Pélerinage annuel de Nimzatt : Dans la fidélité à l’esprit de Cheikhna Cheikh Saad Bouh   
25/06/2017

Nimzatt en République islamique de Mauritanie, lieu de prières aux pieds de Cheikhna Cheikh Saad Bouh (1848-1917), est, présentement, le point de convergence de plusieurs milliers de Khadres du Sénégal et de la sous-région. Comme par le passé, les fidèles viennent...



 ... consolider leur foi et leur appartenance à la Fadiliya. Dans une cité noire de monde, ils glorifient Dieu et rendent hommage au Meilleur de tous, le Prophète Mouhamad (Psl). Et à Salihina, le caveau des Saints, les pèlerins viennent, dans la prière et la méditation, confier leurs soucis existentialistes à Dieu, le Maître des mondes.

Le pèlerinage annuel de Nimzatt est donc ce grand événement religieux pour lequel des milliers de fidèles viennent, pendant plusieurs jours, exalter Dieu. Et durant ces moments, une localité si calme va s’animer mieux qu’une fourmilière éclatée. Une image portant tout son sens, tant le déferlement des fidèles est frappant. De partout, ils viennent se recueillir au mausolée de Cheikhna Cheikh Saadbouh qui, avant sa disparition, pria son Seigneur pour que son tombeau soit, à l’image de la Kaaba, un lieu de rémission des péchés et d’exaucement des vœux. Cette prière est, sans conteste, accordé car le temps du pèlerinage, Nimzatt charrie des grâces dont profitent les milliers de fidèles venus raviver leur foi, mais aussi les innombrables prestataires de services (transporteurs, restaurateurs et vendeurs), vrais acteurs d’une foire aux affaires.

C’est d’abord la densité de la circulation sur les principaux axes menant à Nimzatt que l’on remarque. En plus des véhicules particuliers, les transports en commun et même les poids lourds prennent la direction de cette cité sainte. Sous la force de la ruée du mardi 20 juin, mais surtout le vendredi 23 juin, la grande masse est déjà venue. Alors, plus une maison sans hôtes du pèlerinage. Les vérandas, les cours et même les rues sont squattées. Çà et là, des matelas mousse sont étalés à même le sol, à côté des nattes fabriquées à partir de matériaux locaux.

Un peu partout, de grandes marmites, juchées sur de gros cailloux, sont léchées par les flammes de feux alimentés par du bois de chauffe. Tout cela, pour faire manger les pèlerins. Partout la fumée s’élève, pique les yeux, vicie la respiration. Donc, c’est l’affluence des grands jours à Nimzatt où des milliers de fidèles, en provenance de toutes les parties du Sénégal, des pays voisins, de la France, de l’Espagne, d’Italie et des Etats-Unis, se retrouvent pour satisfaire à une volonté de Cheikhna Cheikh Saad Bouh qui, de son vivant, a toujours cherché à retremper ses disciples dans la foi.

Voilà l’objectif de cette rencontre qui mêle sur cette terre de foi qu’est Nimzatt des hommes et des femmes en quête de nourritures spirituelles. Et dans une cité de Cheikhna Cheikh Saad Bouh envahie par les croyants, l’actuel Khalife général des Khadres, Cheikhna Cheikh Aya, va délivrer le message de la foi. De cette foi qui est espoir pour les pèlerins venus confier leurs attentes et angoisses à ces proches de Dieu que sont Cheikhna Cheikh Saad Bouh et ses descendants. Le pèlerinage de cette année est exceptionnel puisqu’il marque le centenaire de la disparition (1917) de Cheikhna Cheikh Saad Bouh dont la commémoration va se décliner sous la forme d’un symposium international et d’un colloque organisés conjointement avec le département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). 

Cheikhna Cheikh Saad Bouh, né en 1848 dans le Hodh mauritanien, a été initié aux différentes branches des savoirs religieux par son père Mouhamad Fadel, fondateur éponyme de la branche Fadiliya de la confrérie soufie de la Khadriya. Très jeune, il fait montre d’une maîtrise des règles du droit islamique de la mystique soufie tout en restant « fidèle aux enseignements de son maître ». Il entame « une vaste pérégrination qui le mène d’abord à Saint-Louis, alors capitale de la colonie du Sénégal, puis en Mauritanie, précisément au Trarza, à Touizikht dans l’Inchiri plus tard, avant de s’installer à Nimzath ». 

Cette cité religieuse « devient la base à partir de laquelle il construisit un réseau confrérique qui rayonna de l’Adrar (Mauritanie) à la Moyenne Casamance, en passant par Saint-Louis, enveloppant toute la vallée du fleuve Sénégal, le bassin arachidier en pleine expansion. « Nimzath, le foyer religieux d’où il est rappelé à Dieu en 1917, est donc « un lieu de pèlerinage qui réunit chaque année ses disciples de la Mauritanie et du Sénégal qui perpétuent un des apports majeurs de la Fadiliya à l’expression des cultures populaires islamiques dans l’espace urbain colonial : le chant religieux au son des «tabalas» (tambours maures) ».

De notre envoyé spécial Cheikh Aliou AMATH

lesoleil.sn


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