,5%), et du Nigeria (-1,5%) qui ont connu une contraction de leur économie, les autres pays ont progressé plus que la moyenne de la sous-région (+0,5%). Mieux, sur les pays constituant l’espace d’intégration, 10 ont enregistré une croissance supérieure à 4%. La contre-performance du Nigeria a donc masqué les performances de la Côte d’Ivoire (8,4%, championne de la croissance à l’échelle mondiale), du Sénégal (6,7%), du Togo (6%) et d’autres pays de l’Uemoa.

Les pays de l’UEMOA majoritairement exportateurs de matières premières ont montré une résilience à l’image du Burkina Faso, du Togo, du Mali, de la Côte d’Ivoire et même du Sénégal.D’autre part, profitant de la politique en matière d’inflation de l’UE, l’espace dont la monnaie, le FCFA est arrimée à l’Euro, a enregistré le taux d’inflation le plus bas du continent, largement en deçà des critères de convergences de l’Uemoa.

Mais, selon la BAD, la hausse des prix à la consommation au sein de la CEDEAO a atteint à 12,8%, légèrement au-dessus de la moyenne du continent. Seuls les voisins de l’Est ont connu une augmentation aussi importante. Les pays qui contribué à ce niveau élevé sont le Nigeria (15,6%) et le Ghana (17 ,5%). Le Ghana a traversé une période trouble aucours de l’année de référence. La croissance du PIB réel a fléchi à 4%, son niveau le plus bas en deux décennies. Les raisons de ce recul sont liées aux tensions électorales, à la baisse de la demande intérieure, à la réduction de la production pétrolière et des cours du pétrole.

Cette année 2017, grâce à la reprise du Nigeria, la sous-région devrait connaitre un rebond de 2,5% selon les estimations de l’institution financière.

 
 

L’Afrique de l’Est : la locomotive en perte de vitesse

La sous-région enregistre à nouveau l’accélération la plus rapide du continent, comme les trois années précédentes. Bien que qu’il y ait eu une légère baisse, l’Afrique l’Est s’en sort avec la progression honorable de 5,1%.

Cette croissance est portée par l’Ethiopie, une des locomotives depuis le début des années 2000, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie.

Les vecteurs de cette dynamique sont divers. Si au Kenya et en Ethiopie, ce sont les investissements dans les infrastructures et la demande intérieure qui ont impulsé cette performance, au Rwanda, c’est plutôt le secteur agricole et celui des services.

Dans le même temps, la région affiche le plus fort taux d’inflation.

 

Afrique australe : la sécheresse et la chute des prix des matières premières

En Afrique australe, la croissance est passée de 1,6 % en 2015 à 0,9 % en 2016, marquée par la forte décélération de l’activité économique en Afrique du Sud (+0,3) et la stagnation en Angola (0%). La nation arc-en-ciel, de loin la plus grande économie de la sous-région et grand exportateur, a été perturbé par la faiblesse des prix des produits de base, la sécheresse et la pénurie d’électricité, le resserrement des conditions financières et la faible confiance des entreprises et des consommateurs.

En Afrique australe, la croissance est passée de 1,6 % en 2015 à 0,9 % en 2016, marquée par la forte décélération de l’activité économique en Afrique du Sud (+0,3) et la stagnation en Angola (0%).

L’Angola, deuxième d’Afrique australe et deuxième producteur de pétroleen Afrique a souffert de ce qu’il convient de qualifier de syndrome hollandais.

La dynamique économie du Mozambique (3,8 %)a été quelque peu ralentie par le feuilleton des dettes cachées.
Quant au miracle mauricien, il continue, porté par l’augmentation des dépenses publiques qui a contribué à la hausse des dépenses de consommation finale. La Zambie semble également présenter un profil de croissance tout à fait résilient malgré la forte pression inflationniste et son niveau d’endettement public inquiétant.

L’inflation moyenne de la sous-région a franchi la barre des 10%. Si la grande majorité des pays a réussi à contrôler la hausse des prix, l’Angola (30%), la Zambie (18%), ont enregistré une envolée des prix. Leurs monnaies (le kwanza et kwacha), ne sont pas restées à l’abri de cette situation.

 

L’Afrique centrale : une longue convalescence

En 2016, la croissance a ralenti en Afrique centrale, passant de 3,1 % en 2015 à 0,4 % en 2016. Le Cameroun (+4,7%) est resté résilient malgré la baisse des revenus du pétrole. Le Gabon fortement dépendant du brut, s’en est tout de même sorti avec une progression modeste de 2,1%. Au Tchad, la taille de l’économie a diminué de plus de 6% dans la mesure où l’économie a été frappée par la réduction des dépenses et les problèmes de sécurité. La République du Congo régresse de 2,5%, malgré la mise en exploitation des nouveaux gisements de pétrole. En Guinée équatoriale, l’économie a continué de décroître en 2016, en raison de la baisse de la production pétrolière et des cours du pétrole, ainsi que le ralentissement de l’investissement public.

Comme les pays de l’Uemoa, la Cemac a également bénéficié de la solidité de l’euro. Le taux d’inflation dans cette zone d’intégration est resté assez faible.

La République Démocratique du Congo quant à elle, affiche une croissance de 2,4% et une inflation de 6,9%, le taux le plus élevé de la sous-région.

La moyenne de cette sous-région en termes de hausse des prix à la consommation est de 2,4%. Comme les pays de l’Uemoa, la Cemac a également bénéficié de la solidité de l’euro. Le taux d’inflation dans cette zone d’intégration est resté assez faible.


Afrique du Nord : spasme passager

En Afrique du Nord, la croissance du PIB est retombĂ©e Ă  3,1% en 2016, freinĂ©e par le ralentissement en AlgĂ©rie, en Égypte et au Maroc.

La faiblesse des prix du pétrole a plombé l’investissement public et la consommation privée en Algérie. La croissance de l’économie algérienne pressée par une légère hausse des prix a atteint 3,3%.

Le Maroc a été touché par la sécheresse qui a frappé l’agriculture et par le recul de la consommation privée et des dépenses publiques.

L’Égypte a Ă©tĂ© affectĂ©e par le recul de l’activitĂ© touristique, la diminution des recettes en devises et une crise Ă©conomique. Quelques signes d’inflation ont Ă©tĂ© observĂ©s dans le pays des Pharaons.

Le Maroc a été touché par la sécheresse qui a frappé l’agriculture et par le recul de la consommation privée et des dépenses publiques.En Tunisie, la baisse chronique de l’activité a continué, sous l’effet de l’inflation qui s’est envolée.

Globalement, l’inflation moyenne de la sous-région s’est installée dans le sillage de 8%.







 
(Ecofin Hebdo)



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