Opinion libre : Ahmed Ould Daddah, l’homme des rendez-vous manqués avec l’histoire   
12/09/2008

Ahmed Ould Daddah manque toujours ses rendez-vous avec l’histoire. C’est comme s’il en a fait serment devant l’éternel. Jugez-en vous-mêmes : En 1992, il s’est présenté aux élections présidentielles contre Ould Taya et a obtenu que l’opposition, toute l’opposition, se rassemble derrière sa candidature.Il obtient alors près de 35% des voix, score inattendu dans le contexte qui prévalait.



Mais au lieu de s’employer à valoriser ce score pour les législatives et à se comporter en chef d’une opposition parlementaire crédible, il contesta les élections, tenta de faire bouger la rue et s’employa à diviser l’opposition notamment en oeuvrant pour le boycott des législatives et en semant la zizanie au sein des troupes. Al Hor, le MND…tous le quittèrent et l’UFD-ère nouvelle qu’il a créé devint un parti très personnalisé..  S’il avait agi différemment, il aurait été élu président six ans plus tard, en 1997.
 En 2003, lorsque Salah Ould Hanenna a tenté de prendre le pouvoir dans le sang, il tergiversa tellement que personne ne comprit son attitude et que son adversaire, Ould Taya, en sortit renforcé du soutien de la communauté nationale et internationale, hostile à toute prise de pouvoir par la force.
 En 2005, lorsque ses aides de camp et son chef des renseignements ont renversé Ould Taya qui se préparait, soit dit en passant à mettre en Å“uvre les réformes proposées par les journées de concertation du RDU, Ould Daddah s’est empressé de soutenir les putschistes, croyant son heure arrivée sur la main d’Ely et de Aziz. Mal lui en prit : les putschistes utilisèrent son soutien pour se faire accepter par la communauté internationale, avant de lui préférer Sidi Ould Cheikh Abdallahi « qui rassure ». S’il avait condamné le putsch, il aurait créé un courant d’opposition tellement fort, qu’il aurait été imbattable aux élections de 2007. Mais, il a manqué, encore une fois, d’intelligence de l’histoire.
 Et comme frappé d’amnésie, le voilà en 2007 qui soutient, encore une fois, le putsch des mêmes aides de camp de Maaouya contre Sidioca, qu’ils ont renversé après qu’il les ait limogés dans un geste héroïque. Ahmed croyait tellement que cette fois c’était la bonne, qu’il a oublié que les Aziz et consorts l’avaient floué quelques mois plus tôt. S’il avait condamné le putsch, il serait aujourd’hui à la tête de la résistance à l’arbitraire, la force de l’avenir dans ce pays et il serait détenteur d’une part importante de la légitimité ; comme Ould Waghf, comme Messaoud, comme M’Baré.
Mais voilà, il a manqué encore une fois ce rendez-vous avec l’histoire. Deux fois d’ailleurs en quelques semaines car, maintenant qu’il s’est rendu compte que les putschistes l’ont trompé, il n’est même pas capable de franchir le rubicond et de se racheter de sa position incroyable. Au lieu de rallier le FNDD, seule position qui soit proportionnelle à la forfaiture de la junte, il tergiverse et s’embrouille dans les propositions de solutions équivoques : Une transition sans Sidi et sans les militaires…  taillée sur lui, en d’autres termes. Ses députés boycottent les séances des parlementaires militarisés, tout en clamant qu’ils restent dans leur processus…Du n’importe quoi !!!
Sacré Ahmed ! Tu as manqué ta vocation : être un citoyen lambda, anonyme ! Car à force de manquer tes rendez-vous avec l’histoire, l’histoire te pose un gros lapin. Ne serait-ce que pour venger les multiples occasions qu’elle t’a données et que tu as ratées.
 
Un conseil. Si tu veux avoir encore une seule chance de figurer sur l’échiquier politique national, rejoins le FNDD sur sa position de principe – et du reste celle de la communauté nationale et internationale tout entière: retour de Sidi aux affaires, reprise du processus politique normal et le reste suivra : apaisement politique-fin de mandat-élections ou poursuite de la crise-élections anticipées -et peut-être démission du Président…Sacré Ahmed Ould Daddah !!!Il n’y a pas de solution démocratique avec les militaires au pouvoir et les putschs, toi, ils ne te réussissent pas : Leurs auteurs veulent toujours la présidence et toi tu ne veux qu’elle. Alors, ta seule chance, c’est des élections. Sans les putschistes !
 
Adama Sow dit Yaya


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