Donald Trump embarrasse Washington en mettant en cause le Qatar   
07/06/2017

Dans la crise qui oppose l’Arabie saoudite et le Qatar, le président a pris mardi matin le parti de Riyad, avant de se raviser et d’appeler à l’unité. L’administration américaine aurait sans doute préféré que Donald Trump se contente de houspiller la presse sur Twitter, mardi...



... matin 6 juin. Alors que le dĂ©partement d’Etat a fait savoir officiellement que les États-Unis espĂ©rent que la crise qui oppose l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et leurs obligĂ©s au Qatar soit rĂ©glĂ©e par la diplomatie, le prĂ©sident a pris nettement parti pour Riyad et Abou Dhabi.
« Au cours de mon récent voyage au Moyen-Orient, j’ai déclaré qu’il ne pouvait plus avoir de financement pour l’Idéologie Radicale. Les dirigeants ont désigné le Qatar - Voyez ! », a écrit M. Trump sur le réseau social en soutenant sans la moindre nuance des accusations saoudiennes et émiraties exprimées de longue date à l’encontre de Doha.


Circonspection Ă  Washington
La veille, l’ambassadrice américaine au Qatar, Dana Shell Smith, une diplomate de carrière en poste depuis 2014, avait répondu à sa manière aux accusations de Riyad et d’Abou Dhabi en republiant sur Twitter deux messages datant d’octobre 2016 soulignant les efforts de l’émirat dans la lutte contre le financement du djihadisme.

Doha est partie prenant de la coalition mise sur pied par le prédécesseur de M. Trump, Barack Obama, pour lutter contre l’organisation Etat islamique (EI). Le Qatar héberge surtout une importante base aérienne américaine à Al-Udeid, centrale pour l’organisation des raids contre l’EI. Ironie de l’histoire : les forces américaines s’y sont installées après avoir quitté l’Arabie saoudite en 2003.
Interrogé dans les couloirs du Congrès alors qu’il n’avait pas encore pris connaissance du message, le président républicain de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, est resté médusé.
Le message du président a laissé circonspect le Pentagone. « Je ne peux vous être d’aucune aide », a répondu son porte-parole, Jeff Davis, aux questions des journalistes au cours d’une conférence de presse. Il a ajouté toutefois qu’« au niveau des opérations militaires », la crise « n’a pas eu d’impact » pour l’armée américaine. « Nous continuons d’être reconnaissants aux Qataris pour leur soutien de longue date à notre présence et nous n’avons pas de projet de changer notre position au Qatar », a-t-il conclu.


Les Etats-Unis veulent une « désescalade » rapide, assure Spicer
Tout en estimant que les messages sur Twitter de M. Trump avaient la mĂŞme valeur qu’un communiquĂ© officiel de la Maison Blanche « parce qu’il est le prĂ©sident des Etats-Unis », son porte-parole, Sean Spicer, a indiquĂ© pour sa part que les États-Unis souhaitent une « dĂ©sescalade » rapide et un rĂ©tablissement d’une « coopĂ©ration » rĂ©gionale jugĂ©e indispensable. Il a ajoutĂ© que le prĂ©sident avait Ă©tĂ© ravi de l’entretien qu’il avait pu avoir avec l’émir du Qatar, le cheikh Tamim Al-Thani, lors du sommet rĂ©gional organisĂ© Ă  Riyad, le 21 mai. Au terme d’une conversation tĂ©lĂ©phonique avec le roi d’Arabie saoudite Salman ben Abdelaziz Al-Saoud, dans l’après-midi, M. Trump a semblĂ© revenir sur sa rhĂ©torique matinale en appelant Ă  son tour Ă  l’unitĂ© des pays du Golfe.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis reprochent au Qatar son positionnement rĂ©gional, Ă  la fois sa modĂ©ration vis-Ă -vis de l’Iran, qui partage avec l’émirat un important gisement gazier offshore, et son soutien Ă  l’organisation des Frères musulmans. Des Ă©lus rĂ©publicains du Congrès souhaitent Ă©galement que ce mouvement prĂ©sent dans de nombreux pays de la rĂ©gion soit inscrit sur la liste noire amĂ©ricaine des organisations terroristes.
Depuis son adoption en 2016, une loi, le Justice Against Sponsors of Terrorism Act, vise pourtant directement l’Arabie saoudite. Elle permet Ă  des cours fĂ©dĂ©rales amĂ©ricaines de poursuivre des États Ă©trangers liĂ©s Ă  des actes terroristes. L’objectif affichĂ© est de permettre Ă  des familles de victimes du 11-Septembre de se tourner contre Riyad. Quinze des dix-neuf kamikazes impliquĂ©s dans ces attaques Ă©taient en effet de nationalitĂ© saoudienne.




LE MONDE


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