ABA ROLI/AMDH : Formation des parajuristes sur l’assistance aux victimes d’esclavage et des pratiques esclavagistes   
26/03/2017

L’Association du Barreau Américain, Rule Of Law Initiative (ABA ROLI), a organisé du 24 au 26 mars 2017 à Nouakchott,  en partenariat avec l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), une session de formation au profit des parajuristes sur ...



... l’assistance aux victimes d’esclavage et des pratiques esclavagistes. Une vingtaine de participants venus de Néma, Nouadhibou et Nouakchott ont pris part à cette importante formation qui vise à «renforcer la capacité de la société civile, à éduquer et à aider les populations marginalisées en ce qui concerne leurs droits et devoirs civiques».
Le directeur d’ABA ROLI en Mauritanie, Mr Axel Etoundi, a souligné à l’occasion de cet atelier, qu’il est question de «favoriser le développement d’une société civile mauritanienne mobilisée et capable de travailler ensemble pour promouvoir l’égalité et l’inclusion sociales et d’apporter une réponse intégrée aux facteurs juridiques, sociaux et culturels qui contribuent à la marginalisation, en mettant particulièrement l’accent sur les droits civils des rapatriés, des apatrides et des victimes actuelles ou anciennes de l’esclavage». Selon les organisateurs, cette activité s’inscrit dans une optique de démarginalisation par le droit qui se définit comme « un processus de changement systémique à travers lequel les pauvres et les exclus acquièrent la capacité de faire usage de la loi, du système légal et des services juridiques pour protéger et faire valoir leurs droits et leurs intérêts en tant que citoyens ». Il s’agit donc d’œuvrer pour «garantir à chacun une identité légale et utiliser l’alphabétisation ou la sensibilisation juridique comme porte ouverte sur l’accès et la participation » a-t-il souligné. Mieux, cette formation permettra aux participants, «d’identifier et d’éliminer les contraintes juridiques et institutionnelles qui empêchent les pauvres et les groupes marginalisés d’accéder aux droits pour améliorer leur vie et leurs moyens d’existence et les exercer » en soutenant bien sûr, « la mise en œuvre effective de lois efficaces ».
En clair, cette formation permettra aux participants d’être susceptibles de procéder à l’identification, la documentation et la rédaction de rapports sur les cas liés à l’esclavage et pratiques esclavagistes. Mais surtout d’outiller les parajuristes communautaires en matière de connaissance et de compréhension de la problématique liée à l’esclavage et pratiques assimilées, notamment l’amélioration de leurs connaissances sur les mécanismes juridictionnels relatifs à l’esclavage et aux pratiques esclavagistes. Tout comme les parajuristes seront dotés de techniques de mobilisation des communautés  et renforcés sur les procédés d’identification et de documentation de cas sur l’esclavage et les pratiques esclavagistes ainsi que l’élaboration des pistes d’accompagnement des victimes de ces pratiques.
Pour sa part, Mr Déthie Sall, représentant du Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme en Mauritanie, il a évoqué les progrès importants réalisés par la Mauritanie pour harmoniser la législation nationale avec les engagements internationaux en matière de droits de l’homme et ce, par « une modification substantielle de ses normes nationales internes en la matière et par son désir d’une application effective de l’interdiction de l’esclavage en créant des cours criminelles spécialisées pour lutter contre l’esclavage ». Toutefois, il a souligné la nécessité pour ces cours criminelles spécialisées, de « fonctionner de façon effective » en traitant « toutes les affaires qui leur sont soumises dans un délais raisonnable». Et cela doit se « reposer seulement sur les juges et les autres acteurs judiciaires tels que les officiers de police judiciaire, les juges d’instruction et les procureurs » tout en incluant les parajuristes « dans la responsabilité d’appliquer la loi aux cas individuels …».
Quant à Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH, elle a souligné que «cette formation rentre dans le cadre du renforcement des capacités des organisations de la société civile mauritanienne qui luttent contre l’esclavage et ses séquelles ». Selon Me Mbaye, « l’AMDH fait de la lutte contre l’esclavage une de ses priorités et rentre dans sa mission de protection des droits de l’homme et de consacrer sa dignité ». Cette formation, a-t-elle ajouté, « permettra de renforcer les capacités des parajuristes dont le rôle sera d’accompagner, d’identifier mais aussi d’orienter les potentielles victimes d’esclavage et les avocats qui vont les défendre, vers les cours et tribunaux spécialisés pour la lutte contre l’esclavage et devant les juridictions spécialisées compétentes ». Selon la présidente de l’AMDH, cette formation est donc une « continuité de partenariat » entre l’AMDH et ABA ROLI qui va l’accompagner durant 7 mois pour «mettre une feuille de route, un maping dans les zones où nous avons des cas stratégiques qui nous permettront de ficeler des dossiers de lutte contre l’esclavage ». Mais aussi, ce sera une opportunité «d’insister sur la mise en application des lois votées et mises en place par l’Etat mauritanien ainsi que les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie dans le cadre de la lutte contre l’esclavage » a-t-elle poursuivi. Me Mbaye a en outre indiqué qu’avec la mise en place de l’arsenal juridique pour lutter contre l’esclavage et ses séquelles et les amendements qui s’en ont suivi, « on s’achemine vers l’éradication de ce phénomène en Mauritanie ».
Enfin, s’exprimant à l’ouverture de cet atelier, Mme Lisa K. Washington-Sow, chargée des programmes USAID en Mauritanie, a indiqué que les Etats-Unis soutiennent l’Etat de la Mauritanie et ABA ROLI dans la lutte contre l’esclavage et ses séquelles. « C’est une priorité de l’Ambassade des Etats Unis en Mauritanie qui soutient et appuie pleinement cette formation des parajuristes qui vont apporter une assistance des personnes victimes d’esclavage et ses séquelles ».
Durant ces trois jours, les parajuristes ont acquis des connaissances en matière de mécanismes juridictionnels sur l’esclavage et les pratiques esclavagistes. Mais également ils ont été dotés de compétences d’écoute et de mobilisation des communautés. A l’issue de cette formation, les parajuristes sortent donc susceptibles d’identifier et de documenter les cas et les situations liés à l’esclavage et les pratiques esclavagistes. Tout comme ils maîtrisent les techniques et outils d’accompagnement des victimes d’esclavage.
I.Badiane


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