Un atelier sur les études juridique et sociologique pour lutter contre les mutilations génitales féminines (MGF) a été organisé du 15 au 16 septembre 2017 par l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH). Cet atelier vise à valider les deux études faites ...
... tout en explorant les différentes pistes nécessaires en vue de mettre fin à la pratique des MGF en Mauritanie. D’emblée, Mr Amadou Mbow, Secrétaire Général de l’AMDH, a souligné l’importance pour son organisation, d’engager cette lutte contre les MGF, en dépit des efforts déployés par les organisations de la société civile (OSC) aux côtés de l’Etats en ce sens que la pratique des MGF demeure encore dans les contrées les plus reculées du pays. Il a précisé en outre que le projet « Amélioration de la protection juridique des filles contre les pratiques traditionnelles nuisibles en l’occurrence les MGF à travers l’utilisation de la loi et des mécanismes juridiques » a été initié par Equality Now et exécuté par l’AMDH. Ce projet, poursuit-il, dure 17 mois et aborde deux axes majeurs : l’étude juridique et l’étude sociologique. Pour sa part, Mme Fatma Mint Soueid Ahmed, responsable de la cellule MGF à l’Unicef, a souligné qu’il n’y a pas encore de loi spécifique contre les MGF mais le processus est en cours pour la mettre en place, en plus de l’ordonnance 015/2015 portant sur la protection de l’enfant. « Ce que nous voulons, c’est prévenir en amont au lieu de faire appel à la loi » a-t-elle dit. Elle a en outre indiqué que l’Unicef travaille beaucoup dans ce domaine et accompagne le gouvernement et les OSC dans leurs efforts de lutte contre cette pratique. « L’Unicef est en train de mettre en place une stratégie de protection civile en intégrant bien sûr les MGF », a-t-elle soutenu non sans saluer les efforts déployés par l’AMDH pour contribuer à mettre fin aux pratiques des MGF.
De son côté, Mme Mariem Mint Ely Beiba, représentante du MASEF, a indiqué qu’il existe une cellule de coordination pour la lutte contre les violences basées sur le genre (VGB) dont les MGF au niveau de son Ministère. Et par conséquent, elle s’engage à être le porte-parole de l’AMDH auprès de son Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF). Elle a en outre salué les efforts de l’AMDH visant à contribuer à mettre fin aux pratiques des MGF. Après l’échange de discours, le Pr Abdoulaye Sow, enseignant chercheur en science sociale et coordinateur du centre interdisciplinaire sur les droits culturels à l’université de Nouakchott, animateur de l’atelier et réalisateur de l’étude sociologique a présenté succinctement le contexte des deux études. Il a fait le résumé de ces études en mettant l’accent sur les recommandations. Parmi celles-ci, on peut citer l’instauration d’un centre d’écoute permettant la libération de la parole face aux cas dramatiques nés de la pratique des MGF, sensibiliser les femmes et les communautés sur les dangers de la pratique des MGF et sur les vertus de son abandon mais également former et impliquer les journalistes dans la lutte contre la pratique. Il a en outre souligné qu’il faut faire comprendre aux pratiquants que cette pratique est une violation des droits de la femme. Pour ce faire, il faut amener les chefs traditionnels, les intellectuels et les cadres issus des communautés culturelles à déclarer au renoncement de la pratique des MGF. Le Pr Sow Samba a surtout insisté sur la déconstruction des arguments culturels qui justifient et légitiment la pratique des MGF dans l’imaginaire des populations et des lycéennes afin de casser la transmission de cette pratique attentatoire à la dignité de la femme. L’étude juridique, elle, a mis l’accent sur l’amélioration de la législation et de la réglementation des MGF en proposant des éléments relatifs à l’élaboration d’une nouvelle loi en l’assignant d’objectifs clairs et en impliquant les différentes parties prenantes. Des groupes de travail ont été constitués pour retravailler sur la stratégie de lutte contre les MGF et sur les recommandations. Ces travaux ont été sanctionnés par des restitutions importantes issues de ces derniers. Aux termes des travaux de l’atelier, Me Fatimata Mbaye a tenu à remercier le Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) à travers sa représentante, les participants notamment ceux venus de l’intérieur, les organisations internationales (Unicef, Union Européenne, Haut commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, le HCR …), mais surtout, le consultant le Pr Sow Abdoulaye pour l’excellente présentation des études réalisées. Cet atelier de validation, a-t-elle dit, sera restitué à l’intérieur du pays à travers les antennes de l’AMDH. Elle a remercié particulièrement le partenaire Equality Now qui a initié ce projet qui permettra, à coup sûr, de mettre fin aux pratiques des MGF. Me Mbaye a souligné que son organisation reste ouverte pour toute question touchant les droits humains et particulièrement celle consistant à mettre un terme aux pratiques traditionnelles des MGF. Ibou Badiane
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